Partie 1

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C'est en ouvrant ce livre que tout commença.

C'est même, en fait, dès le moment où mes mains tombèrent sur la douce reliure de cuir d'un livre qui avait vécu, qui était passé dans des mains inconnues et qui se retrouvait, là, dans les miennes, que ma vie changea de cap. Je pris conscience qu'avant moi il y a eu un monde que je ne connaissais qu'au travers de mes cours de lycée. Il y eut cet instant où je me suis dit : « Clarissa, ce que tu tiens entre tes mains, c'est quelque chose de vrai ! Ça s'est vraiment passé ! »

Pendant cet été 2010, période de vacances scolaires et d'insouciance, jamais je ne me serais imaginé que j'allais être autant bouleversée par quelques lignes manuscrites, et pourtant...

J'étais dans ma vingt et unième année et tout me souriait ! J'avais fini le lycée, j'avais eu mon bac S, au plus juste certes, mais j'avais mon diplôme en poche prête à entrer dans la vie estudiantine et à parfaire mon cursus en intégrant la faculté d'Histoire. Pourquoi cette branche des Sciences Humaines? Parce que l'Histoire avec un grand H m'avait toujours fasciné, c'était d'ailleurs les seuls cours au lycée qui arrivaient à me tenir éveillée. Les cours de matières scientifiques me plaisaient bien, mais pas autant que l'Histoire : j'aimais connaître ce qui s'était déroulé avant moi. Du passé j'aimais ce côté ancien, savoir que tout ce que je connaissais, que dans tout ce qui existait dans mon quotidien, il y avait eu un « avant » qui paraissait complètement fou à mes yeux : les grandes constructions, les découvertes, le développement des connaissances... L'Humanité avait quelque chose de fascinant et dans son Histoire, j'y trouvais un tantinet de magie.

C'était donc l'été et avec mes parents, nous n'étions pas partis sur le chemin des vacances, nous étions restés à la maison. Il est vrai que j'aurais pu partir toute seule dans mon coin, me faire une session camping party avec mes amis, mais non j'avais décliné toutes les propositions. Depuis quelques temps, je trainais ma peine et je n'avais vraiment pas la tête à faire la fiesta. Et tout cela à cause d'un garçon. Oui, j'avais eu mon petit cœur de brisé à cause de Valentin. Valentin, mon amoureux du lycée ; Valentin, le beau gosse de la classe, qui m'avait choisi parmi d'autres filles bien plus jolies, bien plus stylées, et cela depuis presque deux ans. Mais avec nos destins qui prenaient deux voies distinctes, moi à la fac d'Histoire, lui chez les Compagnons, plusieurs kilomètres allaient nous séparer et Valentin décida de me quitter car pour lui « il ne croyait pas aux relations longues distances », et toujours selon lui « que nous étions bien trop jeunes pour nous enfermer dans la monogamie par courriel ». En décodant, il fallait comprendre qu'il avait juste envie d'aller butiner ailleurs et de me laisser sur le carreau.

Et puis il y eut ce vide-grenier organisé dans notre rue. C'était des évènements qui se faisaient de temps à autre dans notre quartier, mais pour lesquels je n'avais jamais eu d'attrait. Cependant, je ne savais pas trop pourquoi, était-ce l'ennui ou la curiosité qui me fit sortir de ma chambre ? Mais toujours est-il que je me suis retrouvée à me balader entre les stands de vieilleries proposées. Je regardais, sans vraiment m'attarder, quand soudain mes yeux se posèrent sur une caisse remplie de vieux livres.

Dedans, l'on pouvait trouver de multiples bouquins aux couvertures un peu criardes avec des résumés sur des histoires sans grand intérêt : des histoires à l'eau de rose, des romans de science-fiction, des thrillers sanglants... Soudain, alors que mes mains passaient d'un livre à l'autre, je sentis sous mes doigts le grain moelleux d'une couverture de cuir, ma vue fut également surprise en voyant ce que j'avais dégoté. J'avais trouvé un magnifique livre où aucune illustration, ni aucun résumé sur la quatrième de couverture, ne venait entacher la beauté de la reliure d'un bleu profond, tellement foncé qu'il en était presque noir.

J'ouvris le livre pour en voir le contenu. A l'intérieur, ce n'était pas des caractères d'imprimerie qui noircissaient les feuilles mais une jolie écriture manuscrite, faite de pleins et de déliés, une écriture légèrement penchée sur la droite et dont l'encre s'était un peu éclaircie par endroits.

Je me mis à en lire les premières lignes :

« Je m'appelle Madeleine et ceci est mon journal. Je le débute maintenant car même si je le désir ardent d'oublier tout ce qui s'est passé durant ces dernières années, je n'ai personne à qui vraiment me confier. A part ce carnet. Il détiendra tous mes secrets. »

Sur le revers intérieur de la couverture, la dénommée Madeleine avait noté également ceci : « Bordeaux, 1945 »

Sur quoi étais-je tombée ? J'étais très intriguée de voir que ce journal datait de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et qu'en plus,celle qui l'avait écrit, avait également vécu dans la région où j'habitais actuellement. Je sortis de la poche de mon short, le premier billet qui tomba sous ma main, le tendis à la personne qui gérait le stand et partis sans attendre le rendu de ma monnaie.

J'étais tellement pressée de lire la suite.

✒📓Quand la vie s'appelait Madeleine📓✒ { Terminé }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant