Un mois passa. Août avait fait place à Septembre, le ciel nuageux remplaçant ainsi les journées ensoleillées.
Charlie aurait aimé pouvoir dire que les avertissements de Dan lui étaient sortis de la tête, mais ç'aurait été mentir. Elle évita Tom autant que possible, après leur retour de week-end. Si elle le voyait arriver au bout d'un couloir, au travail, elle faisait demi-tour. Il n'y avait pas eu beaucoup de soirées au bar, ce qui lui avait également facilité la tâche.
Elle aurait voulu arrêter de penser à lui, mais elle n'y arrivait pas, elle qui avait pourtant rêvé de lui planter une fourchette dans l'œil, quelques mois auparavant.
Elle avait repensé à leur rencontre, en maternelle, quand il lui avait tiré les cheveux parce qu'elle ne voulait pas lui prêter un crayon rouge. Depuis ce jour, ils n'avaient jamais réussi à s'entendre. En primaire, il s'était amusé à lui voler sa corde à sauter ; elle lui avait caché son ballon de foot. Au collège, il copiait ses devoirs sans la remercier ; elle n'hésitait pas à le pointer du doigt quand un prof demandait qui perturbait le cours. Au lycée, il se moquait d'elle quand elle avait le béguin pour le beau garçon de la classe. Son esprit de vengeance avait frappé lorsqu'elle était allée avouer à l'une de ses petites copines qu'elle n'était pas la seule qu'il voyait. Il s'était mis en colère. Elle lui avait fait comprendre qu'il devait lui ficher la paix, s'il ne voulait pas que ça se reproduise.
Ça avait fonctionné, pendant un temps. Elle avait pensé qu'une fois à la fac, elle serait tranquille. Erreur. Il s'était inscrit pour suivre le même cursus qu'elle, et ils s'étaient retrouvés à partager pas mal de cours. Elle avait alors pensé qu'il prendrait en maturité, arrivé à la vingtaine, mais ses réflexions n'étaient devenues que plus éloquentes. Elle s'était toujours défendue, évidemment. Elle ne le laissait pas s'en sortir indemne.
Et puis il avait fallu qu'il pose les yeux sur elle et la regarde comme s'il ne l'avait jamais vraiment vue avant.
Charlie secoua la tête pour se sortir de ses pensées, avant de se remettre à rejouer le film de la nuit qu'ils avaient passée ensemble pour la énième fois. Tant bien que mal, elle reporta son attention sur le dossier sur lequel elle travaillait.
Lorsqu'on toqua à la porte de son bureau ce Vendredi soir, Charlie s'attendait à ce que ce soit l'une de ses collègues venue lui souhaiter un bon week-end, mais quand elle leva la tête, c'était Tom qui était appuyé au chambranle de la porte, bras croisés et fin sourire aux lèvres. Elle déglutit difficilement, toutes sortes de scénarios ridicules lui passant par la tête : avait-il deviné ses pensées ? Ou pire, lu ses pensées ? Pourvu qu'elle n'ait pas parlé à voix haute ! Elle se gifla intérieurement ; « Bon sang, reprends-toi ! » et s'éclaircit la voix.
– Qu'est ce que tu veux ?, demanda-t-elle d'un ton qui se voulait détaché, en faisant mine de chercher quelque chose dans ses papiers.
– Tu fais des heures sup' ?
Charlie fronça les sourcils et regarda l'heure. Dix-huit heures quarante. Elle n'avait pas vu l'heure tourner. Elle haussa les épaules puis se dit que lui aussi était toujours au bureau.
– Et toi ?, rétorqua-t-elle alors.
– J'avais rien d'autre à faire. Jusqu'à maintenant.
– Quoi, pas de rendez-vous ce soir ?, plaisanta Charlie, faussement abasourdie. Si jamais t'es à court de nanas à inviter, tu sais que Brianna, au service compta, donnerait n'importe quoi pour que tu lances un regard dans sa direction ?
– Pas intéressé.
Charlie, étonnée, leva un sourcil et Tom fit un pas à l'intérieur du bureau, mains dans les poches, son air décontracté le rendant terriblement sexy. Elle fit de son mieux pour que ses pensées ne se lisent pas sur son visage.
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Amis, Amants, Ennemis {Terminée}
ChickLitCharlie connaît Eva et David depuis vingt ans. Le soir de leur mariage, le cœur brisé puisque fraîchement larguée, Charlie passe la nuit avec Tom, qu'elle connait depuis aussi longtemps que les autres... et déteste. Pour sortir de sa déprime post...