CHAPITRE 29 : Femme Toquée Retrouvée Morte Étouffée par Robe Hors de Prix

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Charlie se sentait ridicule.

Complètement, totalement, ridicule.

Elle avait envie que son plan fonctionne, et d'un autre côté, elle se disait qu'elle comprendrait, s'il ne marchait pas. Parce qu'on était le premier Janvier, qu'il faisait un froid de canard à l'extérieur, et qu'elle était assise dans sa voiture, portant sa robe de demoiselle d'honneur dos-nu en mousseline légère et ses boucles d'oreilles en perles.

Seule une personne avec un grave manque de jugement était capable d'une telle chose.

Charlie se pencha sur le volant pour regarder le bâtiment qui s'élevait devant sa voiture. Elle pouvait toujours changer d'avis. Faire demi-tour. Rentrer chez elle, se mettre en pyjama et ne parler à personne de ce qu'elle avait été sur le point de faire. Elle aurait été la seule à savoir qu'elle était complètement folle.

Elle jeta ensuite un coup d'œil au sac qu'elle avait préparé et qui l'attendait sur la banquette arrière, au cas où. Ça aussi, ç'avait été courageux, de rassembler les affaires qui lui seraient nécessaires pour se préparer le lendemain matin. Ou stupide, qu'en savait-elle ?

Elle se regarda une dernière fois dans le rétroviseur, prit une grande inspiration avant d'expirer lentement, ferma les boutons de son manteau et sortit de sa voiture. Elle pria pour ne croiser personne dans les couloirs, certaine qu'elle ferait demi-tour et partirait en courant si quelqu'un la voyait comme ça, la jupe de sa longue robe traînant au sol sous son manteau.

Arrivée au bon étage, son cœur se mit à battre de plus en plus vite, si bien qu'elle crut pendant un instant qu'il allait la lâcher et qu'elle mourrait sur place. On la retrouverait sous un amas de mousseline et on se moquerait d'elle. Elle voyait déjà l'histoire faire les gros titres sur Internet : « Une femme complètement toquée retrouvée morte étouffée par une robe hors de prix. ».

À quelques portes de sa destination, Charlie s'arrêta, retira son manteau à contrecœur en frissonnant de froid (et de nervosité), et avança jusqu'à la bonne porte en espérant qu'il soit rentré, au moins. Elle n'avait pas pris le temps de chercher sa voiture, en bas. Elle avait mis du temps à se préparer, et il devait normalement être là, mais peut-être avait-il décidé de passer la nuit chez une de ses nombreuses anciennes conquêtes. Charlie secoua la tête et se maudit d'avoir ce genre de pensées. Elle leva la main, prit une longue inspiration, eut l'horrible impression qu'elle allait se vomir dessus tellement elle était nerveuse, expira lentement, et frappa. Les deux minutes qui la séparèrent de l'ouverture de la porte furent les plus longues de sa vie.

Lorsque Tom ouvrit le battant en grand, en boxer, sortant clairement du lit vu ses cheveux ébouriffés, Charlie se rassura en se disant que le ridicule ne tuait pas. Tom la regarda de la tête aux pieds pour revenir vers son visage, haussa un sourcil confus, et elle crut mourir sur place d'embarras. Elle sentit ses joues chauffer de gêne, alors que Tom restait silencieux, et elle se demanda s'il était possible de s'enfuir en courant tout en restant discrète.

– Je peux savoir ce que tu fiches ?, demanda enfin Tom, complètement incrédule et surpris.

– J'en ai aucune idée, souffla Charlie. Je crois que je suis venue te dire que je veux qu'on essaye... quelque chose ? Toi et moi ?

– T'as pas l'air certaine de ce que tu dis, rétorqua Tom en plissant les yeux.

Etait-il en train de rêver ? Ou est-ce qu'elle était vraiment devant lui, avec cette robe totalement inapproprié pour la saison, qui lui allait terriblement bien et qu'il voulait pourtant lui retirer sur-le-champ, encore une fois ?

Amis, Amants, Ennemis {Terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant