✒📓Quand la vie s'appelait Madeleine📓✒ { Terminé }

Partie 13

« Arrivés à la ferme des Roche, nous nous mîmes tous à la recherche de Garance. Les Roche, Victor et moi-même avons retourné chaque pièce du corps de ferme. Aucune trace de ma fille. »

« Il faisait froid et le jour tombait si vite en cette période, comment une petite fille pourrait survivre toute seule dehors ? Désemparée, je sortais et hurlais à pleins poumons le prénom de ma fille, quitte à me briser chaque corde vocale, mais en pensant que si elle entendait ma voix, elle donnerait signe de vie. Mais rien. Ma fille n'était toujours pas là. »

« Je tombais alors à terre, mes genoux ne me soutenaient plus ; en fait je ne sentais plus du tout mon corps. A ce moment précis, je ne ressentais que sourdre en moi une inaltérable peine, la même qui avait secoué mon corps quand ma famille m'avait été enlevé. Le sort s'acharnait encore sur moi. Mes mains griffaient la terre, et je battais du poing le destin qui jouait avec moi comme un fétu de paille pris dans le vent. Je n'étais plus qu'un grand cri de désespoir, priant le ciel, que me soit rendue ma Garance. »

« Vint alors pour me relever Victor qui m'avait suivi jusqu'à l'extérieur et, avec toute la douceur qui le caractérisait, il me ramena à l'intérieur pour que je calme mes nerfs et que je me réchauffe. La nuit commençait à tomber et le froid mordait au travers des vêtements. Je ne voulais pas rester sans rien faire, résistant à Victor et aux Roche qui me sommaient de demeurer dans la maison, il est vrai que je n'étais pas dans mon état normal pour les aider. Alors, seuls, ils continuèrent à battre la campagne et à fouiller chaque recoin pour retrouver ma fille. »

« Alors que je me rongeais les sangs, et que mon esprit divaguait sur ce qui pouvait être arrivé à ma fille, - imaginant même le pire - j'entendis qu'il se passait quelque chose dehors : des pas précipités et des cris avaient comblé le calme angoissant de la fin de la journée. Peu après, je vis Victor entrer précipitamment, tenant dans ses bras une forme emmitouflée dans une couverture... C'était Garance ! Victor avait retrouvé ma fille ! »

« Quand je la pris dans mes bras, je vis que les lèvres de sa petite bouche étaient légèrement bleues. Elle était transie de froid. Nous la recouvrîmes de toutes les couvertures les plus épaisses que nous possédions et nous l'installâmes au plus près du feu, pour qu'elle puisse se réchauffer et retrouver des couleurs. Elle était toute sale, recouverte de foin et d'excréments. Je compris alors où ma fille avait passé sa journée. Victor me confirma le lieu où il l'avait récupérée : elle s'était retrouvée dans la petite cabane qui servait de poulailler. Et la journée passant, elle avait dû s'endormir au milieu du foin et des poules. Cela ne me surprit qu'à moitié, son entrain à courir après tous les animaux de la ferme l'avait très certainement amenée à suivre l'une de nos volailles. L'endroit n'avait pas été exploré de suite par nos soins, car l'ouverture était assez étroite pour un adulte, mais suffisamment grande pour une toute petite fille. En revanche, nous n'avions pas compris pourquoi elle n'avait pas su ressortir du poulailler. Mais pour l'heure, je m'en fichais, ma fille m'avait été rendue et je le devais à une seule et unique personne : Victor. »

« A partir de cette mésaventure, ma gratitude envers lui fut sans bornes. »

« Garance mit seulement quelques jours à se remettre de cet épisode traumatisant, mais de mon côté, je mis bien plus de temps à m'en guérir : je ne voulais plus me séparer d'elle. Je la suivais, ne lui laissant plus l'occasion d'être éloignée de moi ; ce qui avec le recul, ne fut pas une très bonne idée, car ma fille devint une petite fille tête brûlée et capricieuse. »

« Chaque jour, elle mettait mes nerfs à rude épreuve, faisant de plus en plus de bêtises et piquant des crises quand elle n'avait pas ce qu'elle désirait ou quand j'élevais un peu trop la voix. Mais le souvenir de sa fugue, me faisait tout lui pardonner. »