Chapitre 22

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Je trébuchai sur un cailloux incrusté dans la pierre. La chaire de poule dû au vent qui se rafraîchissait.
Je devrais arrêter de me mentir.
La chaire de poule dû à cette voix fantomatique.
Je sentais la pression tout contre mon cœur s'intensifier, l'étau se resserrait mais je n'en n'étais pas à suffoquer. Plus maintenant.
J'ai trop goûté à la docilité de l'amour pour ne pas être allègre de ma liberté.
Arrête de te mentir bon dieu !
Je pivotai inconsciemment et comme pour la première fois, aperçut l'insatiable Levi.
Le désir absolu de le frapper ou de l'embrasser me tordait les entrailles.
Être paradoxale est bien souvent problématique.
« Rien qui ne puisse t'envoûter.
Une cascade d'eau gelée me gifla et me laissa comme frigorifiée lorsqu'il dressa vers moi, chétive que jetais, ses yeux de jais aux éclaires transcendants.
Je ne me sentais plus, englobée par ses iris meurtriers, une avalanche, que dire, l'attraction me poussait dans un puit sombre et sans fond.
Tout sera bientôt fini, je me disais en feignant de ne rien ressentir. Sois impassible et il te laissera.
Mais comment gagner face à un homme de glace ou d'acier.
- J'ai déjà d'autre soucis en tête, alors abrège Johnson.
Il fit un pas un avant et moi un en arrière.
Le comble fut que le ciel capricieux cracha sur nous ses ragots mouillés. Déjà je savais des perles de pluie collées mes cheveux à mon visage et mes vêtements à ma peau. Mon intuition m'avait pourtant prévenue que je ne devais mettre qu'un modeste débardeur avec mon pantalon de toile et mes bottes en cuir.
Mais le soulagement était là quand j'aperçus le chandail du caporal-chef trempé, inondé et désormais transparent sur son torse. N'aimait-il pas être sale ou peu présentable ?
Il se tenant sous un important cerisier, augure qu'une futur et douce saison se pavanait en chemin, et ses branches, comme de longues griffes, pleurait sur lui.
- Je ne crois pas t'user comme confident.
- La patience n'est pas mon fort, la compassion non plus et l'indulgence, encore moins. Hélas, je t'offre une possibilité de te rattraper. Parle ou bouge.
- Je te demande pardon ?

Ma voix avait déraillé sur ce dernier et terrible mot. Je paraissais faible ou enjouée et mes mains tremblaient. Je plantais ainsi spontanément mes ongles au plus profond de ma pomme et tenta de rester lucide.
Ici une libellule passait, voltigeant jusqu'à son lac, lieu de prédilection.
Là un écureuil griffait l'écorce d'un majestueux séquoia en tapait de la patte une noisette sur l'écorce.
Plus haut un nuage gris percé par la pluie traçait sa trajectoire dans le sombre ciel.

Rester lucide.

- Tu es assez stupide pour ne pas comprendre. Mais je compte sur ta clairvoyance.
- Je ne sais pas à quoi m'attendre. Comment vous dire que l'imprévisible a un visage figé et un corps raide.
- L'échec ne t'a pas apprit que la provocation est un défaut très laid.
Il ne me quittait pas des yeux et je dû confesser que cela fut égal pour moi.
Mais nous étions de nouveau repartis sur une boucle interminable de reproches douloureuses ou disputes sanglantes.
Toujours le même scénario.
Néanmoins je ne tenais pas à perdre mon temps.
C'était tout ou rien.
- Arrête. Nous avons déjà vécu ça encore et encore. J'ai mûri, je crois, et j'espère ne pas passer ce moment à m'engueuler avec mon capitaine.
- Et qu'est-ce que cela peut bien me faire ?
Soudainement, il se tu. L'air quelque peu perplexe, il contracta sa mâchoire et peut-être même se mordit la lèvre, difficile à dire avec les gouttes de pluie qui envahissaient ma vision.
Il reprit droit dans les yeux :
- Et tu veux quoi Gabrielle ? »

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