Shakespeare un jour a dit "Ces plaisirs violents ont des fins violentes, dans leurs excès ils meurent, tels la poudre et le feu, que leurs baiser consument." Jamais n'a été prononcé plus universelle vérité. Ces plaisirs violents ne sont que passion qui se consume avant même d'avoir pris feu. Alexander et Olivia en frémissaient presque car, allongés là à se regarder pendant de longues heures, le désir bourdonnant dans chaque parcelle de leur corps, ils ne pouvaient espérer se toucher sans que la passion se consume devant eux, sans qu'ils n'y puissent rien. Le bonheur des premiers jours leurs échappaient déjà alors que tout ne faisait que commencer...

Les prémisses d'histoires d'amour sont toujours idylliques. Et, n'ayant jamais établi résidence assez longtemps quelque part, Olivia Eames se laissait portée dans les bras puissants d'Alexander sans trop réfléchir.
Certes, elle se raidissait de temps en temps à un croisement de rue, lorsqu'elle apercevait de petits yeux gris et une tignasse blonde oxydée. Mais elle détournait les yeux et soufflait pour reprendre le contrôle de ses émotions avant de poursuivre son chemin. Puis elle rentrait, et à peine passait-elle le seuil de la porte d'entrée, qu'elle était entourée par l'étreinte virile et chaude de son amant.
- Bonjour à toi aussi, sourit-elle contre ses lèvres humides.
Alexander laissa échapper un léger rire qu'elle adorait, il ne riait pas assez souvent.
- Tu ne m'as pas attendue ! s'indigna-t-elle en passant la main dans ses boucles trempées et soyeuses.
De ses deux paumes, elle savoura la chaleur fraîche qui perlait sur son torse musclé.
- Je suis allé courir, avança-t-il en la tenant serrée contre lui.
- Et depuis quand c'est une excuse ?
En souriant, elle haussa un sourcil, puis elle tira sur ses cheveux avant d'unir de nouveau sa bouche à la sienne. Il sentait bon, désespérément bon l'homme et le gel douche aux effluves boisées. Mais elle préférait infiniment son odeur à lui, celle qu'il laissait sur les draps, sur sa peau palpitante après l'amour.
- Tu sais que j'adore ton odeur Alexander, murmura-t-elle en caressant des dents la ligne droite de sa mâchoire contractée.
Tout en l'aguichant, comme si elle avait besoin d'employer ce genre de moyen pour l'exciter, elle fit glisser ses doigts sous la serviette éponge qui tenait à peine sur ses hanches.
- Olivia, gronda-t-il.
Et lorsqu'elle s'empara de son érection palpitante, elle lui adressa un regard innocent, écarquillant ses grands yeux noisette comme si elle ne savait pas l'effet qu'elle lui faisait.
- Tu vas me tuer, jura-t-il entre deux grognements rauques.
Se mordillant la lèvre inférieure, elle le libéra en faisant tomber sa serviette au sol. Ce genre de corps devrait être exposé sous La Chapelle Sixtine. Sculptural et ferme, il révélait la chaleur bestiale du corps d'un homme.
- Pas avant de t'avoir en moi, promit-elle en l'admirant un instant.
L'artiste timide qui était en lui, rougissait sous le regard affamé du sujet de tous ses songes. Après quelques secondes qui lui semblèrent des jours, il enroula ses cheveux autour de son poing serré et la regarda de haut, les mâchoires crispées, reprenant le contrôle. Et elle adorait ça.
- Tu es sûre de le mériter ?
Docile, elle hocha la tête.
- Bonne fille, murmura-t-il avant de poser de nouveau sa bouche sur la sienne.
Sans trop de difficultés, il passa la barrière de ses lèvres, effleurant sa langue de la sienne. Elle avait un goût de vanille. Sentant ses petites mains s'affairer à défaire les boutons de son chemisier blanc, Alexander les emprisonna dans ses poings serrés.
- Laisse-moi faire, ordonna-t-il en empoignant ses fesses pour la mener vers leur chambre.

- Comment s'est passée ta journée ? s'enquit-elle, affalée sur le canapé tandis qu'Alexander travaillait sur la table de la salle à manger.
Elle fixait le plafond, les cheveux humides étalés autour de son visage paisible et comblé.
- Correcte, puis passionnée comme tous les jours, admit-il. Et toi ?
Olivia se releva pour lui lancer un petit regard furtif par-dessus le dossier du canapé. La lumière du feu de cheminée dansait sur son visage fin et pensif, aux traits volontaires. Elle aurait pu le regarder réfléchir derrière ses lunettes pendant des heures.
- Exactement la même chose, souffla-t-elle comme si elle était fatiguée d'admettre à quel point il était incroyable. Tu as le don de mettre des mots sur les choses.
Lorsqu'elle adoptait cette voix grave et à la limite du murmure, Alexander savait qu'elle songeait à haute voix. Il savait utiliser les mots, et pourtant avait tant de mal pour les choisir avec elle.
- Et toi de faire les meilleurs scones de toute l'Angleterre, nous sommes tous deux excellents dans nos domaines respectifs, s'amusa-t-il sans lâcher des yeux la page noircie de sa propre écriture.
Elle se releva pour attirer son attention cette fois.
- Quelle arrogance monsieur Ace, ronronna-t-elle.
À ses mots, il leva les yeux vers elle. Elle portait un t-shirt blanc léger qui serrait sa poitrine rebondie dont les tétons pointaient sous le tissu humide. Son regard y resta suspendu un instant puis il remonta sur son visage démaquillé. Ses boucles, encore lourdes de l'eau de la douche qu'elle venait de prendre, encadraient son regard défiant.
Rien n'égalait sa beauté lorsqu'elle était espiègle et confiante, le regard pétillant de vie. Son désir pour elle ne s'estomperait-il jamais ?
- Moi ? Je ne suis arrogant que lorsque je t'entends crier mon nom, avoua-t-il sur le ton le plus plat qu'il connaissait.
Il s'efforçait de ne pas sourire en voyant ses joues rosir, puis baissa de nouveau les yeux sur ses notes.
Mais, à peine avait-il reprit le fil de sa pensée, qu'il fut distrait par les paumes d'Olivia, parcourant ses épaules brûlantes. Il s'empressa de refermer son carnet, ce qu'elle ne remarqua pas, trop absorbée par le velouté de sa peau tendue qui avait repris son essence naturelle après l'effort. Du bout de la langue, elle le goûta. Alexander poussa vivement sa chaise pour la voir et elle prit place à cheval sur ses genoux.
- Tu n'as pas envie d'être arrogant là tout de suite ? le taquina-t-elle en lui adressant un grand sourire innocent.
Il pinça son téton entre son index et son majeur et il la senti trembler.
- Je vais finir par devenir un homme infréquentable, grogna-t-il.
- Serais-tu en train de te plaindre ? s'exclama-t-elle, faussement outragée.
Il empoigna ses fesses en la plaquant contre lui. La légère dentelle de sa culotte fut trempée à l'instant même où son intimité fut pressée contre celle de son amant.
- Peut-on se plaindre d'être le plus chanceux du monde ?
En riant elle l'embrassa enfin. Leur interlude fut interrompu par le gargouillement du ventre de la jeune femme.
- Non, mais on peut se plaindre d'être affamée.

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