Épilogue

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Carlie était dans la salle des inventions, travaillant sur un nouveau projet. Cependant, elle ne semblait pas vraiment concentrée, comme perdue dans de lointaines pensées. Et en effet, sans réellement savoir pourquoi, elle repensait à l'une de ses premières nuits à la chocolaterie, un léger sourire aux lèvres. A l'époque elle n'avait pas encore vraiment ses marques…

C'était une nuit d'orage, ce qui l'effrayait au plus haut point. Elle était alors sortie de sa chambre, espérant trouver du réconfort auprès de Charlotte. Malheureusement pour elle, celle-ci dormait comme un bébé, étendue de tout son long sur son lit. Elle s'était donc retrouvée à errer seule dans le salon commun, jusqu'à ce que l'orage se fasse encore plus impressionnant, et qu'elle ait le besoin impératif d'être auprès de quelqu'un. C'est donc sans plus y réfléchir qu'elle alla toquer à la porte de Willy, ne sachant cependant pas trop ce qu'elle en attendait. Il lui avait ouvert, à moitié endormi. Lorsqu'elle s'était retrouvée nez-à-nez avec lui, elle s'était vraiment demandée pourquoi elle avait fait ça : ces derniers jours il s'étaient rapprochés, il était clair qu'il y avait quelque chose entre eux, mais ni l'un ni l'autre n'avait encore osé faire le premier pas, et avouer clairement ce qu'il avait sur le cœur.

« Willy je … je n'arrive pas à dormir, je ne supporte pas l'orage … est-ce que je pourrais venir avec toi cette nuit ? » avait-elle demandée timidement, sans oser le regarder dans les yeux.

Willy ne put retenir son sourire en la voyant agir de la sorte, et pour seule réponse à sa requête, il l'attrapa délicatement par la taille, et l'emmena avec lui. Ce n'est qu'une fois qu'il eut fermé la porte qu'il se demanda ce qu'ils allaient faire maintenant : la situation était inédite et … embarrassante au plus haut point.

« Tu n'as qu'à t'installer dans le lit, je vais dormir dans un de mes fauteuils » lui dit-il dans un sourire, en se dirigeant donc vers l'endroit en question.

« NON ! » s'écria-t-elle spontanément, sans pouvoir se contrôler. « Je … je ne veux pas te priver de ton lit, et … j'ai besoin de toi … ».

Willy fut incapable de retenir son sourire face à ce qu'elle venait de dire. Au sens évident : là, tout de suite, elle avait besoin de quelqu'un parce que l'orage lui faisait trop peur mais aussi au sens caché : elle avait commencé à lui avouer ce qu'elle ressentait, elle n'avait pas besoin de n'importe qui, mais de lui auprès d'elle. Il attrapa alors son visage entre ses mains, et l'embrassa tendrement.

« Je n'aurais jamais cru que tu aurais une peur comme celle-ci » dit-il dans un petit rire.

« Eh ça ne se contrôle pas ces choses-là ! » rigola-t-elle.

Pour toute réponse, Willy embrassa son front, avant de l'emmener vers son lit, où il la laissa s'allonger en première. A peine fut il sous les couvertures qu'un nouveau coup de tonnerre retentit, ce qui fit sursauter la jeune fille, avant qu'elle ne vienne s'accrocher à Willy, en cachant son nez dans son cou, comme si elle désirait disparaitre. Son comportement le fit rire, mais il resserra son étreinte autour d'elle, et fit de son mieux pour la rassurer. C'est ainsi qu'ils passèrent leur première nuit ensemble, enlacé l'un contre l'autre, bien, tout simplement.

Carlie sursauta en sentant deux bras venir l'enlacer, et deux mains se poser sur son ventre légèrement rebondi. Willy commençait à l'embrasser dans le cou, tout en savourant la sensation de ses mains protégeant leur enfant.

« Si tu continues comme ça, je vais être totalement déconcentrée et rater ce que j'essaye de faire. » rigola-t-elle tout en joignant ses mains à celles du chocolatier.

« Oh tu n'as pas besoin de moi pour ça, ça fait un moment que je t'observe et tu ne semblais pas très investie dans ce que tu faisais. Quelque chose ne va pas ? » s'inquiéta-t-il.

« Non tout va très bien » le rassura-t-elle en s'appuyant totalement contre lui, calant sa tête dans son cou. « Je repensais simplement à la première nuit où nous avons dormi ensemble, celle de l'orage … ».

Willy s'apprêtait à répondre avec un grand sourire aux lèvres lorsqu'ils entendirent une petite voix fluette se mettre à crier.

« Ça y est j'ai réussi ! Ça marche ! ».

La petite fille arriva en courant vers eux, les yeux pleins d'excitation, et se jeta dans les bras de Willy qui la porta pour l'amener à leur hauteur.

« Qu'est-ce que tu as réussi mon cœur ? » demanda Carlie.

« J'ai trouvé le moyen de faire voler mes petits cerfs-volants à la framboise grâce à la ficelle en réglisse » raconta-t-elle toujours aussi excitée.

« Tu vas nous montrer ? J'ai envie de voir ça. » répondit Carlie en l'embrassant.

La petite repartit en courant de là où elle venait, alors que Willy et Carlie suivaient plus tranquillement, enlacés l'un contre l'autre.

« Elle est incroyable » s'émerveilla Carlie, « à 8 ans elle a déjà hérité de toute ta passion et de ton talent ».

« Candice ira sûrement bien plus loin que moi, mais c'est parce que tu lui as transmis ton courage, ton obstination et ta force. Et tu avais le même âge qu'elle lorsque je t'ai rencontré pour la première fois, et que tu m'as suggéré tes premières brillantes idées, elle tient ça de toi ».

« Regardez » commença Candice, « grâce à ce procédé, j'ai raccordé le bonbon à la framboise, et … » durant tout le temps de ses explications, les parents ne pouvaient s'empêcher d'admirer leur fille. Elle était pleine de vie, et avait hérité du meilleur de chacun d'eux. Ils l'avaient eu très rapidement, à peine un an après l'arrivée des filles à la chocolaterie. Au début, Willy avait été sous le choc : quelques mois auparavant il n'aurait jamais cru être amoureux, alors avoir un enfant ... c'était au-delà de tout ce qu'il aurait pu imaginer ! Mais finalement, tous ses doutes s'étaient envolés quand il avait croisé le regard violet de sa petite Candice. Elle était le troisième rayon de soleil de sa vie désormais, son sourire guérissait tous ses maux. Son père aussi en était fou, l'homme se faisait plus vieux désormais, mais venait les voir dès qu'il le pouvait. Il essayait toujours de se racheter en donnant le meilleur de lui-même pour sa petite-fille. Maintenant, Carlie et Willy attendaient impatiemment la naissance de leur deuxième enfant. Ils ne feraient rien pour le forcer à partager leur passion du chocolat, ils faisaient tout pour ne pas reproduire les erreurs de leurs enfances respectives, et être les meilleurs parents possibles.

« C'est génial ma chérie, tu as bien travaillé. » commença Carlie, « Maintenant nous devrions aller nous préparer, je vous rappelle que nous avons rendez-vous en ville pour que Charlotte nous présente son petit copain ce soir … ».

Candice partit en courant devant eux, alors que Willy tenta tant bien que mal de réprimer une grimace, ce qui fit rire sa compagne. Il aimait Charlotte comme sa petite sœur, ou plutôt, il considérait la jeune fille comme sa sœur, et ne voulait que son bonheur. Il était heureux qu'elle ait trouvé ce garçon, qu'elle fréquentait depuis presque deux ans, mais ne pouvait s'empêcher de vouloir la surprotéger et d'être méfiant envers quiconque l'approchait : il ne voulait pas que quelqu'un lui fasse du mal … Après tout, c'est le rôle des grands frères de protéger leurs petites sœurs … En pensant à cela, Willy ne put s'empêcher de sourire : il était désormais pire que Carlie lors de la visite de la chocolaterie ! C'était plus fort que lui, il ne pouvait pas faire autrement. Il serait maintenant incapable de vivre sans l'une de ses trois princesses, et faisait tout pour que leurs vies soient les plus belles possible. Et ça risquait de ne pas aller en s'améliorant avec l'arrivée prochaine de son futur enfant …

Ensemble nous adoucirons nos peinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant