Chapitre 8

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Jour de gaité, jour d'aventure. Aujourd'hui même, le bataillon d'exploration s'envolait vers de nouveaux horizons.
Tant attendus, désirés, rêvés, et finalement, au centre de tous les esprits, détenteurs de tous les regards et espérances, avec l'agitation qui les engorgeait, les soldats traversèrent fièrement la porte qui les gardait du monde et du danger.

Leurs cœurs se soulevèrent et le silence les engloba lorsque l'escadron s'exalta des alentours au penchant inconnu. Ils n'avaient plus les mots pour parler de cela, ni le souffle. Rien n'était pareille, à chaque coup d'œil ici et là, le décor changeait. Et puis, pour l'instant, aucun de ces monstrueux titans n'étaient en vu. Alors c'était plus une paisible promenade qu'une expédition.

- Dingue ! Dingue, dingue, dingue !
- C'est bon Gab, on a compris.
- Tu veux bien te rassoir ?
La jeune fille hésita avant de retrouver une place adéquate sur sa monture. Elle était surexcitée, elle était libre.
- Mais vous ne trouvez pas ça dingue ?
- Oh si, si, certes, mais évite de mourir maintenant.
- T'es rabat-joie Charlie, dit Gabrielle avec exasperation.
- Je dirais simplement chiant, déclara Jean en s'immisçant dans la conversation.
- Casse toi Jean.
Ana et Gabrielle se regardèrent lentement, assez surprises du comportement de leur ami. Rarement elles avaient eu l'occasion de le voir ainsi.
- Charlie, est-ce que tu vas bien ?
- Roh..!
Sans un mot de plus, si l'on peut appeler ça un mot, il décrocha un coup de pied dans le flanc de son cheval et partit brusquement devant.
- Merde, y a vraiment quelque chose qui le travaille.
- Il est surtout susceptible, oui.
- Peut-être, mais n'empêche, je ne comprend pas ce qui pourrait le vexer.
- Ni pensez pas les filles, déclara Conny en s'approchant d'elles, il a reçut une lettre de ses parents, ils ont beaucoup de soucis, je crois. Ça traquasse pas mal Charlie.
- Il m'inquiète.
- il n'y a pas de raison , et le mieux, c'est de ne pas y parler. Et puis...
- Un Titan !
Christa avait hurler à s'en brûler les poumons, tendant son bras droit vers le côté gauche de la plaine.
Et son crie n'avait pas été exagéré. La créature qui s'approchait de eux était terrible, gigantesque. Il arborait un sourire démoniaque et ses yeux hurlaient famine. Gabrielle aperçut le major communiquer des ordres à son caporal-chef, et quelque part, elle se sentait en sécurité.
Mais de courte durée seulement, car le titan se ruait vers eux et personne n'intervenait.

Alors Gabrielle sauta de son cheval, se propulsa aisément sur le dos du monstre et lui trancha minutieusement, en y prenant le plus de plaisir possible, une partie de sa nuque . Le soldat se reposa au sol comme un ange déchu tandis que l'être répugnant s'écrasa sur la terre en faisant trembler cailloux et chevaux. 
Tout de même, la jeune femme se sentait étrange, tout cela avait été si rapide, naturel. Personne n'avait vraiment paniqué, comme si cet instant avait été programmé à l'avance.

- Rien à redire Johnson, tu as agit comme personne et je suis admiratif.
Elle salua gracieusement Smith, mais restait tétanisée par ces pensée.
- Bien, nous allons nous séparer en trois groupe, l'équipe A avec moi, la B avec Hanji et la C avec Rivaille. Nous  resterons en contact en utilisant les fusées, mais je compte sur vous pour obéir. Et pour revenir en vie et entier.
La dernière phrase était fausse, le major le savait pertinemment. Combien de jeunes recrues mouraient lors des expéditions, et d'anciennes ? Les pertes du bataillon étaient sans cesse lourdes.

L'escouade C dirigée par le capitaine rassemblait Charlie, Gabrielle et les autres. Elle était mouvementée et largement animée, ce qui devait vraiment énerver Rivaille. Mais il savait y faire, lançant quelque fois un généreux « ferme la » très claire. Il n'y avait pas à dire, dialectiquement, il battait tout le monde.
Donc, lui et ses gamins trottaient sans vraiment se malmener. Avoir Rivaille comme chef d'équipe revenait à ne jamais avoir de tête à tête avec un titan. Il se les gardait pour lui.

Cette fois-ci, l'expérience extra-muros servait à étudier les forêts. Par ailleurs, certains avait découvert qu'elles représentaient un lieu encourageant pour l'armée. Avec ses nombreux arbres, elle était tel un cocon protecteur. Il suffisait de grimper aux plus hauts des sapin ou séquoias, jusqu'aux cimes, et les soldats devenait alors des cibles imprenables. La mission des bataillons était de situer sur une carte le plus de forêts à proximité du mur Rose, sans se faire manger.

- Je te vois surexcitée Gab.
Les chevaux avaient été attaché près des racines, au pieds des arbres qui regorgeaient désormais de soldats. Ils ne se préoccupaient pas des titans puisque ceci semblaient leur être désintéressés.
- J'en sais rien. Est-ce que je le suis ? Non.
Sasha et Gabrielle se faisait face, accroupies sur une épaisse branche.
- D'accord, respire et fait comme moi quand j'ai faim, pense à autre chose.
- Mais je n'ai rien Sasha.
- Arrête, avec toi, c'est soit la révolution, la réflexion ou la dépression. Et, là, je dirais qu'on a un mélange des trois. Alors ?
- Et toi avec Conny ?
Gabrielle l'avait pris de court. Pour changer de sujet, elle devait taper fort. Ce fut magistral et Sasha manqua de tomber de son appui. Ç'aurait été une chute directe dans la gueule d'un titan. Gabrielle éclata de rire en voyant les non que mimait son amie avec la tête.
- T'es vraiment pas bien toi ! Sûrement en hypoglycémie.

Gabrielle le savait, elle ressentait quelque chose de nouveau, particulièrement lorsque ses yeux frôlaient la fine silhouette du caporal-chef. Un sentiment étrange éclosait au centre de son ventre et elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Elle se demandait ainsi quand Rivaille déciderait à la ré-embrasser. Or ce dernier semblait n'avoir que faire d'elle. Il ne la regardait pas, répondait indirectement et froidement et ignorait jusqu'à son existence.
Mais Gabrielle était devenue dépendante de ses baisers, ses mains...

- Stupide, je suis stupide, s'insulta le soldat en détresse.
- Hein ? Quoi ? s'enquit Ana.
- Oh rien, je n'ai rien dit.
- Venez ici, ordonna le caporal-chef, dont la voix portait loin.
Et personne ne se fit prier, pas avec lui. Gabrielle éprouvait une vive sensation, son cœur palpitait. Allait-il la regarder ? Alors elle cogna volontairement la tête contre un arbre et s'ouvrit vaguement le front.
- Ça va pas morveuse ?
- Désolé, j'ai glissé.
- On s'en fout. Bref, nous repartons demain. L'expédition dure trois jours, ce qui veut dire que nous rentrons dans 39 heures. Je tiens vraiment à avancer et donc vous devez être efficace. Rien ne doit être fait inutilement.
Il fit un rapide conte-rendu des deux jours qui viendraient puis réclama l'assistance de trois guerriers pour piocher dans les réserves de nourriture restées à côté des chevaux.


Après un repas qui avait plus l'air d'un festin pour carnivores, entièrement composé de viande crues, il fut assigné à chaque recrue un tour de garde. Les titans commençaient à s'entasser en bas, et leurs grimaces n'avait rien de rassurant. On pouvait les entendre gémir et gratter l'écorce sans succès.

Quand vint le moment de surveillance de Gabrielle, celle-ci s'inclina et s'éloigna. Son ombre glissa d'arbre en arbre dans la nuit noire. Cherchant par tous les moyens à restée éveillée, elle ne s'arrêtait de remuer.
- T'as le feu au cul Johnson ?
Gabrielle se retourna brusquement. Rivaille était appuyé contre le tronc d'un incontournable séquoia légèrement tordu. Son allure indifférente, sans gêne glaçait Gabrielle. Elle sauta près de lui sans lui répondre. Un avant-goût de gêne virevoltait dans l'espace. Mais malgré tout, la lune était jolie. Oui, Gabrielle fixa toute sa médiation sur elle. Contour inégalement rond, couleur jaune pâle, la jeune femme pouvait même apercevoir les quelques cratères qui la défiguraient. Mais c'était plus fort qu'elle, il était plus fort qu'elle. La jeune fille lui jeta un regard et découvrit qu'il l'épiait depuis son arrivé. De ce fait, acte irréfléchi, elle s'approcha délicatement et l'embrassa.

La chaleur envahit son corps et elle se sentit terriblement bien. Le capitaine avait appliqué ses mains sur les joues de la fille et la maintenait contre lui. Et elle voulait y rester éternellement. Cela s'avérait si bête, si simple.
- Gabi.
Il avait agrippé son col et la poussait un peu pour pouvoir la regarder droit dans les yeux. Au mépris de sa petite taille, il n'en restait pas moins imposant. Son regard d'acier sillonnait et pénétrait son être pour tout apprendre d'elle.
- Tu ne devrais pas...
Elle ne lui laissa pas finir sa phrase, déjà elle renouvelait son étreinte.
Il ne lui résista pas. C'était si agréable, se disait-il, j'ai l'impression d'être bien. Son armure invisible s'était levé et il ne pensait qu'à elle.

Il traça du doigt le contour des lèvres de la jeune fille, avec délicatesse.
Gabrielle esquissa un sourire timide en le voyant divaguer et déposa sur sa douce bouche milles baisers langoureux.
- Gabrielle !

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