Chapitre 21

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Rédemption...
Apothéose...
Christa reine, et moi, soldat fidèle qui se ment au service d'une certaine bonne cause.
Quelle ironie de voir à quel point le temps défile vite sous mes yeux. Tel le lac que tu griffes de tes ongles mais qui ondule tout de même sur ta peau et pleure entre tes doigts pour retrouver son humide foyer.
Je vis désormais au service extrême de la royauté, j'erre entre ce que le pouvoir décide de moi et ma liberté vaguement conditionnelle. Cela me fait un point commun avec Rivaille.
Kenny s'est volatilisé, le caporal s'en ai chargé. Ça ne m'étonne pas. Pourrait-il tous nous tuer si nous commettions une erreur ou si le gouvernement l'entendait ?
Certes, Kenny avait commit une ou plusieurs grosse erreur, mais il restait sa seule famille. J'aimais bien cet être, assassin, plein de folie.
Dans une semaine, le bataillon d'exploitation, ou ce qui l'en reste, ce qu'ils en ont fait, quitte son douillet refuge pour se lancer aveuglément vers l'incorruptible danger. Habitude encrée dans le sang.
Peut-être à t-on une chance de victoire
Mécréants attirés par le néant.
C'est nous.
Cette étrange fierté de ne pas se désister, bien que l'échec est périodique, une épreuve de la vie.
Eren est sain et sauf, il est sûrement la clé vers le portail de la paix. Ne pas s'effondrer en court de route.

Je crois que je deviens sadique, ou cynique. Le temps change, les gens changent, j'ai changé.

L'aube est merveilleuse de ma fenêtre et je crois n'avoir que trop dormis. La ville veille, silencieuse et apaisante. La plénitude de cette tranquillité est si précieuse, tant rare. Je me lève, enfile une chemise, un pantalon de toile, des butes usées, écaillées, noirs. 
Cette poignée de jours de repos est une bénédiction. Les heures prisent par les hauts placés pour planifier la prochaine expédition est un temps mort pour le diable.
Les hauts-placés ? Christa ? Erwin ? Rivaille ? Quel changement bouleversant et désistant. Le monde se bascule et j'ai besoin de ne plus penser à rien.
J'attrape un carnet aux reliures de cuivres marron, une ample couche de poussière le tient au chaud et je tousse en l'en privant. Ma main fouille et trouve un fusain trop taillé dans le dernier tiroir d'une commode qui n'est même pas là mienne.
La poisse me lâche sûrement quelques instants, un répit inespéré.
Je sort de ma chambre, du bâtiment, de la coure, marche, marche et mes pieds m'entraîne sur les bords d'un vieux pont inutilisé ; certaines pierres et dalles ont disparu et laisse un vide, une chute imminente vers une rivière imprenable, torrent sauvage qui emporte tout sur son passage.
J'escalade la haie de bois qui abstient  l'être humain de sauté, et m'assoie, jambes ballantes.
Le cahier me tente et je l'ouvre. J'y retrouve alors des essaies, dessins, erreurs qui datent de déjà plusieurs années. Avec mélancolie, je tourne fébrilement les pages jaunies, la hâte ou la crainte entravée en mon sein de découvrir ce qui suit. Chaque croquis est un souvenir apparemment. Je me rappelle, en observant une fleurs desséchée sur le muret, mon frère, se balançant sur le tas de pierres, riant à cœur-joie après m'avoir conté l'une de ses audacieuses conneries. Là, le portait doucereux de Gaëlle, la grande sœur de Charlie. Ange eu un faible pour elle et ce fut réciproque. Et maintenant, je n'ai plus aucune nouvelle d'elle ni de mon frère, j'aimerais rentrer chez moi un jour, les voir heureux. Néanmoins, c'est une utopie désormais.

Je me secoue la tête, replace une mèche de cheveux derrière mon oreille et gribouille les formes générales d'un visage sur le carnet.
Je ne sais l'heure qui l'est lorsque que je relève le nez, mais le soleil est haut dans le ciel et une voix me tire de ma néfaste rêverie.
« J'ai bien envie de te pousser.
Charlie arbore un chaleureux sourire et s'installe près de moi sur la barrière. Le silence se loge entre nous et l'ambiance s'alourdit le temps qu'il étudie mon dessin. La femme que j'ai travaillé à les traits graves, mais la beauté semble éternelle à travers cette expression de détresse.
Charlie me regarde et reprend :
- Elle me rappelle la fille du boulanger de notre village. Tu sais, celle qui s'était mise à pleurer un jour alors qu'on partait en vadrouille dans la vallée.
- Oui. On voulait lui acheter des pâtisseries pour notre casse-dalle, mais au lieu de ça, devant ses larmes, tu lui avait offert ta casquette et l'avait consolé.
- On était resté l'après-midi avec elle à manger des gâteaux, elle nous avait montré sa collection de ruban.
- Elle était belle...et malheureuse.
Je me tus, lui aussi d'ailleurs quelque seconde avant de dire :
- Son père venait de mourir la veille. Il était dans le bataillon.
Je me lève et expire. Ne pas s'effondrer en court de route.
- Nous devons faire des innombrables perte un chemin vers la liberté.
- Gab...t'en vouloir est une perte de temps. Les regrets et les remord sont des boulets qui nous entraîne vers le fond de l'océan. Tu ne seras jamais ce que j'aurais voulu que tu sois. Excuse moi d'avoir tant de temps à m'en rendre compte.
- Tu m'as manqué Charlie, terriblement.
Il tend les jambes et s'approche de moi, je le prend dans mes bras enfonce mon visage dans le creux de son coup.
- Je dois dire que c'est le cas pour moi aussi.
Puis il s'éloigne, par obligation plus que par envie. Je le remercie mentalement.
- Bon dieu, Gabrielle. Depuis quand n'as tu pas dessiné ?
- Je ne sais plus.
- Tu n'as pas perdu la main.
- Peut-être pourrais-je vivre de ça quand tout sera fini.
Il me regarde drôlement. Ce que je viens de dire est irréel, mais cela fait du bien d'espérer. Il me sourit et acquiesce.
Ainsi, heureux de nous être réveiller et retrouver, nous entreprises de rentrer au château ensemble.

Je me sens mille fois allégée.
Il me restes désormais qu'un poids, certes important, sur la poitrine, mais finalement, rien est impossible.
Je ne sais quelle folie lui est passé par la tête de me pardonner, mais je dois avouer  qu'elle anéantie un peu plus mon idée qui se mute en un plan.
Je vais faire quelque chose, peut-être une connerie. Mais je dois avouer que j'en ai pris goût. 
Qu'ai-je à perdre ?
Si je disparaissais, Anastasia, Charlie n'aurait plus cette charge, ce boulet entre leurs mains. Ange toucherait des gains de consolation et il vivrait ainsi mieux.
Peut-être resterai-je, moi, pour toujours, hanté par le souvenir dramatique du caporal-chef.

Nous partons demain.
La hâte de la fin proche me fait tressaillir. J'attend quelque chose, j'atteins un but que j'espère inconnue à jamais pour les autres.
Je complète ma journée de la manière la plus saine possible, sport, peinture, confession, demande du pardon, laver son âme du péché, monter à cheval, et profiter de mon entourage tel un vrai modèle de pureté.
Je ne tiens pas à revenir de l'expédition, je veux qu'ils reviennent.

Cette journée défile comme une comète dans le ciel, presque invisible imperceptible et bientôt évanouie.
Je sort dehors, je veux dire à l'extérieur de l'enceinte du château pour respirer et apprécier mes dernières de paix.
« T'as quoi dans le crâne gamin ? »

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