Chapitre 5 - Le cauchemar

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Des fleurs... Je rêve encore de Misaki. Je reconnais le lieu, nous sommes au bord de la rivière. Je suis étendu, il se penche sur moi, murmurant mon nom : « Arikawa ». Encore cette odeur qui me rend fou. Mes rêves ressemblent de plus en plus à la réalité, je ne sais plus si c'est le même parfum qu'avant... Mais c'est celui du vrai Misaki. Puissante odeur boisée... Un peu sucrée. « Yôichi ». Je me lève doucement, lui prend les mains et sans hésiter, je l'embrasse. J'ai rêvé tellement souvent que je l'embrassais depuis cet accident, au bord de la rivière... « Arikawa », me dit-il. Il y a une hésitation dans sa voix, mais je ne m'arrête pas, je le pousse dans l'herbe, reprend ses lèvres. La voix d'Ikejima résonne dans ma tête : « Il paraît que Misaki a failli se faire agresser par un élève de 3e année... » Je recule tout à coup, voulant m'assurer que ce n'est pas ce que je fais. Misaki profite de cela pour me frapper violemment, les yeux pleins de haine.

- AAAHHHHH!

Arikawa s'assit brusquement dans son lit, le cœur battant, effrayé et tremblant. C'est horrible, c'est un cauchemar terrible. Il sait bien que ce n'est pas la réalité, Misaki lui parle normalement depuis ce baiser imprévu, il ne semble pas le détester...

- Oh... C'est un rêve très différent de ceux que je fais d'habitude...

C'est clairement une construction de son imagination basée sur ses pires craintes... Il touche sa joue, réalisant la douleur. Il saigne un peu. Il a laissé traîner des livres au bord de son lit la veille et l'une des pages lui a écorché la joue quand il s'est relevé trop vite...

Il se prépare pour l'université, l'esprit hyperactif, n'arrivant pas à oublier les images. En entrant au labo, il évite le regard de Misaki qui le salue.

- Oh? Qu'est-ce que tu as sur la joue?

- Euh... Je me suis griffé avec un bouquin en dormant...

Arikawa cache la plaie avec sa main, intimidé par la curiosité de Misaki. Je ne vais tout de même t'avouer que je rêvais que je t'embrassais de force et que tu en venais à me détester... La voix du professeur résonne dans le labo.

- Misaki?

- Ouf! Je te trouve enfin!

- Vous avez encore oublié que vous aviez une conférence dans une autre université, je parie?

- Oui! Tu t'occuperais des préparatifs?

- C'est à quelle heure?

- 16h.

- Mais c'est dans une heure!!!

- Je sais. Si on s'y met maintenant, on peut arriver à quelque chose...

- Professeur! Vous auriez pu vous en rendre compte plus tôt!

- Je suis désolé...

Et ils marchent ensemble vers la porte. Misaki se retourne avant de sortir :

- Arikawa, je vais devoir accompagner le professeur. Je ne pense pas que quelqu'un vienne, mais appelle-moi s'il y a un problème. Je reviendrai sans doute ce soir, tu peux rentrer quand tu auras fini.

- Ok.

Arikawa se dirige vers le bureau pour sortir le travail. Il n'y a que quelques feuilles, pas beaucoup de choses à faire. Il aura fini bien avant le retour de Misaki. Il est content d'éviter le regard scrutateur de Misaki, mais en même temps, il est triste qu'il ne soit pas là. Il fait les tâches lentement, puis il se rend dans la réserve pour faire le grand ménage de l'étagère dangereuse. Il remet les livres en place, les boites bien empilées, les petits objets ensemble. Comme ça Misaki aura moins de risque de recevoir quelque chose sur la tête, se dit-il en souriant tout seul.

Seule la fleur sait... - RomanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant