Chapitre 18

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Depuis l'âge le plus retiré que je puis me remémorer, j'ai toujours appris que mes proches méritaient ma protection. J'ai voué ma vie à ma famille et mes amis. J'ai offert mon existence à ce qui me tenait à cœur.
Mais rien n'était plus important que la sûreté de mon frère.

« Ange ?!
Il était là, les pieds à peine posés au sol, soutenu par deux gardes aux traits fermés, contrariés.
L'ombre de son visage ne dévoilait qu'une bouche déformée par la panique et des yeux étirés par la fatigue. La nuit recouvrait de son manteau noir la totalité de la base, et les cris d'autres jeunes soldats insouciants me semblait comme une ironie renforcée.
Je voulue alors m'approcher du malheureux détenu, mais un pas en avant me confirma que j'en avais l'interdiction.
- Gab...je te promet que je n'y suis pour rien... Je n'ai rien fait.
- Fais quoi ? An !
Mais déjà ils le traînait vers le bâtiment pénitentiaire. Je les rattrapais en courant et scandais l'un des gardes jusqu'à une réponse satisfaisante.
- Je vous pris de la fermer, cracha le soldat de la garnison. Cet homme est clandestin. Cet homme n'est pas censé exister !
Je m'immobilisai brusquement et deux perles d'eau roulèrent sur mes joues pâles. Il fallait que je me rappelle.
Se rappeler ;
Se rappeler ;
Se rappeler ;
Se...rappeler ?
- Ange !!! »
Je voulus subitement poursuivre la petite troupe qui s'éloignait, comme le soleil derrière de gros nuages noirs. Mauvais présage. Il me semblait être prise d'une violente, trop brutale envie de leur arracher leurs yeux à ses gardes. Ils ne servaient à rien de plus qu'être gourmandise lors d'intrusion de titans.
Mais à l'instant même ou je m'élançais, mon pied ne toucha pas le béton et deux bras, que j'eus en horreur durant la seconde suivante, m'enserrèrent avec force.

Charlie ne me lâchait pas. Il s'en était rappelé avant moi. Alors que je me débattait stupidement, il haussait la puissance de son emprise sur mon corps.
« Lâche moi ! Sale teigne ! Lâche moi... »
Les sanglots m'emprisonnèrent d'avantage que mon ami. Je retombais au sol dans un bruit sourd. Ange avait déjà disparu, et la grosse porte de métal oxydée verte, se referma dans un fracas terrifiant.
Je partis alors sans un regard en arrière vers l'imposante forêt. Peut-être que je fuyais, ou simplement que je méditais. Quelques uns m'appelèrent dès lors où je fis demi-tourd, mais j'étais sourd de tristesse, aveugle de peine.
Mon unique combat, mon seul chemin, un destin lié à cet homme enlevé, entravant la justesse.

Un petit sentier s'offrit à moi, bordé de cerisiers aux pétales virevoltants dans les airs. Mes pieds butaient dans de gros cailloux mais mon esprit était ailleurs. Pourtant, il faisait beau. C'est vrai, une splendide journée s'annonçait à moi, mais les événements d'hier me hantaient.
Mon frère était un banni de ce monde. À sa naissance, il n'avait pas été annoncé au centre directeur de sa ville natale, et dieu sait que cela est puni de mort. Une mort si triste, si terne.
Je pensais aussitôt à Charlie et Gaëlle, ils nous étaient si chers, depuis l'enfance. Ils avaient en connaissance l'entièreté de nos vies. Charlie l'avait comprend avant moi, il avait sévit.
Dans un monde où l'être humain est harcelé par les titans, guetté par la mort, des lois idiotes persistent, toute foie avec plus de douleurs.

Je me sentais chavirer dans un océan de désespoir, Ange m'était vital. Mais alors qu'une crise de nerf démesurée reprenant le dessus, autant morale que physique, il m'appela.
Je me retournais à la hâte.
« Tu m'expliques ?
Je ne pus soutenir son regard plus longtemps, et craqua à nouveau. Les lames m'aveuglaient et je ne le vis pas s'approcher de moi. Ce fut seulement lorsque Rivaille m'étreignait doucement que je pris conscience de sa présence. Je n'étais plus vraiment là ces derniers temps.
- Gabi... dis-moi.
Son ton autoritaire se voulait calme, et roula sur mon cœur comme un trou de mémoire.
- Il y a que Ange n'est peut-être plus des nôtres.
Il ne dit rien et espérait une suite plus précise. Je repris alors d'une voix légèrement assurée, mais dérayée par la crainte :
-Je ne devrai pas vous le dire, vous pourriez aggraver la situation...ou la sauver. Mon frère n'a jamais été déclaré par manque d'argent.
J'annonçais cela dans un souffle, comme l'on retire une épine du pied. Avec douleurs mais rapidité.
Les sanglots de firent plus ardus et je cachais mon visage conte sa poitrine. Il y a quelques mois, je lui aurais arraché le cœur si possible, et barbouillé cette arrogance qui en fait son charme mauvais. Rustre. Mais il m'usait et je l'aimais ainsi autant que je le détestais . Une douleur ressurgit alors des profondeurs de mon corps, et me rappela froidement que je boitais et souffrais en remuant les sourcils par sa faute. Oubliais-je donc si vite en sa compagnie  ? Mais subitement, allant de déception en déception et accumulant les pertes dans mon cœur, ma haine m'étrangla et m'emporta vers des idées et des décisions tout bonnement stupides.
Je le repoussais brutalement, aveuglée par la tristesse d'un frère déchu. Avait-on oublié Marco aussi ?
- Par votre faute.
Je n'avais point de raison de le dénoncer de la sorte, mais bon dieu il me fallait me défouler jusqu'aux abîmes de l'aurore.

Mon cœur, mon cœur, ne t'emballe pas, souviens-toi qu'il nous crachait dessus. Mon cœur, arrête de te répéter qu'il est plus beau que l'été. Mon cœur, submergé par la marée de peine, par une vague de tentation qui est plus drue, plus puissante que toi, abandonne et ressaisis-toi.  
Rivaille se redressa tout de son long et son regard orageux n'était pas de bon présage.
Je m'en foutais.
- Vous, qui profitez de la richesse escroquer aux pauvres comme nous.
- Tss, baisse d'un ton gamin. Tu ne me dois aucune reproche. Quand à ton frère, c'est la loi.
- Et depuis quand vous la respectez, la loi ? Vous avez bien fait abstraction pour moi ! Ce n'est que par occasion, hein ? Ange n'en vaut pas la peine, mais moi et mon cul, ah ça oui !
J'haussais la voix, courbée comme une hyène prête à tuer. Mais c'était sans illusion qu'il était plus fort, et que je me ferai toujours battre ou de lui, ou d'excessives ardeurs. 
- Tu as enfreint la loi, plusieurs fois. Sans moi, tu croupirais dans un cachot, avec la peste et la lèpre au trousse. Ton frère, cette merde, ne m'atteint pas, et je ne remuerai pas le petit doigt pour lui. Tu mourras bientôt bouffée par un Titan qui était sûrement ta grande tante ou ton cousin germain, et ton cul brûleras pour éviter les maladies.
Je tremblais de rage, muette et démente. Les yeux yeux du caporal-chef abritaient la rage d'un loup affamé, et je me sentis désormais fuir cette scène, qui fut depuis de mes plus symboliques et effrayants cauchemars.

Je courrais à travers les allées pour retrouver Charlie et me réfugier dans ses bras. En d'autres jours, j'aurais chercher la solitude à toutes choses, le vent m'aurait consolé ainsi que le ciel impénétrable, mais je savais en moi comme un désir de vengeance. À chacun sa revanche.
Pourquoi s'attarder à des personnes qui vous torture alors que l'homme bien est toujours à vos côté, et vous envelope de sa bienfaisance, quant à ses lèvres qui agissent en un philtre de bonheur fou.
C'était bien la colère qui empourprait mon esprit.
Mais la pensée de le faire souffrir me ravissait et me regonfle d'énergie.

Alors que mes pieds frôlaient le sable du terrain d'entraînement, j'entrapercevais Conny, acculé de Annie, Eren, Ana, Jean, Mikasa et... qui est celui qui riait de bon cœur avec Sasha ? Je le reconnais d'emblée et accourais vers lui.
Qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Une connerie ?
Pourtant mes jambes ne s'arrêtent pas et lorsque j'arrive à sa hauteur pour l'attraper, il me regarde tel un diable apparu par horreur. Dans ma course, je glisse subitement sur un gravier trop lisse pour ma chaussure et chute contre Charlie.
Il tombe à la renverse.
- Gab... ça va ? Tu n'as...hum ?
Je l'embrasse en passant mes jambes de chaque côté de sa taille pour rendre le baiser plus suave.
- Gabrielle ? Il me fixe en rougissant, d'abord écarlate et perplexe.
Mais après une rapide hésitation, Charlie passe sa main sur ma nuque et m'abaisse à lui pour m'embrasser avec plus de passion.

Nos frères d'armes nous observe sans mot dit.

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