Chapitre 7

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« C'est moi.
Le miraculeux sauvetage de Conny laissa les autres ébranlés, abrutis.

Charlie, Ana, Eren, Armin, Sasha, Conny, Mikasa, Reiner, Ymir, Krista et moi dûmes, en ayant été contraints d'abdiquer à la rébellion et de regagner les murs, nous aligner face au vide. Nous ne formions qu'une ligne impeccablement droite, froidement maintenue par le caporal-chef. Conny tremblait encore, mais il avait mille fois remercié son ange gardien qui ne s'en rendait même pas compte. Celui-ci faisait des aller-retours entre la rangée de soldats, bousculant par ailleurs quelques un de cela. Il semblait calme, tranquille mais cependant, ses yeux exprimaient l'horreur qu'il nous portait.
Néanmoins, il ne disait rien.

Je pris alors conscience du pétrin dans lequel j'avais enfoui mes amis. Il ne le laissait pas paraître, mais Rivaille était fou de rage. J'appréhendais le moment où il exploserait. Il fulminait intérieurement.
Finalement, il se déclencha. Le capitaine envoya boulé Conny à l'aide d'un de ses meilleurs coups de talons. L'innocent s'étala face contre pierre et peina à se relever. Nous retenions notre souffle, exaltés et anéantis par la peur.
- Bande de merdeux, cracha l'homme en colère.

Soudain, nous vîmes arriver avec vivacité le major Erwin Smith. Un certain soulagement nous envahit, bien que notre supérieur ne serait pas moins terrible. Il se posta devant nous, tout près du bord, obligeant son subordonné à battre en retraite, bras croisés contre sa poitrine.
- Je suis déçu. Il n'y a pas d'autres mots pour démontrer mon ressenti à ce moment même. Vous m'avez déçu, trahis. J'hésite encore à la manière dont je vais vous punir. Mais je peux vous offrir une chance de rester dans le bataillon d'exploration.
Alors il était question d'être renvoyé du bataillon d'exploration. J'imaginais ainsi que si nous nous faisions éjecter de ce service, l'armée ne voudrait plus jamais de nous. Et notre vocation ? Notre but dans la vie, mon but, être libre.

Erwin maintenait ses sourcils contractés, et de nouvelles rides apparaissaient sur son front.
- Dites-moi sur le champ qui est à l'origine de ce chaos, et je vous laisserais partir.
Je suffoquais. Je devais me manifester c'était moi. Mes amis, tous, risquaient de passer à la potence. C'était orgueil que de me taire. Je n'avais jamais été autant en faute et je devais assumer ma bêtise.
Alors je m'avançais, lentement. Un point sur le cœur et un bras dans le dos. Et je dis :
- C'est moi.
Lentement, douloureusement, je sentis les regards lourds se poser sur moi, me détailler et ne laisser de moi qu'une pâle copie. Mais surtout, je savais Rivaille agacé au plus au point. Il me transperçait du regard.
Erwin s'approcha de moi, et alors que je pensais ma fin prochaine, Charlie se manifesta.
- C'est moi !
Je le regardais confuse. J'étais choquée. Il venait de se condamner. Le garçon n'avait pas le moins du monde une attitude sereine, bien au contraire ; il serrait la mâchoire, fronçait les sourcils, et s'exigeait à ne pas trembler, des gouttes de sueur perlant sur son front. Sa silhouette immobile se découpait dans la lumière de la lune, la hauteur lui faisait prendre un autre tournant, une impression grandiose.
J'aurais voulu parler, le défendre, mais Jean ne m'en laissa pas le temps. Il répéta l'acte de son camarade et tenta de soutenir le regard assassin du caporal-chef. Il n'arriva pas jusqu'à là mais garda sa position.

Je n'en revenais pas, Charlie, puis Jean s'étaient dénoncés avec moi. Jean ? Mais que leur prenait-ils ? Et bientôt, toutes les recrues que j'avais entraîné dans ma bêtise opérèrent à leur dénonciation, ou plutôt à partager ma peine de malfaiteur. Ils firent un pas en avant, chacun suivit de l'autre à ses côtés, et s'écriaient en cœur :
- C'est moi.
Je défaillais. Ils ne devraient pas. Nos supérieurs entrèrent dans une colère noire. Je n'osais regarder le capitaine qui serrait ses mains pour ne pas frapper.
Mes amis...
Je sentis une vague de fierté m'envahir. Ils m'avaient sauvé et je ne savais si je pourrais un jour faire de même. J'avais envie de pleurer. Non. Je me ressaisie et m'exclamais.
- Mon major, il n'y a que moi !
Il y eut un bref murmure dans la foule et l'appelé se tourna lentement vers moi.
- Écoute Johnson, cette supercherie ne m'amuse pas du tout. Si tu me jures sur ton honneur que c'est toi, alors je laisserais tes amis graciés.
- Non ! Ne la croyez pas monsieur, elle veut me protéger.
Charlie était déterminé à me soutenir, et quoi que je fasse, il ne cesserait pas. Je suppliais le ciel de ne pas le punir.

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