Chapitre 25

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Les deux filles lui répondirent par un sourire, et ils se dirigèrent d'un même pas, ensemble vers le grand ascenseur de verre. Carlie pensait ne plus jamais revoir Willy, ni remonter dans cet ascenseur, c'est donc avec émotion qu'elle y alla, se rapprochant du chocolatier qui, elle l'espérait, la retiendrait lorsqu'elle perdrait de nouveau l'équilibre. Et effectivement c'est ce qu'il fit. Cette fois-ci, Willy « gara » son moyen de transport devant la maison, puis suivit les filles à l'intérieur. Charlotte se précipita à l'étage pour rassembler ses quelques possessions, pressée de retourner dans la chocolaterie. Carlie par contre, s'approcha doucement d'un meuble et se saisit d'une photo dans un cadre. Elle semblait nostalgique, et perdue dans des pensées très lointaines. Ayant repéré son attitude, Willy s'approcha doucement d'elle, hésitant, puis passa une main réconfortante dans son dos, ce à quoi elle répondit en appuyant sa tête sur son épaule.

« Je comprends maintenant d'où vous vient une telle beauté … votre mère était très belle, et vous lui ressemblez beaucoup. »

Carlie ne put retenir un sourire de se former sur ses lèvres. Willy avait beau avoir passé des années isolé de tout contact humain, il savait tout de même comment s'y prendre pour la faire rougir de la sorte.

« Et vos parents ? Pourquoi ne les voyez-vous plus ? » se risqua-t-elle.

Le visage de Willy sembla perdre toute trace de bonheur, ses yeux étaient perdus au loin.

« Willy ? »

« Je ne … je n'ai … non. Ma mère … je ne l'ai pas connue, elle est morte en me donnant la vie. Mon père, était dentiste, et je ne l'ai pas revu depuis … 25 ans à peu près … il était très dur avec moi, il m'a empêché de vivre ma passion pour la confiserie, il m'interdisait de manger quoi que ce soit qui contienne du sucre. Je suis partie de chez moi et ... quand j'ai essayé de revenir il n'était plus là. »

« C'était il y a longtemps … les choses doivent être différentes depuis … il est forcément fier de ta réussite … Tu devrais essayer d'aller le voir … lui parler et essayer de comprendre … peut-être qu'après tu ne ferais plus de blocages sur le mot « parents » … » dit-elle en passant doucement sa main sur son bras.

« Je ne sais pas Carlie … je crois que je n'en ai pas trop envie … il voulait m'empêcher de suivre mon rêve et ma passion … »

« Il ne se rendait peut-être pas compte de l'importance que ça avait pour toi … » Willy sourit en constatant la bonté qui émanait de la jeune fille. Il attrapa sa main et l'embrassa, avant de continuer.

« Même au-delà de ça … il m'avait posé un appareil dentaire énorme … sans se soucier de savoir si ça aurait un impact sur mes relations aux enfants de mon âge … c'est peut-être la raison pour laquelle je n'ai jamais eu d'ami … »

« Nous sommes là maintenant avec Charlotte … Et bien souvent, quand les parents sont aussi stricts, c'est parce qu'ils cherchent à vous protéger parce qu'ils vous aiment … même s'ils ne s'y prennent pas bien … Moi-même je protège beaucoup trop Charlotte. J'ai mes raisons bien sûr, mais ce n'est en aucun cas parce que je ne veux pas qu'elle ait de contact avec d'autres personnes … j'ai simplement peur que quelqu'un la blesse, lui fasse une remarque désagréable ou je ne sais quoi … Je me doute que ça ne doit pas être facile pour toi d'envisager les choses de cette façon après tant d'années … mais j'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi … »

Carlie n'avait même pas remarqué qu'elle avait commencé à tutoyer Willy depuis le début de leur conversation, trop prise dans son propre raisonnement, et elle fut encore plus distraite lorsque le chocolatier s'approcha d'elle, et plaça sa main sur sa joue, tout en l'écoutant attentivement (bien qu'il redoutât ce qu'elle allait lui demander).

« Nous avons tous les deux ce que l'autre n'a pas … en quelques sortes … tu as encore un père alors que je n'ai plus de parents, je suis « libérée » de toute autorité parentale, alors que toi tu sais que ton père est toujours là, en vie. Alors j'aimerais que tu ailles le voir au moins une fois … pour moi … parce que je ne reverrais plus jamais mes parents, et parce que je connais le poids que laissent les mots que l'on n'a pas dit à ses proches une fois qu'il est trop tard. Qu'ils soient positifs ou négatifs … ils laissent un poids sur la conscience, qui ne sera jamais soulagé. »

« Je n'ai rien à dire à mon père … il est sorti de ma vie depuis longtemps … »

« Mais tu y penses encore … je ne veux pas que tu vives la même chose que moi … du moins, je veux pouvoir me dire que j'ai essayé de t'aider … »

« J'accepte à une condition … »

« Laquelle ? » s'enquit-elle.

« Je ne veux pas y aller seul … venez avec moi, toutes les deux … »

« Tu es sûr que tu ne veux pas être seul face à lui ? Vous pourriez avoir besoin d'intimité … »

« Non … Je ne veux plus rien avoir à faire sans vous … »

Charlotte, qui jusque-là avait été très occupée à choisir ce qu'elle allait emmener, descendit les escaliers, un sac à la main, seulement pour voir que Willy et sa sœur étaient (encore) en train de s'embrasser …

« Hum hum … » fit la petite.

« Chacha je vais finir par croire que tu ne donnes de la voix que quand ça t'arrange … Tu es prête ? »

« Oui ! » murmura fièrement Charlotte.

« Je vais aller chercher quelques affaires mais … je veux emporter le minimum … je pense que notre nouvelle vie commence par faire un grand tri … »

Et effectivement, Carlie quitta la maison avec très peu de choses : quelques vêtements (même si Willy leur avait promis qu'elles en auraient des nouveaux) et quelques photos de ses parents et grand-parents.

Ensemble nous adoucirons nos peinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant