Amis, Amants, Ennemis {Terminée}

CHAPITRE 11 : Soutien Moral

Tom était passé voir Charlie dans son bureau, la veille, pour lui annoncer qu'il passerait la chercher chez elle à dix-sept heures, et ils feraient la route ensemble jusqu'au café où son père lui avait donné rendez-vous.

A quinze heures trente, elle était déjà prête, et complètement stressée. Elle ne savait pas à quoi s'attendre. Elle aurait voulu demander des détails concernant le père de Tom à Eva, mais elle ne lui avait pas dit qu'elle accompagnait Tom, et de toutes façons, Eva lui aurait annoncé qu'elle ne dirait rien, que c'était à Tom qu'il fallait demander. Elle connaissait son amie par cœur.

À dix-sept heures piles, on sonna à sa porte et Charlie sursauta. Elle suivit Tom à l'extérieur de l'immeuble, puis jusqu'à sa voiture, en silence.

À mi-chemin, elle soupira. Tom lui jeta un coup d'œil avant de se re-concentrer sur la route.

– Un souci ?

– Je pensais que tu m'aurais expliqué la situation un minimum, avoua-t-elle.

Elle pensait qu'il soupirerait, irrité. Au lieu de ça, les yeux rivés sur la route, il commença à parler :

– Mes parents se sont séparés quand ma mère a découvert que mon père avait une deuxième famille.

– Oh.

Que pouvait-elle dire d'autre ?

– Elle l'a confrontée, et il les a choisis. Voilà pour la version courte.

– Les autres sont au courant.

Ce n'était pas une question ; Charlie comprenait mieux la réaction de David et Eva, maintenant. Tom hocha la tête et poursuivit :

– À l'époque, j'en ai seulement parlé à David. Dan et Liam ont été mis au courant deux ans après, la seule et unique fois où il a essayé de reprendre contact. Et je suppose qu'à ce moment là, Eva leur a tiré les vers du nez pour savoir pourquoi j'étais dans un état pareil.

– Je peux te demander comment ta mère a su ?

– Je sais pas si tu te souviens de mon père, ou quelle impression tu avais de lui, à l'époque, mais en tout cas, lui et moi, on s'est jamais vraiment entendu. Il était souvent absent, et je suppose que ma mère a toujours eu des doutes concernant sa fidélité. Quand le mari d'une de ses amies lui a dit avoir croisé mon père dans un supermarché avec ses neveux, elle a trouvé ça étrange, puisqu'il n'a pas de neveux, expliqua Tom. T'aurais pas voulu assister au repas chez moi, ce soir-là, ajouta-t-il sur un ton plaisantin qui fit ciller Charlie.

À nouveau, Tom la regarda du coin de l'œil.

– Je sais que c'est le genre de choses qui arrive que dans les mauvais téléfilms, normalement. Et je t'ai jamais rien dit parce que j'en voyais pas l'intérêt. On n'était pas proche.

Charlie hocha la tête lentement. Elle était d'accord avec lui, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir blessée d'être la seule à ne pas avoir été mise dans la confidence. Ils se connaissaient déjà depuis des années, quand tout s'était déroulé, et même s'ils n'avaient jamais été les meilleurs amis du monde, il fallait avouer qu'au fond, elle tenait quand même à lui. Tom redevint silencieux, alors elle se tut également.

Tom se gara près du café, où ils entrèrent. Charlie suivit Tom jusqu'à une table dans un coin retiré, et ils prirent place. Il vérifia l'heure une bonne dizaine de fois, son pied tapant nerveusement sur le sol, et Charlie finit par poser la main sur son genou pour immobiliser sa jambe, légèrement agacée. Il leva les yeux vers elle, désolé. Elle ne l'avait jamais vu si anxieux. Elle fit de son mieux pour le rassurer du regard, et serra même ses doigts dans sa main. Un serveur vint prendre leur commande, et enfin, un homme qu'elle reconnut comme le père de Tom, plus vieux de quelques années, s'approcha de leur table.