Son visage peignait l'ennuie même.
Il prit directement de la distance, croisa énergiquement ses bras contre son corps et afficha un total mépris et une froideur maussade. Jean se dirigeait vers nous en courant. J'avais envie de meurtre. Je n'osais regarder Rivaille, mais considérais méchamment mon camarade essoufflé.
- Il y a... il marqua une pause, se tenant les genoux en cherchant à retrouver une respiration acceptable. C'est Charlie. Il... il étouffe.Je récupérais mon ami de toujours bleu autant que violet, se tenant avec affolement la gorge. Je me jetais vers lui à genoux mais ne put rien faire. Que lui arrivait-il ? Je ravalais des larmes qui commençaient à me piquer les yeux.
- Charlie, mon dieu ! Charlie parle moi. Je t'en pris.
Je n'arrivais plus à me contrôler, le voyant trembler, pris de convulsions. Mes mains se posèrent sur son torse mais cela n'atténua pas les choses. Seulement, il ouvrit les yeux, ce qui pouvait être considéré comme bon signe.
- Apportez moi quelque chose, scandai-je à mon entourage. N'importe quoi, de l'eau !
- On a plus d'eau, bégaya Armin.
- Mais il reste de l'alcool ! s'égaya Eren.
- Qu'est-ce que vous attendez ?
J'appuyais mes doigts sur le côté droit du coup de Charlie pour vérifier sa tension, son état était faible, mais stable.
Quand Eren revint enfin avec la boisson, j'arrachai le goulot avec mes dents et versais le quart du contenu dans le gosier du garçon. Celui-ci garda d'abord le liquide dans sa bouche sans réaction, et la seconde d'après, se mit à tousser pour finalement expulser une bouillie venant de son estomac. Il toussota encore jusqu'à en cracher ses poumons, puis reconquit l'apaisement.
- Hé Charlie, tu m'entends ?
J'étais baissée vers lui, identique à la mère inquiète pour son enfant.
Il ne me répondit pas, mais m'attrapa la main et la serra. C'était déjà assez pour pacifier le soldat après mon angoisse.
J'inspirais pour me calmer. Il était encore là, avec moi.Charlie s'était enfuit dans un profond sommeil vidé de rêves, je veillais sur lui.
- Tu peux relâcher la pression Gamine.
Je jetais un coup d'œil en arrière et vit mon supérieur s'approcher avec le même air désinvolte. J'aurais aimé oublier la pression qui s'abattait sur mes épaules, mais quelque chose m'en empêchait, peut-être la peur.
Toujours.
- Il ne mourra pas. Charlie est sensible.
Je voulu protester, mais d'un signe de la main, il me fit comprendre qu'il n'avait pas fini.
- Il est cardiaque. Et ce matin, il a apprit que son père était mort. Il l'a sûrement très mal pris, et la tristesse, et l'horreur de la perte, il les a refoulé. Mais ça ne se contient pas longtemps ça.Je restais sous le choque. D'une certaine manière, le père de mon ami avait un peu été le mien. Mes parent était morts tôt , partis trop vite, alors je mettais conforté à passé l'enfance dans la demeure de Charlie.
Silencieusement, je me recueillais en regardant mon ami étendu.
- Tu tiens à lui.
- Terriblement. Charlie est...tellement important pour moi, avec Ange, il sont mon existence.
- Ange ?
J'allais lui répondre, mais déjà j'apercevais Charlie battre des cils.Je me rendis compte bien plus tard de ce que j'avais dit à Rivaille, « mon existence ». S'était-il sentis visé, ou au contraire pas du tout.
Qu'importe. La nuit passait plus vite que le jour, et durant celle-ci, les multiples calvaires s'évaporeraient.Lorsque le soleil pointa au travers les feuilles pour venir caresser les visages paisibles des soldats, l'impression folle d'un monde sans titan, ni danger imminent, et encore moins de mur était maladroitement incrusté dans leur esprit.
Nous reprenions vivement la route vers un proche avenir. Des plaines interminablement s'offraient à nous, nous narguant de leur affranchissement immortel. Ainsi, nous galopions sur une longue distance sans inconvénient. Charlie pouvait remonter à cheval et avait retrouver un peu de ses couleurs habituelles, mais il ne disait rien et gardait la tête baissée. Je m'inquiétai pour lui, le deuil est bien le pire des cauchemars. C'était dans ses moments de solitude que l'on prenait sérieusement en compte ceux qui nous importaient où non. J'avais eu peur de perdre Charlie, affreusement peur.Mais malgré tout, je ne puis attendre plus longtemps, et les rêves me tourmentèrent. Je me rendais enfin compte de la chance que j'avais. J'étais dehors. Comme si, pour la première fois depuis notre départ, je m'en rendais compte. L'envie de crier m'engloutis et je réprimai un haut le cœur. Et puis, il y avait Rivaille. Certes, il m'ignorait totalement, mais chaque fois que je lui tournais le dos, je sentais son froid regard brûler mes ailes.
Qu'importe, encore une fois, j'étais libres. Mon esprit se détachait de mon être, douleurs physiques et morales, de tout sens humain, et se dissout dans l'infini. Je délirais à travers des galaxies inexistantes.
Cette illusion morbide...Mais rapidement la réalité renchérit. L'équipe venait de repérer plusieurs titans. Ils se distinguaient parmi les hauts arbres, trébuchant par ci, zigzaguant par là. Il dévalaient droit vers nous. Dès lors, Marco décocha dans le ciel un missile rouge.
L'émoi gagna mes camarades en observant les monstres. Ils était trois, et deux d'entre eux étaient manifestement des déviants. C'était bel et bien la race la plus incorruptible.
Certain qu'ils ne connaissaient pas la notion de courir, leurs enjambées bouffaient littéralement dix mètres. Ils furent bientôt sur nous, et je dégainais mes sabres, exemple que tout le monde suivit.
Leur posture était ridiculement incongrue ; la tête et les bras retenus en arrière, et le bassin poussé vers avant, ils ne nous regardaient même pas. Hélas, les titans savaient que nous étions là, puisqu'ils pouvaient nous humer à plusieurs milles, cause de notre odeur de bon vivant.
Cette allure ne les ralentissait pas et en un battement de cœur ils avaient rattrapés Rivaille.Et je vis Marco être soulevé du sol. Empoigné avec puissance, arraché à son cheval dans un cri, détresse et désespoir l'accompagnèrent jusqu'à la gueule béante. Oui, Jean s'était jeté sur le titan entre temps, secondé de Mikasa, mais malgré leurs efforts inutilement déployés, d'aucun n'évita la destiné du pauvre garçon. Alors, dans un dernier souffle d'agonie, un jaillissements de l'âme en pleur, il s'engouffra d'entre les deux rangés de dents vicieuses et ingrates. Le crissement des os brisés, le bruits d'une peau écartelée, les gémissements qui s'affaiblissaient, et nous, stupides pantins, incapables face à la mort.
Je ne respirais plus, immobile et sans intérêt. Irraisonnée. Les bras ballants, lointaine et vide. Mon esprit repassait malgré lui les quelques fabuleux instants passé à côté de Marco. Défunt ? Un bien grand mot, si l'on prend en compte l'âme qui ne meure pas. Et l'oublie ? Si l'on gardait chaudement, chaleureusement son souvenir enfouit dans le cœur. Alors il est toujours là. Hein, Marco ? Comment vas-tu aujourd'hui ? Et ta journée ?
Je délirais. Rien n'avait lieu d'être. À quoi bon la vie si la mort ?
VOUS LISEZ
Dignité
FanfictionLevi est un homme distant, froid et violent, rattaché à l'armé tout en gardant son indépendance intacte. Il se crée une armure et s'éloigne peu à peu du monde voisin par sa vulgarité et sa froideur. Mais rien ne résiste à l'amour. Levi x reader Simp...