Chapitre 3 - Un baiser imprévu

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« Arikawa ». Mon nom sonne bien dans sa bouche. Il y a une odeur d'été autour de nous, toujours ce parfum de terre mélangé à la fragrance des fleurs. Le bruit des oiseaux aussi, la rivière toute proche. « Arikawa ». C'est un rêve, je le sais. Parce que le vrai Misaki ne dit jamais mon nom avec une telle douceur, avec cette intensité. « Misaki », que je m'entends lui répondre. J'ai le cœur qui bat si fort que je n'entends plus le bruit de l'eau. Je suis fasciné par ses yeux, sa bouche toute proche et je m'approche...

BANG! La porte de l'appartement voisin se ferme et Arikawa ouvre les yeux, le souffle court. Frustré d'avoir été réveillé à un tel moment, il frappe l'oreiller :

- AHHH! Mais pourquoi?

Puis il se rappelle qu'il le verra aujourd'hui et il se lève, plein d'énergie tout à coup. Le vrai Misaki n'a pas la même attitude que celui de ses rêves, loin de là. Mais il aime passer du temps près de lui. Jamais il n'aura cru que compter des micro-organismes au microscope passerait aussi vite. Il suffit que Misaki soit dans la même pièce que lui pour que le temps se rétrécisse, que tout le passionne.

Il veut en apprendre plus sur lui. Lentement, petit à petit. C'est pour cela qu'il se rend au labo tous les jours. Arikawa a vite saisi que Misaki était un étudiant brillant. Il n'est pas le favori du professeur Tsujimura pour rien, il a de l'avenir dans son domaine. Pourtant, malgré son sérieux, c'est aussi un étrange personnage. Il lui arrive de regarder dans les airs, fixant le vide, absolument concentré sur autre chose qui semble fascinant... Arikawa se demande toujours à quoi il peut penser dans ces moments-là pour perdre ainsi tout contact avec la réalité. Et il y a le Misaki maladroit. Arikawa ne peut s'empêcher de sourire en pensant à tous les petits accidents de Misaki. Il est adorable, c'est tout. D'une certaine manière, il est fier d'être l'assistant de Misaki, de pouvoir l'aider, d'apprendre à le connaître.

Arikawa est bien conscient que les rêves ont un impact. Il ne veut pas mettre Misaki mal à l'aise en lui parlant encore de cela, ou du pendentif de fleur qui repose toujours près de son lit, mais cette proximité qu'ils ont dans son imagination le pousse souvent à se rapprocher davantage qu'à son habitude. Il contrôle mal son corps, comme s'il était naturel d'être près de Misaki, de laisser son odeur l'atteindre : la vraie, pas celle des rêves. Quelque chose de discret, de légèrement boisé... Si le Misaki de ses nuits est beaucoup plus tendre, le vrai le fascine davantage.

Il va à ses cours, puis se rend au département de botanique en souriant, le pied agile dans les escaliers, se demandant si Misaki est déjà arrivé au labo. Il croise Ikejima en chemin :

- Ah! Arikawa! Tu ne regardes jamais tes textos?

- Hein?

- Je t'en ai envoyé deux! On va boire coup avec les mecs du club, tu viens?

- Non, désolé.

- Ce n'est qu'à 20h, tu vas venir, hein?, insiste Ikejima.

- Non, non! Si c'est pour draguer des filles...

- Ah!!! Mais il y en a deux qui viennent exprès pour te voir...

- Quoi? Mais pourquoi tu as dit que je viendrais? Pourquoi moi au juste? Je ne fais pas partie du club et je tiens mal l'alcool...

Ikejima semble irrité.

- Veux-tu bien me dire pourquoi ça tombe toujours sur toi? Pourquoi c'est toi qu'elles veulent voir?

Mais Arikawa ne répond pas à cette question.

- De toute façon, j'ai des choses à faire.

- Quoi donc?

Seule la fleur sait... - RomanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant