Dignité

Chapitre 4

Le silence s'installa. Le calme intégrale dans mon esprit. Mes membres cessèrent de trembler. Il avait arrêté de me frapper. Et ce fut alors que j'entrevis ses yeux gris sous l'ombre de la capuche, brillants d'une lueur mauvaise.
Tous nous regardaient sans voix. Je les reconnaissais enfin. Hanji, Petra, Auruo...Rivaille.
- Il était question de neutraliser, non d'anéantir, reprit la voix du major Smith.
Le caporal-chef desserra enfin son emprise et souleva son corps , je retrouvais enfin mon souffle. Il s'éloigna tandis que je restais là ,étendue sur l'herbe, le visage et le corps endolori, jusqu'à l'arrivée de Charlie et Armin qui couraient vers moi pour m'aider.
Rivaille essuya lentement, minutieusement ses mains et son sabre avec une serviette blanche qu'il gardait sûrement dans sa poche. Erwin Smith le prit sèchement par l'épaule et l'entraîna à l'écart pour je ne sais quoi.

Ma tête tournait et je chancelais sur mes pieds. Hanji vint m'aborder en passant un bras dans mon dos pour me soutenir. Elle me parlait mais les mots résonnaient faux et se déversaient sur moi comme un long fleuve, sans s'arrêter.
- ... Quel désastre... il est fou.... tu verras, je vais lui passer un de ses savons.
Mais je ne voyais rien, mes jambes s'écroulèrent sous le poids de l'humanité et le néant m'enveloppa.

« Je vais l'éclater !
- Tu ne pourras rien contre lui. Regarde Gab, elle est la meilleur d'entre nous avec Mikasa, et pourtant il l'a envoyé à l'hôpital.
- Ma pauvre.
Autour de mon lit s'étaient rassemblées quelques recrus de la 104eme brigade. Je regardais de droite à gauche en me frottant le front , le temps de reprendre mes esprits. Soudain, je me redressai en m'agrippant à Charlie, et sentis mon épaule craquer et lâcher. Ma tête retomba brusquement sur l'oreille et tambourina avec mes pensées. Charlie voulut me maintenir allongée mais moi non, et je me forçais à m'assoir.
- Ça va ?
- Nous ne sommes plus dans la forêt ?
- Ça n'était qu'un exercice. Keith Shadis avait prévu de nous laisser dormir là-bas. Il voulait étudier nos aptitudes. Leur indifférence était calculée, prévint Jean.
- Oui, et l'attaque aussi, acheva Ana. Jusqu'à l'épisode Rivaille.
- Mais t'inquiète, le major ne l'a pas raté.

Je soufflais. Shadis nous avait accordé un jour de congé, et nous étions libre de nos moyens. Enfin, presque.
Peu à peu, ils quittèrent ma chambre à mon grand soulagement et je pus, de ce fait, me détendre. Respirer, penser, respirer, penser, Rivaille.

Je me levais et me dirigeais vers un miroir calé contre le mur de pierres grises. Il m'arrivait au bassin et je dû me pencher non sans grimacer pour observer mon visage ravagé. Le caporal-chef n'y était pas aller de main morte. Mais cela ne m'étonnait pas après l'écho de l'incident au tribunal, avec Eren.

La peau de mon visage oval adoptait une teinture presque violette, avec une touche de bleu et de vert. Très harmonieux, pensai-je.
L'arcade de mon sourcil droit était fendue et du sang y séchait. J'avais une autre plaie au niveaux du menton et juste en dessous de l'œil gauche. Je glissais mes doigts sur mon œil au beurre noir et des picotements se firent ressentir. Ma lèvre inférieure était tailladée et je n'osais ouvrir la bouche. Quelle affreuse mine ! Je gardais néanmoins cette certaine fierté de ne pas avoir flanché. Je soulevais mon chandail et aperçus un hématome sur mon côté gauche. La peau s'était ouverte lors d'un fameux coup de talon et avait enflé. Mon épaule droite avait doublée de volumes et deux longues entailles s'y trouvaient.

Mais j'arrivais toujours à me reconnaître, heureusement . Mes cheveux blonds, épais et bouclés, coulaient en cascade dans mon dos , et mon nez droit était temporairement affligé d'une bosse. J'avais les lèvres charnues quoique abîmées et des joues pleines et longues. Les sourcils assez gros sur une peau hâlée et mes yeux émeraudes toujours grands ouverts ne cessaient de refléter mes sentiments. Cela me portait souvent défaut. Je ne mesurais pas un mètre 75, loin de là, mais mon corps musclé et plutôt voluptueux était largement à mon goût.