Yôichi, ta grand-mère est entrée à l'hôpital ce matin. Elle a une sévère pneumonie. Elle voudrait que tu viennes faire le tri dans ses papiers légaux, au cas où ça tournerait mal. Tu la connais, elle a toujours été prévoyante. Tu pourrais en même temps prendre le relais pour prendre soin d'elle, je ne peux pas m'absenter du restaurant trop souvent, il y a beaucoup de touristes à cause de l'automne. Je prépare ta chambre et je t'attends demain. Prévois un bon deux semaines chez nous. J'ai hâte de te voir, on va la remettre sur pieds, ta grand-mère!
Maman
Arikawa fixe son courriel, le relit, puis soupire. Grand-maman est malade, ça semble sérieux... Deux semaines chez mes parents... Il n'a pas passé autant de temps avec eux depuis qu'il a commencé l'université. Et ce sera la première fois qu'il laisse Misaki seul à la maison.
Il se couche sur le dos. Il est trop tôt pour qu'il parle avec lui, Misaki ne sera pas debout avant une heure au moins. Il se lève tard.
Arikawa descend à la cuisine, met le riz à cuire, ajoute l'eau chaude sur les feuilles de thé. Puis il prépare le petit déjeuner. Ils ont pris leurs habitudes maintenant. Ils ne mangent pas ensemble le matin, excepté certains jours où Misaki se rend plus tôt à l'université, mais le premier qui est debout, généralement Arikawa, prépare le petit déjeuner. Ils essaient de souper ensemble le soir, même si l'un d'entre eux rentre tard. Comme Misaki travaille souvent de la maison, c'est plus souvent lui qui est responsable de ce repas.
Et la fin de semaine, il y a le repas du midi aussi. Ils le cuisinent ensemble, bien souvent. Arikawa sourit en y pensant. Il adore ces moments. Ils ont testé plein de recettes depuis cinq mois. Parfois, ça s'est soldé par des désastres et ils ont bien ri... Sans doute que s'il aime autant ces moments avec Misaki, c'est parce qu'il a l'impression d'une intimité plus grande quand ils cuisinent.
Il sait bien que Misaki se débrouillait très bien sans lui avant qu'il n'arrive dans cette maison. Arikawa fait plein de petites tâches pour l'aider et lui éviter de se blesser – Misaki est toujours aussi maladroit –, mais parfois, il a l'impression qu'il pourrait se passer de lui, reprendre son ancienne vie sans trop de mal. Arikawa essaie de ne pas trop y penser parce qu'il a peur d'en conclure que Misaki tient moins à l'avoir dans sa vie que lui...
Il soupire. Il vient de le penser, en fait. Peut-être que Misaki sans lui, ou Misaki avec lui, il n'y a pas de différence. C'est difficile de le savoir, Misaki est toujours assez réservé sur l'expression de ses sentiments... Sauf parfois, quand ils sont dans des moments plus intimes...
Arikawa chasse ses pensées et retourne à sa chambre pour s'habiller. Il prend un livre, celui qu'il a ramené de la bibliothèque la veille, puis redescend pour aller dans la serre. La fin d'octobre est très douce cette année, la lumière est belle. Il dépose sa veste sur la chaise, le soleil matinal est assez fort pour rendre la température déjà agréable. Il reprend sa lecture et tente de se concentrer.
Mais il n'y arrive pas. Il renferme le livre en soupirant. Il part deux semaines demain chez ses parents. Il a peur que Misaki soit content. Peut-être que ce sera des vacances pour lui? Peut-être qu'il découvrira qu'il aime mieux ça sans moi? Peut-être que je reviendrai et qu'il me dira que c'est fini? Peut-être...
Il se lève et sort de la serre pour arroser les fleurs du jardin. Il ne va pas commencer à se faire des scénarios dramatiques parce qu'il doit aller prendre soin de sa grand-mère et laisser son amoureux deux semaines. Quand il reviendra, ce sera comme d'habitude, ils reprendront leur vie ensemble, ils y sont bien après tout.
Moi, je suis bien. Je suis plus que bien, je suis heureux ici. Mais je ne sais pas trop pour lui... J'ai quand même tout chamboulé depuis mon déménagement... Est-ce qu'il trouve que je prends trop de place?
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Seule la fleur sait... - Roman
RomanceArikawa et Misaki se rencontrent par hasard, sur le campus de l'université. Le destin leur permettra de se rapprocher peu à peu, transformant les rêves en réalité. Mais ce n'est pas sans difficultés qu'on assume ses sentiments.