Chapitre 14

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Un grand bruit résonna. Comme si deux sacs de sables se rencontraient avec force. Des éclaires impressionnants avaient précédés l'altercation, déchirants vivement le ciel, mais ne provenant pas des nuages.

Puis le titan percuta son congénère sous les yeux naïfs de Gabrielle.
Une étincelle malicieuse, d'espoir, pétillait dans l'iris vert de la furie, et en un rien de temps, les deux monstres s'encastrèrent dans le mur voisin et s'effondrèrent, absents au regard tourmenté du soldat.

« Eren. »murmura Gabrielle, illuminée par la vérité.
Il lui avait sauvé la vie, cela méritait qu'elle se relève et qu'elle prenne de nouveau part aux combats. Ce qu'elle fit humblement.

Le trou qu'avait causé le titan assaillant était béant. Gabrielle escalada les débris sur les traces de son camarade devenu titanesque, mais ne trouva qu'un flot de bribes, d'éclats, de carcasses de maison. Elle chemina entre le bazar qui s'étalait sur la rue d'en face. Elle découvrit, durant la timide escapade, que les obus de briques projetés par la destruction des murs avaient renchéris sur ses blessures, généreusement procréées par un quelconques caporal-chef. Gabrielle sourit lorsque la mine effaré de cette incompris lui revint en mémoire. Elle n'était que plaies et sang. Mais malgré tout, son esprit revint à cette attaque tellement marquante à ses yeux. Eren avait été impressionnant, terrible. Elle avait perçu quelques rumeurs sur sa mutation, mais allant jusqu'à un tel effet, elle eu du mal à le croire.
Gabrielle devait le retrouver, l'aider, et le remercier.

À quelque centaines, aux alentours de la surprenante attaque de géants, était regroupée l'escouade plus expérimentée de Rivaille. Il devait y avoir pour dix titans de peu la moitié moins de soldats. Et pourtant, aucun ne périt. Comme si un loup ou un aigle s'était emparé de leur âmes, les soldats marchaient avec allégresse dans les airs et frappaient juste et fort. Rivaille excellait avant tout autre, il était majestueux et presque hautain en découpant soigneusement le cou d'un des mauvais de ce monde impur. L'utopie d'une terre chaste ne l'effleurait plus désormais. À quoi bon croire une chose qui ne se déroulera pas ? Ou alors pour la postérité qu'il ne connaîtra pas. À quoi bon vivre vieux dans une foire ou la sauvagerie vous guette à chaque coin du globe ?
Ces pensées ne le heurtaient plus. Il n'avait pas perdu espoir, simplement qu'il était devenu réaliste, lui et la vie au grand jour.
Contrairement à Gabrielle, qui se métamorphoserait en goule si cela lui ouvrait les portes de la liberté, Levi n'avait plus vraiment de rêves, au plus de protéger, non par affection, mais par pitié, ses humains pathétiques qui l'entouraient.
Et Gabi. Cette imprévisible Gamine.

Lentement et avec précision, la lame caressa d'abord la peau vierge, et la découpa puis l'épousa totalement, elle et la chair ne faisait qu'un. Ensuite, elle traça un chemin de droite à gauche pour en croquer un bout, et ressortit avec tendresse en s'emparant du talon d'Achille. La victime, immense titan femelle aux yeux ridiculement creux et vitreux, tituba, et alla se tailler un vaste cercueil dans les dalles inégales d'une ruelle, avant de disparaître littéralement, au point de douter de son existence.
Parfois des spasmes agitaient l'assassin, ange blanc dans l'enfer, croyant voir en ce titan un semblent d'humanité. Alors les nausées s'emparaient de lui, mais vite Rivaille venait frapper dans son dos, le gratifiant d'un regard réprobateur. Il l'incitait ainsi à donner encore plus, s'épuiser pour le bien du malheureux sans défense. « N'abandonne pas. », lui ordonnait le brave.

Lorsque il aperçut Gabrielle boiter, tituber, s'effondrer pour se relever, son cœur se pinça. Il avait faillit à sa promesse, voilà son ressenti.
Rivaille se propulsa donc vers elle et la hissa sur un toit largement fissuré.
- Tu restes là. J'irais te chercher à la fin.
- Certainement pas. Et si un titan m'attaque ?
- Je ne serai pas loin. Compris ?
- Non.
Rivaille l'aplatit contre leur perchoir et la menaça. Mais cette dernière était contradictoire et fière, trop. Elle le repoussa violemment et dégaina ses armes.
- Je combat.
Elle avança en entendant ses articulations craquer mélodieusement, et en passant près de Rivaille, le bouscula. Gabrielle n'était pas un esprit faible.
Cependant, dans un mouvement très bref , elle sentit sa vie basculer et roula jusqu'à cogner sur une cheminée d'argile. Rivaille, droit, plus terrifiant qu'un titan, maintenait sa jambe levée, près à envoyer un nouveau coup. Le jeune soldat cracha du sang, se tenant la poitrine ou la pression était intenable. La haine du départ refaisait surface, et plus téméraire que jamais.
Alors, tandis que la guerre faisait rage entre les titans et les hommes, des êtres  qui n'étaient que folie s'affrontèrent.
- Fais pas de conneries, Johnson.
- Laisser moi y aller.
- Tu ne peux pas mourir.
- Je ne mourais pas.
- Je ne veux pas que tu meurs.

Gabrielle fixa anxieusement son adversaire, l'avait- il dit ?
Elle devait trancher ; sa liberté ou Levi.

Regarde en l'air et vois ce que tu peux voir.
Gabrielle jeta un énième coup d'œil vers les nuages rosés par le couché de soleil. Il n'y avait pas de choix à faire.

Elle se mit en garde, un pied en avant, légèrement de côté, et le regard noir. Elle n'était sûrement pas aussi imposante que Rivaille, mais baignait dans un sentiment de confiance. Gabrielle s'élança, son rivale aussi, et l'esquiva de peu. Ils avaient échangés de place. Gabrielle réussi à atteindre l'extrémité du bâtiment, et, lorsque Rivaille, lancé comme une fusée vers elle, tendit ses lames pour contré les siennes, elle sauta dans le vide.

Il n'eut pas le temps de la rattraper que déjà la jeune femme disparue derrière un mur. Le bute de Gabrielle n'avait jamais été de se battre contre lui. De toute manière, elle n'avait pas sa chance. Ni l'envie.
Elle désirait sincèrement être utile dans la lutte vers l'indépendance. Garder en mémoire tous ses morts qui ne connaîtront pas la paix. Penser  à Marco, soutenir Anastasia, et tous les blessers de ce monde appauvri de bien être.
Mais elle avait depuis sa fuite constamment une désagréable sensation qui embaumait son être, allait-il vraiment la combattre pour son bon vouloir ? Gabrielle renifla en se rappelant quel homme sans cœur il avait été pour filer à travers les morts sans sourciller. Jamais Levi n'avait su effacer de son visage délicieux la façade d'une interdiction, la barrière d'une expression. Il était ce et pour toujours de marbre, tandis que dans ses yeux resplendissaient l'acier froid et dur comme son cœur.  Pourquoi se préoccupait de cela ? À quoi bon ? Bon dieu, Gabrielle suffoquait rien qu'à l'idée de revoir où même reparler à son caporal-chef. Ceci était troublant plus qu'autre chose, ça la paniquait.
Elle l'appréhendait mais gardait au fond d'elle l'espoir d'un renouveau. Car alors, malgré son désaccord, elle tombait dans un trou éternel, ou la chute était agrémentée par l'amour, le temps et la mort.

Le soldat eu encore plusieurs fois la contrainte d'utiliser son fer, et mais eu d'avantage l'opportunité de croiser des confrères et s'apercevoir de leur vivacité. Ils ne mourraient pas comme les fleurs écrasées par l'automne. Et soudainement, Eren réapparut. Mais là, il semblait plus faible, et peu à peu, sa garde s'apaisait. Ainsi les titans profitaient grandement de sa faiblesses pour mordre une jambe ou une épaule. Observer les titans se manger entre eux différaient de tous les avants, ceux qui paraissaient les plus étranges. Gabrielle en oubliait presque que son ami était d'abord un homme, dans le cœur comme dans la tête.

Les soldats de la 104e brigades se rassemblèrent les uns après les autres sur les chaumières, pour observer et défendre du mieux, leur précieux sauveur. Hélas, Eren était assailli de toute part et, submergé et mutilé, il ne trouvait le moyen de riposter. Ce fut avec un certain soulagement que les jeunes recrues accueillirent Auruo, Petra et les divers guerriers qui suivirent. Eren était repu, abattu contre un mur en démolition, et de la fumée s'évaporait des ses membres déchiquetés, par volutes, jusque dans le ciel assombris.
Mais autour de lui volaient avec allégresse pleins de grossiers points noirs, gesticulants excessivement vite à travers chaque nuque de titans. Charlie, Sasha et les autres, tout de même encore sur la défensive et gardant leurs mains serrées sur la poignée des sabres, admiraient cette unique spectacle avec splendeur.

Et sans tarder, apportant avec lui l'apaisement et la consolation, les jeunes soldats découvrirent, dans les airs, Rivaille qui tenait Eren par la taille, les pieds et la tête penchés dans le vide. Ils l'acclamèrent joyeusement et à la hâte, alors que les titans rappliquaient vers le groupe d'humains, ils s'en rentrèrent pressés, mais gorgés de fierté tel des héros.

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