Chapitre 28

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PDV THEA

J'ai passé la journée suivante envahie d'une culpabilité immense. Sachant au fond de moi que ma mère savait. Que dès l'instant où elle l'a vu, elle l'a su.

Je savais qu'il en serait ainsi.

C'est le risque que j'ai pris en venant avec lui.

Après tout c'est ma mère.

C'est ainsi, grâce ou à cause de cette foutue culpabilité que je me retrouve dans mon atelier, face à une toile qui était vierge il y a encore vingt minutes. Maintenant, elle est bleu cobalt, bleu marine, tirant vers le noir dans certain coin.

Je sais déjà son nom : CULPABILITE.

C'est ce que je ressens en cet instant.

Divisée entre l'envie de me libérer, de tout avouer, de dire la vérité et l'envie de me protéger, de le protéger, de continuer à vivre dans le mensonge.

Vers 14h00, je reçois un message de Nate. Un message suspicieux.

De Nate :

Salut, est-ce que tu pourrais venir à la maison ce soir ?

Vers 19h00. Viens sans Tom s'il te plait.

Alice te donnera l'adresse.

Bisous.

PS : Je t'aime sœurette...tu m'as manqué...

Je réponds que je viendrais sans vraiment réfléchir. Puis je me demande pourquoi je dois venir sans Tom et alors je réalise que je n'aurai pas dû accepter, que ça sent mauvais, ça sent l'embrouille à trois kilomètres.

Ma culpabilité est remplacée par le stress et alors j'hésite à peindre un nouveau tableau intitulé : STRESS, puis j'éclate de rire, seule, dans mon atelier.

Ok, Calme-toi Thea ! Ça va bien se passer...

Je souffle, prends quelques grandes inspirations et je relativise...du moins j'essaie.

A 16h30, je pars chercher Tom à l'école.

L'institutrice me regarde du coin de l'œil.

Ça parle déjà sur mon fils ou plutôt sur le père de mon fils.

Tom m'a dit qu'on lui avait posé des questions sur son papa.

Où il est ton papa ? Il ne vit pas avec ta maman ? Tu l'as déjà vu ? Comment il s'appelle ?

Mon fils ne fait pas encore attention à toutes ces question et jusque-là ça n'a jamais posé vraiment de soucis le fait que je l'élève seule mais je sais qu'en grandissant cela deviendra gênant.

Je devrais lui dire la vérité.

Main dans la main, nous rentrons à pied. Nous passons devant les vitrines de plusieurs magasins de jouets et en cette période de Noël, mon fils est tout excité devant cet étalement de cadeaux. Il s'arrête plusieurs fois devant des vitrines.

Puis nous continuons notre chemin, il me raconte sa journée. Puis il s'arrête de nouveau. Puis alors il continue son récit. Il me parle de ses copains, des dessins qu'il a faits. Il me dit qu'il a parlé de moi à ses copains et aux enfants de sa classe. Il a dit que j'étais une peintre et une photographe très connue (il a légèrement exagéré ce point), qu'il était fier de moi. J'avoue que je suis émue. Mon fils est fier de moi. A cinq ans !

Il me dit ce qu'il a mangé à la cantine, qu'il a aimé et qu'il a tout mangé son assiette.

Alors je le félicite, je lui dis que c'est bien.

Je suis tellement fière de lui.

C'est mon ange.

C'est mon trésor.

C'est mon cadeau.

C'est mon petit amour.

C'est ma vie.

C'est mon air.

C'est mon fils.

C'est mon Tom.

Il est ma raison de vivre et jamais au grand bien jamais je ne l'abandonnerai. Je donnerai ma vie pour lui. Je ferai tout pour qu'il soit heureux.

Depuis qu'il est venu au monde je ne veux qu'une chose : son bonheur.

Vers 18h30, une baby-sitter arrive pour garder mon fils. Je reste les dix premières minutes pour voir comment se passe la rencontre entre cette jeune fille et mon fils. Très vite je vois que mon petit Tom est en admiration devant sa baby-sitter. J'enfile donc un manteau, prends mon sac, embrasse mon fils sur le front et m'éclipse voyant que mon fils est bien occupé et épanouit.

Je descends jusqu'au parking souterrain et monte dans ma voiture.

Je ne sais pas pourquoi mais j'hésite quelques minutes avant de démarrer.

Je rentre l'adresse de l'appartement de Nate dans le GPS de ma voiture et sors du parking.

Quinze minutes plus tard, je me gare sur un parking en face de l'immeuble dans lequel réside Nate avec Alice. L'immeuble donne sur une rue commerçante. Une boulangerie, un salon esthétique, une boucherie, une boutique de vêtements, une boutique de chaussures...

Je reste quelques instants dans ma voiture, le regard dans le vide, ne pensant à rien, la boule au ventre.

Oui j'ai peur.

J'ai peur parce que j'ai l'impression que ce n'est pas une simple invitation.

J'ai peur parce que j'ai l'impression que je ne serais pas seule.

Que c'est une sorte de piège.

J'ai ce pressentiment et généralement mes pressentiments se révèlent vrais.

Au bout d'un moment je descends, entre dans l'immeuble et prends l'ascenseur jusqu'au huitième étage. Devant la porte j'hésite encore. L'hésitation m'emporte. Le stress m'emporte. Ma main reste en suspens puis je presse le bouton de la sonnette.

J'entends des voix. Beaucoup trop de voix pour qu'il y est seulement mon frère et sa compagne.

Mais c'est trop tard je ne peux pas faire demi-tour.

Puis j'entends des pas.

La porte s'ouvre.

Mon frère apparait.

Il me regarde. Il me fixe avec un regard intense.

Il s'écarte, me laisse entrevoir l'intérieur de l'appartement.

Et alors je suis prise d'une furieuse colère. Je fais volte-face et commence à m'enfuir.

Je ne peux pas rester. Je savais que c'était un piège. Je savais que c'était une ruse. Je savais que c'était un plan pour me coincer. Pour m'y obliger...je sais pourquoi je suis là...

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