Dignité

Chapitre 20

J'en avait marre.
L'envie d'hurler sur le monde entier que je le voulait mort me démangeait, et puis la sincérité qui l'entourait n'était pas totale. Mon mensonge m'explosait à la face.
Les habitants des murs étaient prétentieux et orgueilleux en insinuant que nous étions les seuls survivants du carnages titanesque. Si nos ancêtres eurent l'aimable idée de construire ces trois cages, pourquoi pas d'autres hommes sur des terres lointaines ?
Cette arrogance qui primait sur nos valeurs me révulsait.
Mais je n'étais ni mieux ni pire que mes congénères. Au même stade qu'eux, je détruisais mes rêves en espérant les océans et les montagnes.
Je n'étais pas méritante tout comme cette monarchie trompeuse.

Les événements déclenchant la calomnie s'était déroulés si allègrement, dans la rapidité monotone de la mort que je me sentais éperdue dans une vague de perdition. Les explorations douteuses; la trahison d'Annie, Bertolt et Reiner; l'apparition d'un titan bestial et imprévisible, au pouvoir incompréhensif; notre incapacité incorruptible face à l'ennemi titanesque et exaspérant ; la captivité d'Eren qui s'éraillait, et puis la chute littérale vers la destruction de tout bon sens, entr'autre, l'homme qui tue l'homme.
Le bataillon usurpé, traité en assassin et devenu clandestin, la mise à mort tragique et inévitable d'Erwin ; et la fuite implicite des soldats d'exploration menacés et hués par la cité, entraînant l'enlèvement d'Eren et Christa.
Historia ou Christa cependant ?
De toute part fusait trahison et disgrâce, malheur et lâcheté.

Et moi ? Qu'était devenu la pauvre fille désinvolte et vicieuse ? Pour toute chose, Ange avait été libéré et ramené chez lui, je n'avais eu d'autre indice que ceux-ci, avant d'être rapatriée hors-la-loi, courant les cachettes avec l'équipe du caporal-chef.
Et lui ? Que dire à part qu'il semblait me confondre avec le vent ou la pluie et qu'il me supportait hargneusement et en silence. Son ignorance m'était à tord et j'en souffrais délicatement. Hélas, notre poursuite vers la liberté nous confrontait à cohabiter durant l'épreuve de notre titre de vilain.
Je n'étais pas seule si ce n'est que Charlie ne daignait pas m'adresser un regard, il y avait près de mon cœur et mon corps Anastasia, brillante d'énergie. Mais la pression que jouait la présence de Levi sur moi me brisait et je sentais quelque peu la dépression m'envahir.
J'ai longuement pensé à m'enfuir, d'avantage qu'à ce moment présent ou notre survie dépendait de notre discrétion, je voulais dire, me carapater, sauter par dessus ses murs qui font ma prison éternelle, quitte à trouver, derrière ces barreaux, la mort.

Qu'importe la mort ici ou là-bas.
Indécise...
Tous les chemins mènent à la tragique quête, défunte, pour tout le monde et personne, mourir.
Mourir pouvait aussi bien être une bénédiction ; plus de chaîne de d'ordre, simplement et clairement la plaisante et bienheureuse fin de toute douleur, la paix insensée, inachevée. 
Pourquoi pas ?
Hélas je devais me raccrocher à quelques ficelles pour ne pas subir mes pensées macabres, ne pas craquer sous l'infortune et l'imposture.

Ma vie ne se résumait désormais qu'à protéger, au péril de ma vie, les êtres sans défenses ou incapables de riposter.
Eren et Christa, quelqu'elle soit, étaient en danger et une petite voix au fin fond de mon crâne me disait de tout abandonner, tout oublier et d'aller les sauver.

J'arrive.