Quand Mike décida qu'il était grand temps de partir, il se leva, et remercia Tom et Michelle. Charlie l'imita, alors que Michelle se levait pour rentrer chez elle, elle aussi. Ils se retrouvèrent à quatre dans le couloir, à se dire au revoir dans tous les sens. Mike ouvrit la porte, et quand Michelle le suivit dans le couloir, Charlie donna les clés de sa voiture à son père avant de l'informer qu'elle arriverait dans quelques minutes, promis. Mike haussa les épaules et disparut avec Michelle.
Charlie referma la porte de l'appartement, avant de faire face à Tom, anxieuse, les nerfs en pelotes. Les mains dans les poches de son jean, il plissa les yeux, avant de venir se mettre devant elle, laissant à peine une vingtaine de centimètres entre eux.
– Ton père n'attendrait pas si longtemps, tu sais, dit-il en glissant une main dans son cou.
Charlie dut prendre sur elle. Elle ne devait pas flancher. Elle devait... absolument... lui parler, se dit-elle, alors que Tom déposait plusieurs baisers brefs sur ses lèvres.
Elle finit par répondre à un de ses baisers avant de reprendre ses esprits, puis le repoussa doucement.
– Qu'est-ce qu'il y a ?, demanda Tom, confus.
– Je dois te parler.
Tom recula d'un pas, croisa les bras sur son torse et attendit, pendant que Charlie cherchait ses mots. Comment allait-elle aborder le sujet sans paraître totalement imbue d'elle-même ?
– Ta mère a remarqué la façon dont tu me regardais, dit-elle.
Cela semblait être un bon commencement, mais Tom laissa échapper un rire léger, et elle sentit son estomac se nouer de nervosité.
– Et ?
– Et c'est pas la première personne qui m'en parle. Déjà cet été, Dan avait trouvé ton comportement étrange.
– Je vois pas où tu veux en venir, Simmons, répondit Tom en plissant les yeux, en essayant de cacher son trouble à l'idée que Dan ait pu, lui aussi, deviner ses sentiments bien avant que Tom ne se doute de quelque chose.
Charlie se mordit la lèvre. Elle avait un infime espoir que tout le monde se soit trompé sur la nature des sentiments de Tom, et elle avait peur d'avoir tort en abordant le sujet, peur de vexer Tom et de le repousser, au moment où ils devenaient enfin amis.
– Quand on a commencé... ça... tout ça, dit-elle en les montrant tous les deux de la main, on s'est mis d'accord sur une chose : ce n'était pas une relation amoureuse. Pourtant, ces dernières semaines, j'ai l'impression que tu... que tu as oublié ce détail, déclara-t-elle d'un ton peu assuré.
Tom la dévisagea, toujours perplexe, avant de comprendre ce qu'elle insinuait.
– Est-ce que tu es en train de dire...
– Est-ce que tu m'aimes ?, coupa Charlie, terriblement gênée de poser cette question à voix haute, complètement paniquée à l'idée de paraître ridicule.
Tom cilla, ouvrit la bouche et la referma.
Il ne pouvait pas la contredire, parce qu'au fond, lui-même se demandait la même chose. Ce n'était pas quelque chose qu'il avait déjà ressenti. Il n'était jamais passé par la case amour. Quand les filles avec qui il était lui avouaient leurs sentiments, il était temps pour lui de mettre un terme à leur relation. Un psy aurait probablement fait un lien entre l'abandon de son père et sa non-envie d'engagement ; il préférait se dire qu'il s'épargnait crises de jalousie et autres disputes ridicules. Tant pis pour toutes celles qui avaient eu le malheur de s'éprendre de lui. Il n'avouerait pas tout de suite à voix haute que, peut-être, pour la première fois de sa vie, il était possible qu'il ait dépassé le stade de l'appréciation. Il n'avait même pas hoché la tête pour montrer à Charlie qu'elle avait raison.
– Ce serait si problématique que ça ?, finit par lui demander Tom, d'un ton faible qu'il détesta.
– Oui !, s'exclama Charlie immédiatement.
Le silence de Tom avait été suffisant pour que les doutes de Charlie soient confirmés, et il fallait maintenant qu'il lui pose cette question... Elle se massa les paupières doucement. Que devait-elle faire ?
Tom cligna des yeux, surpris par sa franchise et son ton sec.
– Tu vas me dire que toi, tu ressens rien ?, rétorqua-t-il en s'approchant d'elle, rien que pour voir sa poitrine se soulever plus rapidement au rythme de sa respiration accélérée, et lui montrer qu'elle ne lui était pas insensible.
– Je..,. commença Charlie, avant de s'interrompre quand Tom mit la main sur sa taille.
– Tu crois que si je te savais indifférente, on en serait là ?
– Je peux pas, déclara-t-elle en repoussant la main de Tom.
– Et pourquoi ça ?, interrogea Tom, une pointe de vexation dans la voix.
– Parce que je veux pas qu'on me bousille le cœur à nouveau. J'ai assez donné, cette année.
– Qu'est ce qui te fait croire que je vais te bousiller le cœur, pour reprendre tes mots ?
Charlie lui lança un regard entendu, une moue contrariée sur le visage. Combien de filles différentes avait-elle vues à son bras ? Elle ne voulait pas être un nom de plus sur son tableau de chasse.
Tom sembla comprendre où elle voulait en venir, et il pinça les lèvres, blessé qu'elle pense si peu de lui, honteux d'avoir traité la gente féminine avec tellement peu de respect que Charlie ne voulait même pas lui laisser une chance de faire ses preuves avant de le rejeter.
– Je crois qu'on ne devrait plus se voir.
Si une tonne de briques était tombée sur Tom, il se serait senti mieux qu'en entendant ces quelques mots. Tout mais pas ça.
– Simmons...
Elle ferma les yeux et serra les mâchoires, prenant sur elle pour ne pas lui hurler à nouveau qu'elle s'appelait Charlie, et Tom se mordit la langue d'avoir encore dit ce qu'il ne fallait pas.
– Mon père m'attend, dit-elle à la place, en se tournant vers la porte.
Elle allait l'ouvrir quand Tom, en dernier recours, se plaqua contre son dos et posa les mains sur son ventre, avant de l'embrasser dans le cou. Il se sentait complètement idiot et il savait très bien que ce genre de geste n'était pas correct, mais il put sentir la respiration de Charlie se saccader à nouveau. Il ferma les yeux, incapable de croire qu'elle n'avait aucun sentiment pour lui.
Pendant un instant, Charlie pensa abandonner, se laisser aller contre lui, avant de se rappeler de l'état dans lequel elle était, après sa rupture avec Liam. Il lui avait fallu des semaines, des mois, même, pour se remettre de toute la peine que la séparation lui avait causée. Elle ne voulait pas avoir à souffrir encore, quand Tom se lasserait d'elle, ou se rendrait compte qu'il l'appréciait mais ne l'aimait pas, comme ç'avait été le cas pour toutes ses petites amies précédentes.
– S'il te plaît, Tom, supplia-t-elle, et il laissa retomber ses bras et se recula pour la laisser partir, la mort dans l'âme.
Lorsque Charlie monta dans la voiture, son père la regarda d'un drôle d'œil.
– Tu en fais, une tête. Tout va bien ?
Charlie hocha la tête distraitement en démarrant, le cœur en vrac, se demandant si elle avait fait le bon choix.
– C'est Tom ?
Charlie émit un grondement sourd et son père leva les mains, comme pour dire qu'il n'y était pour rien, lui, et à la mine renfrognée que Charlie affichait, il décida de ne pas lui demander si Tom et elle étaient plus qu'amis, comme il l'avait pensé en voyant les coups d'œil que Tom lui avait jetés tout au long du repas...
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Bon, allez, pour vous remercier d'avoir fait grimper cette petite histoire au #3 dans la catégorie Chick-lit (!!), voici un chapitre bonus :)
Il ne reste plus que 9 chapitres avant la fin, maintenant, alors profitez bien de votre lecture :p
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Amis, Amants, Ennemis {Terminée}
ChickLitCharlie connaît Eva et David depuis vingt ans. Le soir de leur mariage, le cœur brisé puisque fraîchement larguée, Charlie passe la nuit avec Tom, qu'elle connait depuis aussi longtemps que les autres... et déteste. Pour sortir de sa déprime post...