Chapitre 8

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Un petit rire se fit entendre derrière elle. Depuis qu'elle avait commencé son exploration, elle n'avait pas été consciente du regard de Willy Wonka dans son dos, qui était désireux de venir lui parler discrètement. En fait, Carlie n'était pas consciente qu'il ne l'avait pas du tout lâchée du regard depuis leur arrivée dans la chocolaterie.

« Oui … et non … Tout ce qui se trouve ici a été conçu en étant fidèle à mes rêves et à ma propre vision de la vie. Vous pourriez très bien être en train de rêver … »

« ... Ou en train de réaliser mon rêve », acheva la jeune fille.

« Oui ! » répondit Willy, troublé.

Carlie se retourna vers les arbres pour dissimuler son sourire, et essaya d'attraper un des fruits. Malheureusement pour elle, sa petite taille ne lui permettait pas de les atteindre. Encore une fois, Willy réprima difficilement son rire, avant de s'approcher d'elle et de tendre son bras pour attraper deux cerises.

« Tenez », lui dit-il en lui en tendant une, avant de manger l'autre.

« Merci », répondit Carlie en baissant le regard, impressionnée par le charisme de l'homme face à elle.

C'est les yeux fermés qu'elle mordit sa cerise, afin de profiter au maximum du goût qu'elle aurait. Evidemment, c'était un délice, et même plus, c'était sans aucun doute la meilleure confiserie qu'il lui avait été donné de goûter. L'extérieur rappelait bien la cerise, bien que ce soit plus sucré, mais l'intérieur était constitué d'un coulis de chocolat au lait enrobé de chocolat blanc craquant. Mais ce n'était pas là l'entière constitution du bonbon : il y avait quelque chose en plus, ce petit supplément d'âme qu'on ne retrouvait que dans les produits Wonka.

« C'est … magique », dit-elle en ouvrant les yeux pour croiser ceux de Willy Wonka. Cette fois ce fut à son tour de ne pas soutenir son regard. Gêné par le compliment qu'elle venait de lui faire, il essaya alors d'orienter la conversation sur autre chose.

« Permettez-moi de vous demander votre nom ? »

« Je m'appelle Carlie Bucket », à l'entente de son nom, Willy sembla légèrement déçu, mais enchaîna tout de même.

« Eh bien Carlie, vous me paraissez … un peu jeune pour être la mère de Charlotte … je ne me trompe pas ? », sans savoir pourquoi, la jeune fille se mit à rougir face à cette question …

« Non en effet, c'est ma petite sœur. » Carlie ne sut pas s'il s'agissait de son imagination, mais Willy sembla soulagé lorsqu'elle lui répondit.

« Je vois, et serait-ce trop indiscret de vous demander pourquoi elle ne semble pas parler ? J'ai pu remarquer que vous communiquiez étrangement, avec les yeux ... et les mains … que vous aviez plusieurs fois répondu à sa place … et même que vous répondiez à des questions qu'elle n'a pas posées … »

Carlie mit un temps à répondre, car elle venait de se rendre compte que pour avoir constaté tout cela, Willy Wonka avait dû beaucoup les observer. Elle ne trouvait pas aisément les mots adéquats.

« Charlotte est … muette … nos parents et grands-parents sont tous décédés presque en même temps, emportés par la grippe. Le choc a été tellement violent pour elle, qu'elle fait désormais un blocage psychologique. Elle n'a pas émis le moindre son depuis deux ans maintenant. »

« Je suis sincèrement désolé … »

« Vous n'avez pas à l'être », répondit-elle dans un petit rire nerveux.

« Je le suis tout de même »

« Merci monsieur Wonka »

« Je vous en prie, appelez-moi Willy, Monsieur Wonka c'est tellement … formel, impersonnel, et … c'est mon père »

Willy se demandait bien ce qui lui était passé par la tête en lui demandant de l'appeler par son prénom. Après tout ils ne se connaissaient pas … Mais quelque chose chez cette jeune fille le fascinait. Le sourire qu'elle lui rendit le rassura, il n'avait peut-être pas si mal fait de lui demander cela finalement …

Carlie elle, était sous le choc d'avoir été autorisée à l'appeler par son prénom. Leur conversation continua agréablement, Willy et elle regardaient Charlotte profiter tranquillement de ce qui l'entourait.

« Vous semblez beaucoup la protéger … »

« Bien sûr, elle est la seule famille qu'il me reste … et aujourd'hui particulièrement, je ne tiens pas à ce que sa journée soit gâchée par des enfants mal élevés simplement parce qu'elle a perdu l'usage de la parole. Ce ticket d'or est sans aucun doute le plus beau cadeau d'anniversaire qu'il me sera possible de lui offrir de toute ma vie. Je veux qu'elle en ait un souvenir sans tache. »

Tout en disant cela, Carlie s'était tournée vers Willy Wonka pour lui faire face, alors qu'il était resté légèrement en retrait tout le long de la conversation, comme s'il cherchait à protéger ses arrières … Ils se retrouvèrent très proches l'un de l'autre, et se regardaient dans les yeux, comme fascinés. Willy ne savait pas ce qui le fascinait le plus : ses yeux, ou son incroyable bonté ? A force de se perdre dans ses iris marrons, Willy se retrouva plongé dans un souvenir auquel il n'avait pas pensé depuis longtemps.

Une petite fille aux cheveux brun foncé comme le chocolat noir, et aux yeux aussi intenses que du chocolat au lait courait dans sa direction, un énorme sourire aux lèvres.

« Alors ça y est ? Tu as réussi ? »

« Oui ! Je pense qu'on approche du but ! ». Tout en disant cela, Willy lui tendit un carré de chocolat que la petite mis dans sa bouche, tout en s'en barbouillant un peu sur le visage.

« Alors ? » demanda-t-il en la voyant réfléchir.

« C'est pas mal, mais il manque encore quelque chose ! »

« Quoi donc ? » demanda Willy, surpris de sa réponse. Il pensait vraiment que cette fois le résultat était parfait ! La petite était certainement encore plus perfectionniste que lui ! Il pensait pourtant qu'une telle chose était impossible.

« Je pense qu'il faudrait rajouter des amandes à l'intérieur, pas entières pour que ça ne change pas la consistance de la tablette, et qu'il faudrait y ajouter aussi un peu de chocolat blanc pour relever le goût un peu amer du chocolat noir qui est nappé dessus … »

Willy était toujours aussi impressionné en entendant la petite fille lui donner des idées : jamais il n'avait croisé une enfant comme elle ! Elle était incroyable, et lui donnait toujours des idées lumineuses, elle se trompait rarement. Il se retrouvait vraiment en elle, ils étaient sur la même longueur d'onde, et aimaient le goût de la perfection.

« Bien madame, je vais essayer tout de suite ! » rigola Willy. Malgré son incroyable maturité, il était impossible d'oublier qu'elle n'était qu'une enfant, songea le jeune chocolatier en sortant un mouchoir de sa poche pour lui nettoyer la bouche. « Je devrais peut-être essayer d'inventer un chocolat pour les enfants qui s'en mettent partout ! » se moqua-t-il. Pour seule réponse, il obtint de la petite fille une jolie grimace avec la langue tirée, ce à quoi tous les deux rigolèrent.

Ensemble nous adoucirons nos peinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant