Ensemble nous adoucirons nos peines

Chapitre 9

Le temps sembla cesser de s'écouler pendant que tous deux se perdaient dans le regard de l'autre, du moins jusqu'à ce que Veruca interpelle son père, ce qui les ramena à la réalité.

« Daddy regarde là-bas ! Qu'est-ce que c'est ? C'est une petite personne, là-haut près de la cascade ! »

Carlie ne bougea pas mais baissa subitement le regard, ramenée à la réalité, ce qui n'était pas du tout au goût de Willy Wonka. Mais d'un seul coup, Carlie réalisa qu'elle ne savait pas où se trouvait sa petite sœur, et depuis combien de temps elle l'avait perdu de vue. Elle commença donc à fouiller la salle des yeux, et Willy se surprit à faire de même, alors qu'en principe il ne devrait pas attacher autant d'importance à une enfant qu'il connaissait à peine. C'est lui qui trouva Charlotte. Il venait de la repérer près de la cascade, et poussait légèrement Carlie dans le dos en lui montrant où elle se trouvait. Alors qu'ils allaient rejoindre le groupe, il se redressa, fasciné.

« Incroyable ! », s'exclama-t-il.

« Quoi ? », l'interrogea Carlie, sentant l'angoisse la gagner.

« Votre sœur Charlotte, elle est avec les Oompa-Loompas ! »

« Les quoi ? »

« Les Oompa-loompas ! Mes ouvriers … » dit-il sans lâcher la petite des yeux.

Et en effet, lorsqu'elle regarda plus attentivement, Carlie put voir que Charlotte était agenouillée devant plusieurs toutes petites personnes, qui semblaient lui parler, et faire des acrobaties devant elle. Sa sœur rigolait de bon cœur, applaudissait, et parvenait à s'exprimer en utilisant ses mains, comme elle le faisait avec elle. Sauf que jamais auparavant une autre personne qu'elle n'avait compris ce langage !

« Pourquoi est-ce incroyable qu'elle soit avec eux ? »

« Je n'aurais jamais cru qu'ils se laisseraient approcher aussi rapidement par une personne qu'ils ne connaissent pas, et encore moins qu'ils parviennent à communiquer. Ils sont très gentils mais plutôt réservés, ils ne sont donc pas du genre très bavards et démonstratifs, du moins quand ils sont si peu nombreux … Si elle a réussi à les approcher, c'est forcément que les Oompa-Loompas lui ont trouvé des qualités rares … »

Willy continuait d'observer la scène incrédule, et il le fut d'autant plus lorsqu'il vit d'autres ouvriers s'approcher pour rejoindre le petit groupe qu'ils formaient, et offrir des bonbons qu'ils venaient de récupérer d'un arbre. Cependant, cet intérêt prononcé que Willy avait pour la jeune Charlotte ne semblait pas plaire à tous.

« Combien sont-ils ? », demanda madame Beauregard en s'accrochant au bras de Willy. Ce dernier ne sembla pas apprécier le contact, puisqu'au lieu de lui répondre, il se contenta de fixer la main qui le touchait jusqu'à ce qu'elle l'enlève.

« D'où sortent ces petits hommes ? », interrogea madame Gloop avec son accent allemand.

« Ce sont de vraies personnes ? », ça, c'était Mike Teavee, le suspicieux, le sceptique. Que la vie doit être triste quand on est terre à terre comme cet enfant pensa Carlie.

« Bien sûr que ce sont de vraies personnes, ce sont des Oompa-Loompas. », répondit Willy.

« Oompa-Loompas ?! », s'exclama monsieur Salt, incrédule.

« Importés, directement de Loompaland »

« Cet endroit n'existe pas », déclara aussitôt monsieur Teavee sur un ton de reproche.

« Pardon ?! », s'exclama Willy, énervé.

« Monsieur Wonka, j'enseigne la géographie dans un collège et je peux vous assu … », tenta de lui expliquer monsieur Teavee comme s'il s'adressait à un enfant.