Ensemble nous adoucirons nos peines

Chapitre 12

Willy n'avait pas conscience que durant tout ce temps il avait fixé Carlie de la sorte, alors lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle baissa le regard en rougissant. Heureusement pour eux, ce moment de gêne fut interrompu lorsque Charlotte tira sur la manche de Willy pour lui désigner du doigt le tuyau dans lequel ils allaient entrer d'un moment à l'autre. Le chocolatier la regarda en la couvant des yeux, et passa sa main doucement sur l'arrière de sa tête, dans un geste d'affection (d'AFFECTION ?! il n'allait vraiment pas bien ! Qu'est-ce qui lui prenait de s'attacher aussi vite à une enfant ?! Willy ne comprenait vraiment pas ce besoin qu'il avait de veiller sur Charlotte … vraiment bizarre …). Cependant ses doutes s'estompèrent lorsqu'il vit la petite lui sourire de toutes ses dents.

« En avant toute ! »

« Comment ils peuvent voir où ils vont ? », demanda Violette.

« Ils ne peuvent pas, impossible de savoir où ils vont. », dit Willy sur un ton mystérieux. « Allumez les lumières ! »

Dès que les lumières furent allumées, le bateau fut emporté par le courant dans une descente digne d'un manège à sensations fortes. Si les parents ne semblaient pas spécialement apprécier cette balade à grande vitesse, les plus jeunes, eux semblaient satisfaits. En regardant Willy Wonka, on pouvait penser que cela le laissait de marbre. Il y avait une part de vérité étant donné que ce tour en bateau faisait partie de son quotidien, mais actuellement, il était occupé à détailler chacun de ses invités. Il s'attarda sur madame Beauregard, et eut peur de comprendre ses insinuations de tout à l'heure, lorsqu'il parlait des propriétés du chocolat, ainsi que celles de Carlie encore un peu plus tôt. Deux choses lui vinrent instantanément à l'esprit : il devait éviter de tendre de nouveau ce genre de perche à la mère de Violette, et si elle recommençait, il devait faire attention à ce que Carlie ne soit pas à côté, ou qu'elle ne le prenne pas mal. Mais attendez … pourquoi il pensait à elle … pourquoi s'en voulait-il que madame Beauregard ait essayé de … flirter avec lui … Il ne se reconnaissait plus aujourd'hui, lui qui n'avait pas eu de contact autre que celui de ses Oompa-loompas depuis tant d'années, il s'imaginait des choses qui n'avaient pas lieu d'être. Il devait simplement se faire des idées ... peut-être que c'était lié au stress de la journée … oui c'était sûrement ça …

Le bateau commença à perdre de la vitesse, se retrouvant dans une atmosphère bleutée, et longeait des salles aux noms illuminés.

« S'il vous plait, ouvrez l'œil, nous longeons des salles particulièrement importantes. », dit Willy à l'attention de ses invités.

« A quoi sert la crème pour cheveux ? » demanda madame Beauregard en se tournant vers lui, un sourire aguicheur sur le visage.

Willy arrêta de respirer en entendant cette voix, et Carlie tourna violemment la tête vers elle, puis leva les yeux au ciel : bien sûr, il n'y avait qu'elle pour poser cette question.

« Ça évite le dessèchement … » répondit-il en essayant de garder le contrôle de lui-même.

La mère de Violette ne semblait pas pleinement satisfaite mais ne posa pas plus de questions. Carlie observait Willy le plus discrètement possible : elle admirait le visage enfantin qu'il avait en regardant toutes les pièces qui l'entouraient, comme s'il venait lui aussi pour la première fois. Elle trouvait cela extraordinaire de toujours être émerveillé après tant d'années …

« Crème fouettée … » rigola Carlie en voyant l'intérieur de la salle en question.

« Précisément » répondit Willy dans un sourire.

« C'est n'importe quoi ! » déclara Veruca d'un ton sec, comme s'il venait de se moquer d'elle.

Mais quel toupet elle avait de venir contredire un génie comme Willy Wonka … Carlie n'en revenait pas !