Chapitre 10

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Cependant un braillement, une clameur qui vous octroie des frissons glacés me vrilla le crâne. J'avais mal, mais lorsque je vis Jean s'affaler sur le titan, je me fissurais.

Et Rivaille ? Où était-il bon dieu ? Gabrielle tourna la tête. Occupé, bien sûr !  Se débattant corps et homme avec les autres titans. Et il les tua sans sourciller, sans souffrir, comme toujours. Justesse, justice. Mais Marco... Marco,

Il était mort.

Elle se sentit démunie. Jean déchiquetait le titan, aveugle, son ami, leur ami...
Sasha le rejoignit d'aussi tôt et le pris dans ses bras. « Je suis là » lui chantait-elle. Mais il ne l'écoutais pas, ni les paroles de soutiens, emplis d'émotions de Conny, où encore d'Eren. Eren ramassait par terre l'épée qu'avait lâché Marco avant de disparaître, et des larmes ruisselaient aux coins de ses yeux émeraudes. Charlie, affaiblit par la veille, accablé par la mort, s'épaulait à  Ana, plus pâle que la lune .
La mort, de près ou de loin, avait toujours un impact néfaste, répugnant.

L'idée qu'ils se faisaient de la mort, de ne plus le revoir, la fin d'un temps, au diable les sermons, tout était vrai.

Le caporal-chef revint vers son équipe démoralisée en essuyant ses lames tachetées de sang immonde. Il aboya des ordres qui n'eurent aucun impact sur ses condisciples. Mais la force l'obtenait sur peu. Jean, Conny, Eren, tous étaient devenus docile.
Alors peu à peu, dans un plat silence, ils reprirent place sur leur monture en même temps de se frotter les yeux humides, et avec un énième coup d'œil en arrière, plein de regret, s'enfuirent loin.

Jean gardait avec lui les lames de son camarade qu'il pensait inoubliable. De douloureux remords avaient plongés les soldats dans la pénombre, seul Rivaille semblait indifférent.
Ils se ruèrent à travers les arbres, dans les prés et champs de coquelicots , sans altercation, ils avaient déjà perdus assez de temps. La campagne apaisait les esprits, mais pas les mémoires.

Les nuages défilaient avec le paysage et rapidement l'heure de se ravitailler s'immisça à l'insu de la matinée. Ils firent une brève halte, sans réjouissance, qui avait le cœur à cela ?
Quand enfin l'après-midi s'acheva, de bonne grâce et d'épuisement, la brume avait vaguement attaqué les alentours. Ceci compliqua largement la vigilance de l'escouade et floua leur visibilité. Mais ils n'avaient pas la tête à ça, et lorsque un titan pointa le bout de son nez vers eux, rare s'en redit compte.

Il fallut voir Annie éjectée contre l'imposant tronc d'un sapin pour que l'esprit percute.
Bertolt s'élança vers elle, à l'inverse de Reiner qui prit les devant du titan. Mais ce dernier était imprévisible, et par un stupide réflexe de survie, réussi à protéger sa nuque à temps. Reiner percuta le membre de plein fouet, et virevolta jusqu'au prochain arbre que son grappin, avec succès, accrocha.
- Comment va Annie ? hurla Armin à Bertolt.
Celui-ci, gardant Annie contre lui pour d'avantage la protéger, leva une main en signe de ne pas s'inquiéter.

De plus, le titan mutilé, un bras lui manquait,  faute de quoi, Mikasa, ayant entamée ses lames au plus profond de la chaire, n'avait manifestement pas l'intention de se laisser faire. Cela était sans compté l'arrivé d'un autre de ses congénères, d'au moins trois mètres de plus.
Le nouvel ennemi était bien plus terrifiant, ses côtés extrêmement voyantes et déformées déchirant la peau de son ventre. Ainsi chacun pouvait découvrir l'extrémité d'un os sortir pas de nombreux trous gluants et sombres.

Rivaille souffla. À en voir son attitude, debout jambe croisées, bras entrecroisés aussi, la tête penchée. C'en était presque s'il baillait.
Alors il marcha, se pavanant devant ses soldats, et d'un bond, dessiné en une  acrobatie, se propulsa sur les larges épaules du premier titan. Ses gestes ne  furent qu'ombre, trop vifs, trop propres pour que le monstre puisse les interpréter. Certain aujourd'hui encore aurait put jurer avoir vu leur caporal-chef chuchoter quelconques mots à l'oreille de celui-ci, avant d'écarteler la tête du corps aidé de ses armes.
Ironiquement, il ne s'était pas sali. Tout avait été si vite, peu avait réussi à suivre la totalité de la scène.

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