L'ombre d'un doute [Dramione terminé]

Chapitre 23 : Vingt ans plus tard

Le vent soufflait doucement sur la gare de King's Cross tandis que la petite famille déambulait dans la gare. Une femme au visage angélique et aux cheveux bruns ondulés était accompagnée d'un homme au teint pâle et aux cheveux d'un blond éclatant. Leur fils, qui poussait un grand chariot encombrant sur lequel étaient posées une cage où une chouette dormait paresseusement et une énorme valise, était le portrait craché de son père. Il avait le même air malicieux et les mêmes cheveux, mais ses yeux étaient aussi perçants que ceux de sa mère. Quelques rides avaient creusé le visage des deux adultes depuis leur sortie de Poudlard dix-neuf ans auparavant, mais l'âge avait conservé leur beauté passée, rendant Hermione encore plus séduisante qu'elle ne l'était déjà, et donnant des allures plus matures à Drago.

Scorpius Malefoy, ses mains posées sur son chariot, observa avec avidité les Moldus qui se pressaient autour de lui. Sa mère fit pivoter le chariot vers la barrière située entre le quai neuf et dix de la gare, puis, après s'être assurés que personne ne les regardait, Hermione et son fils traversèrent en courant le passage qui donnait sur le quai du Poudlard Express.

- Ça fait tellement bizarre d'être de retour ici, commenta Hermione d'un air rêveur en contemplant avec envie les élèves et leurs parents sur le bord du quai tandis que Drago apparaissait derrière eux.

Scorpius jeta un coup d'œil aux hiboux qui hululaient dans leurs cages et aux chats qui miaulaient dans les bras de leurs maîtres. Sa chouette, d'un blanc de neige, semblable à celle de son parrain Harry, fit claquer son bec d'un air agacé. Harry, qui travaillait à présent au ministère de la magie, avait suivi une formation d'Auror pendant trois ans avant de prendre ses fonctions. Malgré un emploi du temps toujours très chargé et des horaires aléatoires, Scorpius s'était pris de passion pour ce métier qu'il souhaitait exercer plus tard, ignorant la réticence de sa mère qui avait beaucoup de mal de supporter les risques que prenait son meilleur ami, et qui ne voulait pas que son fils s'engage dans une carrière trop dangereuse pour lui. Lorsque le fils d'Hermione et de Drago était né, c'était Drago lui-même qui avait proposé à Harry de devenir son parrain, une proposition que l'homme avait immédiatement acceptée.

La famille se fraya un chemin parmi les voyageurs pressés, les parents désireux d'embrasser leurs enfants, les collégiens à la recherche de leurs amis et les volutes de fumée s'échappant du train, puis enfin, un soupir soulagé de Scorpius leur fit comprendre qu'ils étaient arrivés. Harry et Ginny, en effet, se tenaient côte à côte à l'écart de la foule qui les observait avec surprise et admiration, accompagnés de leurs trois enfants. James Sirius Potter, un sourire plaqué sur son visage, les cheveux noirs en bataille, les yeux pétillant de malice, accueillit Scorpius avec de grandes tapes dans le dos, tandis qu'Albus Severus Potter, le seul des enfants Potter qui avait hérité des yeux verts de Harry, la chevelure d'un brun tirant sur le roux, se contentait d'un signe de tête crispé. Lily Luna Potter, en revanche, ne leur adressa aucun signe et renifla en se détournant d'eux, ses yeux noisette rouges et bouffis, ses cheveux d'un roux éclatant légèrement emmêlés entortillés entre ses doigts, signifant qu'elle avait pleuré.

Les deux couples se saluèrent respectueusement. Malgré le lien particulier qui unissait leurs enfants entre eux, ils s'en tenaient à des relations amicales en public et en privé mais n'entretennaient aucune vraie amitié malgré les efforts de rapprochement d'Hermione qui s'étaient relevés inefficaces, à son plus grand désarroi.

Le visage fatigué, épuisé de Harry témoignait de la difficulté du métier d'Auror. L'homme, au visage autrefois séduisant, avait laissé place à un autre homme, semblable à Lupin, qui aurait vieilli trop vite, mais qui était, contrairement au loup-garou, encore plein d'énergie et de dynamisme. Sa carrière d'Auror l'avait endurci, ses traits s'étaient creusés, mais il restait quelque chose en lui qui rappelait cet air charmeur qu'il prenait pour regarder Ginny quand il sortait avec elle pendant sa sixième année.