Amis, Amants, Ennemis {Terminée}

CHAPITRE 22 : Le Sapin de Noël de Tom Fleming (1)

Charlie pinça les lèvres pour retenir un bâillement : cela faisait vingt minutes qu'elle était debout devant l'ascenseur, à n'écouter qu'à moitié Susan – alias Commère Numéro Un, sa collègue la plus bavarde – lui raconter tout ce qui s'était passé au bureau dernièrement. Charlie hochait la tête de temps en temps pour montrer qu'elle l'écoutait un tant soit peu, tandis que Susan lui rapportait tous les détails qu'elle connaissait concernant la grossesse non désirée d'une des employées.

Charlie voulait rentrer chez elle. Elle n'en avait rien à faire, de l'herpès de la secrétaire du comptable, tout comme elle se fichait bien de savoir ce qu'avait déjeuné l'assistant informatique. Elle avait fini tout son travail à temps pour partir à dix-huit heures piles, et elle avait eu le malheur de croiser Susan en sortant de son bureau. Elle consulta son téléphone. Dix-huit heures vingt-cinq. Elle aurait pu être en train de se garer en bas de chez elle, à cette heure-ci.

– Bonsoir, Susan.

Cette dernière s'arrêta de parler, quand Tom se posta entre elle et Charlie pour appuyer sur le bouton d'appel de l'ascenseur. Il pivota vers Charlie, un léger sourire en coin sur le visage, et elle pria pour qu'il lui vienne en aide.

– Simmons, sourit-il, en tournant toujours le dos à Susan, qui les observait maintenant, en espérant sûrement pouvoir tirer une ou deux histoires inventées de leur rencontre devant l'ascenseur, dont les portes s'ouvrirent.

Tom mit un pied à l'intérieur, salua Susan d'un hochement de tête, avant de se tourner vers Charlie.

– J'aurais besoin de te parler du dossier Kauffman, déclara Tom, et Charlie fronça les sourcils un quart de seconde, avant de comprendre qu'il lui offrait une issue de secours.

Elle hocha la tête vivement et suivit Tom à l'intérieur de l'ascenseur, dont les portes se refermèrent, laissant enfin Charlie échapper au moulin à paroles qu'était Susan.

– Merci beaucoup, souffla-t-elle, et Tom pouffa.

Charlie s'appuya contre la paroi, et Tom lui fit face.

– Tout va bien ? T'as l'air fatiguée.

Charlie remua la tête et esquissa un sourire, toujours surprise qu'il s'inquiète pour elle.

– Tu veux venir à la maison ? J'avais prévu de commander une pizza, proposa Tom.

Charlie pesa le pour et le contre.

Elle était épuisée, et elle voulait rentrer chez elle et dormir. Il était aussi sûrement plus raisonnable d'éviter Tom, après l'étrange manière dont il s'était comporté avec elle le week-end précédent, quand il était malade.

Mais elle voulait aussi passer du temps avec lui. Il s'était écoulé à peine une semaine depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, et elle se trouva à penser que c'était trop long, ce qui lui parut bizarre.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, Tom la fixa un instant, et elle se rendit compte qu'elle ne lui avait même pas répondu. Elle hocha la tête et Tom lui sourit.

Charlie le suivit donc en voiture jusqu'à chez lui. Tom l'attendit en bas de l'immeuble et elle vit son visage s'illuminer quand elle s'approcha de lui. Elle se demanda s'il était simplement content de savoir qu'il coucherait peut-être ce soir, ou s'il était réellement, sincèrement heureux de passer une heure ou deux avec elle, en toute amitié.

Elle marcha derrière Tom en silence, et lorsqu'ils furent à l'intérieur de son appartement, Charlie alla s'asseoir sur le fauteuil, toujours muette, et Tom la dévisagea un instant.

– T'es pas très bavarde, ce soir.

– Il fut un temps où ça ne t'aurait pas dérangé, sourit-elle.