Amis, Amants, Ennemis {Terminée}

CHAPITRE 26 : Bonne Année (1)

Ils passèrent la première partie de la soirée à échanger sur les derniers mois passés sans Dan – qui fut bien évidemment informé de tout ce que les autres savaient concernant Charlie et Tom, au grand dam des deux principaux intéressés.

Dan ne rata pas une occasion de donner un coup de coude à Charlie, avant d'arquer les sourcils dans sa direction, l'air de dire « Tu vois, j'avais raison ! », et Charlie leva les yeux au ciel, avant de voir que Tom s'était enfoncé dans son fauteuil et fixait son verre d'un air absent.

Pendant que les autres étaient occupés à discuter bruyamment, Dan se pencha vers Charlie.

– Il a pas réussi à résister à ton charme, hein ?, lui demanda-t-il à voix basse.

Charlie lui donna un coup de coude avant de hausser les épaules, et Dan soupira.

– Tu lui as interdit de te toucher pendant un mois ? Pourquoi il fait une tête pareille ?, s'enquit-il en jetant un œil à Tom.

Il était à l'autre bout de la pièce pour regarder quelque chose sur le téléphone de David, et son sourire n'atteignait pas son regard.

Charlie raconta à Dan les grandes lignes de leur histoire à voix basse (du soutien moral après le rendez-vous avec Bob au « contrat » qu'ils avaient passé, sans oublier le changement de comportement de Tom et leur dernière conversation, à Noël), et Dan fronça les sourcils.

– J'suis pas sûr de comprendre ton raisonnement. Si tu l'apprécies, pourquoi tu tentes pas ta chance ?

Charlie lança un regard à Liam, assis à table, qui tenait Izzie par la taille et lui parlait avec un immense sourire aux lèvres. Dan suivit son regard, avant de se tourner vers elle à nouveau, une expression perplexe sur le visage.

– Quoi, t'aimes encore Liam ?

Charlie secoua la tête et plongea les yeux dans son verre presque vide. Elle aurait voulu que ce soit aussi simple que ça : aimer encore Liam pour pouvoir expliquer pourquoi elle rejetait Tom, mais c'était plus compliqué. Elle avait attrapé des sentiments pour Tom Fleming, il s'était épris d'elle, elle était terrifiée à l'idée qu'il lui brise le cœur.

– Il m'a fallu des mois pour sortir de ma déprime post-rupture, et je veux pas repasser par là.

– T'as la frousse, alors ?

Elle remua la tête en grimaçant pour montrer à Dan qu'il avait raison et il soupira, prêt à parler, mais David l'appela pour qu'il les rejoigne.

Charlie en profita pour passer aux toilettes, espérant que cinq minutes à l'écart de tout le monde lui remettrait les idées en place, mais quand elle ouvrit la porte de la salle de bains pour ressortir et qu'elle vit Tom se tenir devant elle, son tourment revint au galop.

Il posa les mains sur ses bras pour la ramener à l'intérieur de la salle de bains, entra et verrouilla la porte derrière lui, avant de se tourner vers une Charlie totalement confuse, au corps parcouru de frissons provoqués par le simple contact avec la peau de Tom.

– Qu'est-ce que tu fais ?, arriva-t-elle à articuler quand Tom s'approcha d'elle.

Il lui prit la main et souleva le bras de Charlie pour le mettre au niveau de ses yeux. Elle fronça les sourcils.

– Quoi ?, demanda-t-elle, perdue.

– Ne me dis pas que tu ressens rien, déclara-t-il en pointant du doigt les poils hérissés et la chair de poule sur son avant-bras.

Charlie se mordit la lèvre alors que son cœur battait si fort qu'elle crut qu'il allait exploser hors de sa poitrine. Elle fit de son mieux pour se conserver une contenance, et déglutit avant de trouver la force de retirer son bras de la main de Tom.

– Tu m'as enfermée dans la salle de bains juste pour me montrer mon bras ?, railla-t-elle d'un ton si assuré qu'elle se surprit elle-même.

– Non. Je suis venu te donner ça, dit-il en sortant une petite boîte en velours bleu de sa poche.

Il l'examina en silence avant de la tendre à Charlie, en essayant de contrôler les tremblements nerveux qui agitaient sa main.

– Je devais te le donner la dernière fois, mais j'en ai pas eu l'occasion, dit-il un peu sèchement. Joyeux Noël en retard, Charlie, ajouta-t-il ensuite, radouci.

Le cœur de Charlie fit un bon dans sa poitrine en entendant son prénom, et elle cligna des yeux plusieurs fois pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.

Tom déposa la boîte dans sa main et elle dut se concentrer pour chasser son trouble. Elle fixa le velours bleu, stupéfaite, avant de relever les yeux vers Tom, muette comme une carpe. Il lui désigna la boîte du menton pour l'encourager à l'ouvrir, et elle se décida enfin à regarder à l'intérieur de l'écrin, qui renfermait une paire de boucles d'oreille – deux simples perles blanches.

– Les mêmes qu'Eva..., souffla Charlie, en passant le doigt sur une des boucles.

– T'as fait que répéter que tu voulais les mêmes, quand on a fait les photos, expliqua Tom, en haussant les épaules.

Charlie leva les yeux vers lui, surprise qu'il se soit rappelé de ce détail. Eva avait porté les mêmes boucles d'oreille, le jour de son mariage et Charlie les avait adorées, malgré leur simplicité. Tom s'était énervé quand elle avait dit à Eva pour la énième fois qu'elle devait lui donner l'adresse de la bijouterie dans laquelle elle les avait achetées.

– Comment..., commença Charlie.

– J'ai demandé à Eva. J'ai dit que c'était pour ma mère, dit-il d'un ton léger, fier de ses manigances.

Charlie pouffa, avant de reporter son regard sur l'écrin. Se pouvait-il qu'elle se soit trompée sur lui ?

– Je n'ai rien pour toi, je...

– Merci suffira, la coupa Tom.

Charlie aurait pu le serrer dans ses bras. L'embrasser. Le plaquer contre la porte et lui faire des choses inavouables. Mais elle resta immobile, entre le lavabo et la baignoire, les yeux rivés sur lui, incapable de prononcer un mot tellement elle était surprise par le Tom qu'elle avait appris à connaître.

– Merci, Tom, réussit-elle enfin à murmurer, et Tom esquissa un sourire, prêt à s'avancer vers elle, avant qu'on ne frappe à la porte.

– Charlie ? T'as disparu depuis un moment, tout va bien ?

Elle réussit enfin à détourner le regard et s'éclaircit la voix, alors que Tom se retournait pour déverrouiller et ouvrir la porte.

– Sympa d'avoir remarqué que j'avais disparu aussi, mec, railla Tom, en passant devant Liam pour retourner au salon, sans oublier de lancer un dernier regard à Charlie par-dessus son épaule.

Liam ouvrit la bouche, surpris de le voir, avant de tourner la tête vers Charlie, toujours debout au milieu de la salle de bains, bouleversée, les organes internes liquéfiés.

Le regard inquiet que lui lança Liam la sortit de sa stupeur, et elle avança vers lui pour sortir à son tour. Il posa la main sur son épaule pour l'arrêter, le front plissé.

– Ça va ?

Charlie baissa les yeux sur le boîtier en velours qu'elle tenait toujours, avant de relever la tête vers Liam pour lui assurer que oui, tout allait bien. Liam jeta un coup d'œil à ce qu'elle avait dans les mains, avant de la regarder à nouveau, sourcils froncés. Elle esquissa un sourire et alla déposer l'écrin sur sa table de chevet, ignorant la mine perplexe de Liam. Elle retourna au salon, croisa le regard de Tom, qui lui fit un sourire, et elle se sentit rougir. Elle alla se rasseoir sur le canapé et fut rejointe par Eva, qui l'observa en plissant les yeux avant de jeter un œil à Tom.

– Qu'est-ce que vous faisiez ?, interrogea-t-elle, suspicieuse.

Charlie haussa les épaules, un sourire en coin sur les lèvres, un air ingénu sur le visage, mais ne dit rien, préférant garder ce moment avec Tom rien qu'entre eux – pour une fois.