Chapitre 14

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Malheureusement, alors que Willy allait se décider à sauter le pas, il vit une personne entrer dans son champ de vision. A ce moment-là, il aurait été prêt à donner tout ce qu'il avait en sa possession pour ne jamais avoir vu Madame Beauregard à quelques mètres d'eux, ce qui lui aurait permis d'embrasser la jeune fille qui faisait battre son cœur depuis quelques heures seulement. Néanmoins, il se ressaisit, attrapa délicatement la main de Carlie dans la sienne, et la porta à ses lèvres. De son bras libre, il encercla sa taille de manière possessive, pour la rapprocher le plus possible de lui, ce à quoi elle répondit en appuyant sa tête contre son coeur. Une fois cela fait, il chercha le regard de madame Beauregard, et lui fit le sourire le plus hypocrite dont il était capable, espérant être convaincant. Au vu de la tête que faisait la cible de Willy, il avait plutôt réussi. En effet, lorsque Carlie posa ses yeux sur madame Beauregard, elle se fit fusiller du regard. Une fois que la mère de Violette eut tourné les talons, énervée, Willy et Carlie, toujours aussi proches, ne purent s'empêcher de rire de bon cœur. Cependant, même s'ils étaient conscients qu'ils n'étaient plus observés par qui que ce soit, ils ne se séparèrent pas l'un de l'autre, comme si cette proximité leur était nécessaire à tous les deux.

Une fois calmée, l'attention de Carlie fut attirée par une silhouette qui semblait sauter sur place : Charlotte essayait d'apercevoir quelque chose par une petite fenêtre qui donnait sur l'intérieur d'une machine, mais n'y parvenait pas à cause de sa petite taille. Willy et Carlie allèrent la rejoindre d'un même pas, mais alors que la grande sœur s'apprêtait à prendre la petite dans ses bras, le chocolatier l'attrapa, et la cala contre lui pour qu'elle puisse regarder confortablement l'intérieur de la machine. Il ne pouvait s'empêcher d'admirer le regard pétillant de la petite. Il y avait une part d'enfance dedans, qui était émerveillée, et une part d'adulte, qui semblait essayer de comprendre ce qu'elle voyait. Doucement, Willy lui expliqua tout ce qu'elle voyait sur le ton de la confidence, comment il avait eu l'idée de faire ceci ou cela, quel goût il voulait que ça ait etc. Il fut d'ailleurs très surpris d'être aussi attentif à la petite, aussi prévenant, et d'autant souhaiter qu'elle comprenne et apprécie tout ce qu'il y avait là autant que lui. Il n'en était pas sûr, mais il avait l'impression d'être déjà attaché à elle, et de vouloir la protéger de la vie qu'elle avait eu jusque-là avec sa sœur. Elles méritaient beaucoup plus que ce qu'elles avaient.

Une fois que Willy eu terminé son explication, il reposa la petite au sol, et la regarda se diriger autre part dans la salle.

« Merci d'avoir pris le temps de tout lui expliquer … je suis sûre qu'elle gardera un souvenir incroyable de cette visite … », lui glissa doucement Carlie en revenant à côté de lui.

« Mais je suis là pour ça … », répondit-il en essayant de rester naturel.

« Oui bien sûr, mais je vois bien que vous faites plus attention à elle qu'aux autres enfants … », ajouta-t-elle, voulant lui faire comprendre qu'elle avait remarqué sa différence de comportement.

« Peut-être parce qu'elle semble le mériter plus que les autres … », dit Willy, très sérieusement.

Carlie ne répondit rien à cela. Bien sûr, de son point de vue sa sœur méritait toujours mieux que ce qu'elle avait, mais l'entendre dire par une autre personne lui montrait bien qu'elle n'était pas la seule à penser ça. Cette pensée lui réchauffa le cœur, bien qu'elle se sentît également un peu misérable de ne pas être à la hauteur de ce que sa sœur méritait. Ils repartirent tous les deux dans une marche tranquille au milieu des machines.

« Que pensez-vous de ce que vous voyez pour le moment ? » demanda Willy, voulant sortir la jeune fille de ses pensées noires.

« J'ai l'impression d'être dans un autre monde ! Un monde où aucune loi ne serait semblable à celles qui régissent notre vie en dehors de ces grilles. Comme si dans cette usine, tous nos rêves les plus fous n'étaient peut-être pas si inaccessibles que ça. » déclara Carlie en s'arrêtant pour se mettre face à lui.

Dire que Willy était enchanté de cette réponse était réducteur : à ce moment même, il n'était pas loin de sauter au plafond ! Carlie et lui étaient exactement sur la même longueur d'onde ! Lorsqu'il avait pris l'initiative des tickets d'or, il n'aurait jamais cru qu'un des adultes accompagnant l'enfant gagnant penserait de la même façon que lui. Et en plus de cela, ce n'était pas n'importe quel adulte, c'était Carlie, la jeune fille qu'il comparait désormais à une petite, jolie et délicate fleur en sucre (eh oui, les bonbons n'étaient jamais loin dans son esprit !).

« Eh monsieur Wonka, c'est quoi ça ? » cria Violette depuis une machine.

« Oh, que je te montre ! », répondit-il ravi.

Willy, qui ne savait pas comme c'était arrivé, avait la main de Carlie dans la sienne. Il l'emmena avec lui vers la machine devant laquelle Violette se trouvait, puis la lâcha (non loin de lui) pour aller donner quelques explications. Il s'approcha d'un bassin dans lequel un Oompa-Loompas semblait faire de la plongée, et récupéra une sorte de petite balle rouge.

« Merci ! » dit-il en le récupérant. « Ce bonbon s'appelle Gobstoppeurs sans fin. Il est fait pour les enfants qui reçoivent très peu d'argent de poche. Vous le sucez toute l'année, et il ne deviendra jamais plus petit. Sensas non ? »

Carlie pensa de suite à Charlotte et elle. Ce bonbon était exactement le genre de choses qui ravirait les personnes dans leur cas.

« Incroyable … » souffla-t-elle.

« Inutile … » l'interrompit Veruca.

Le sang de Carlie ne fit qu'un tour, et aussi étonnant que cela puisse paraitre, c'est Charlotte qui la retint d'aller s'expliquer avec la jeune Veruca. Sa sœur n'avait que 10 ans et était pourtant, à ce moment-là, plus mature qu'elle. Willy eut également du mal à se contenir, non seulement parce qu'elle venait de dire que son invention était inutile, mais également parce qu'elle semblait se ficher des personnes qui n'avaient pas une vie aussi facile que la sienne … comme les deux sœurs Bucket.

« Comme du chewing gum … » intervint Violette qui ne semblait pas avoir prêté attention à ce qu'il venait de se passer.

« Non, un chewing on le mâche. Si tu essayais de mâcher un de ces bonbons, tu te casserais toutes tes petites dents. Mais ils ont un goût extra ! » termina Willy en s'éloignant.

Et à part toi, qui garde le même chewing gum pendant trois mois ? Pensa amèrement Carlie.

Tout le monde se dispersa de nouveau pour continuer à explorer la salle, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Willy était de nouveau aux côtés de son invitée préférée, le bonbon toujours à la main.

« Voulez-vous le goûter ? Il est prêt pour la vente, et ça me ferait plaisir que vous soyez la première à me dire ce que vous en pensez. » demanda-t-il les joues légèrement roses.

Carlie écarquilla les yeux devant cette proposition.

« Euh oui … avec plaisir. » répondit Carlie en rougissant.

Willy approcha doucement le bonbon de sa bouche, et regarda de près sa réaction lorsqu'il entra en contact avec elle. Les yeux fermés, elle mit un temps avant de répondre, savourant ce qu'elle venait de goûter.

« Incroyable ! »

Elle ouvrit les yeux le sourire aux lèvres, pour voir Willy, qui, à son tour, testait le bonbon (bien que lui en connaissait déjà le goût), il ne se lassait pas de cette invention.

« Je peux me permettre une remarque ? » demanda-t-elle timidement.

« Bien sûr, je vous écoute … » dit-il avec un sourire rassurant.

« Avez-vous essayé de les faire changer de couleur, voire même de goût au fur et à mesure que le bonbon était consommé ? »

Le visage de Willy sembla s'éclairer suite à cette suggestion.

« Non je n'y avais pas pensé, mais c'est une excellente idée ! » s'exclama-t-il. Carlie rougit face au chocolatier, avant de le regarder plus sérieusement : elle venait de le voir repartir dans un de ses flash-backs.

Ensemble nous adoucirons nos peinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant