Les chemins qui s'entrecroisent ...

La roulette

J'étais chez moi. Seule. Devant un écran éteint, allongée sur le canapé, à réfléchir. À quoi ? Je ne sais plus très bien. Je sais juste que j'étais allongée quand il a sonné à ma porte. Qui? Un inconnu... Qui maintenant est devenu presque ... Un proche... Un proche malsain. J'avais levé la tête, attendu et encore réfléchis.
Puis je m'étais de nouveau écroulé en me disant que ça devait être un enfant qui s'amuse à sonner aux portes.
De nouveau le son strident de la sonnerie. Je me suis levée en grognant. J'avais ouvert et avais été surprise de la présence d'une personne. Que dis-je? D'un homme. Il était assez grand, habillé de façon détendu. Moi? J'avais honte de ma tenue face à lui... J'étais en pyjama à 15 h.
- Euh... Oui?
- Bonjour.
- Oui?
- J'aimerais savoir si tu aimerais jouer à un jeu.
- Un jeu?
Au début, je le pensais fou. Après tout quel genre d'homme sonne chez toi au hasard pour te proposer de jouer à un jeu? Aucun. Je l'ai regardé sans rien répondre. J'ai hésité... Longtemps je crois. Mais lui, il restait là. À me dévorer du regard, avec un sourire... Presque malsain. Plus d'une fille lui aurait refermé la porte au nez, mais moi, je suis une joueuse. Je suis le genre de fille que certain déteste car d'après eux on est trop sûre de nous, mais on n'est pas sûre de nous, on aime prendre des risques. Oui, j'ai déjà manipulé des personnes pour arriver à mes fins et alors?
Je l'ai regardé dans les yeux, il attendait ma réponse.
- Alors?
- C'est d'accord.

Il m'avait emmené à travers le monde, en me lançant toujours des défis plus dangereux les uns que les autres. Il avait commencé par me demander à gagner des courses puis de manger le plus de chose possible qui ne peuvent pas être comestible et bien d'autre. Chaque fois qu'il me lançait un défis, il m'appelait sur mon téléphone et me disait où on devait se rejoindre. On était allé au casino. C'était une première pour moi. Et lorsqu'on était arrivé, il avait approché sa bouche près de mon oreille et m'avait chuchoté:
- Si tu gagnes une partie de n'importe quel jeu, je serais à toi pour cette nuit.
- Et si j'en gagne deux?
- Je t'appartiendrais autant de nuit que tu gagnes de partie.
J'avais souris, oui, c'était un sourire malsain.
Je m'étais dirigée à une table, j'avais vu une roulette tourner. J'étais une personne assez chanceuse. J'ai parié une grande partie de la nuit, il était là, à côté de moi, je l'entendais rire quand je perdais. Une rage c'était emparée de mon corps, de mon coeur, de mon âme. Il ne pouvait pas se moquer de moi. Je voulais qu'il soit à moi au moins un soir.
J'avais tout perdue. Mais j'étais ressortis la tête haute.
- Tu t'es bien battue et pour la peine j'accepte d'être pour une nuit dans ton lit.

Plusieurs mois après, il m'avait de nouveau appelé. Il m'avait donné rendez-vous dans un endroit où personne ne venait. J'y étais allée. Seule. Et voilà... Maintenant, j'ai une arme dans les mains. Je le regarde.
- Qu'est-ce qu'il y a?
- Pourquoi tu me le donne?
- Tu connais la roulette russe?
-Oui?
- Et bien... Tu vas y jouer.
- Et toi?
- Je vais jouer aussi.
Je ne suis plus sûre de rien. Mais je veux savoir où ça va mener. Après tout j'ai une chance sur 6 d'y passer? Il sort son propre revolver et le place sur sa tempe.
- Tu connais les règles?
- Il suffit juste d'appuyer sur la détente.
- Non. Pas avec moi?
- C'est quoi alors ?
- Quand tu appuiras, tu sauras si tu vis ou non. Si oui, tu feras ce que tu veux de moi. Mais si tu perds... Je ne t'aiderais pas car c'est toi qui a accepté de jouer.
Les règles sont assez simples. Je l'imite, je place le canon du fusil sur ma tempe.
- Quand je dirais " top" tu appuiras.
- D'accord.
Il me regarde fixement. Puis place son canon sur sa poitrine. Je le place moi aussi sur ma poitrine.
- TOP!
Les coups retentissent dans la salle vide. Mais surtout, je sens la balle me traverser le corps. Je regarde le canon de mon revolver. Je tombe à terre. - Ah oui, dit-il en s'approchant de mon corps, j'ai oublié de te dire que tu avais une chance sur 6 de survivre... Que dis-je? Tu n'en avais aucune.
Non... Il n'a pas fait ça!
- Tu vois, j'adore jouer avec vous. Ces filles toujours sûres qui aiment prendre des risques. Dis-moi tu as entendu à la télévision les nouvelles? Celles sur les jeunes filles qui se suicident dans un endroit isolé de tout? Je suis sûr que tu les connais. Et bien sache que je me cache derrière tout ça mais je ne suis pas un meurtrier. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que c'est vous qui vous vous mettez le revolver sur la tempe ou la poitrine. C'est vous qui vous mettez la corde au cou.
Non... Mon sang coule sur la poussière. Je me sens partir. Pourquoi j'ai été assez joueuse pour son jeu? Pourquoi je n'ai pas fait ce que d'autres filles auraient fait? Pourquoi? J'étais trop sûre de moi... Il m'attrape les cheveux et m'oblige à le regarder. Ses yeux qui reflétaient l'amusement, sont maintenant les miroirs de sa haine.
- Je suis sûr tu as manipulé des gens pour arriver à ce que tu es maintenant. Mais tu sais...
Il retrouve un air doux qui me donne des frissons. Il attend quelques minutes. Je commence à fermer les yeux pour partir loin... Et j'entends ses dernières paroles avant qu'il ne parte chercher une autre victime et que moi je parte là où est maintenant ma place...
- Ce ne sont pas les plus faibles qui sont simple à manipuler, tu sais ... Ce sont ceux qui ont l'assurance et le pouvoir. 

"... Et maintenant un triste évènement, une jeune fille a été retrouvé morte avec un revolver dans un entrepôt. Encore une autre victime d'un chagrin d'amour..."
Elle regarde la télévision, ça la fait sourire toute ces filles qui se tuent pour un simple chagrin d'amour. Elle, elle n'a jamais eu besoin de personne. Elle est sûre d'elle, elle n'épargne personne même ses amies pour arriver à ses fins. Soudain quelqu'un sonne à sa porte. Elle se lève et l'ouvre. Elle voit un jeune homme qui lui sourit à pleine dent.
- Oui?
- Bonjour.
- Oui?
- J'aimerais savoir si tu aimerais jouer à un jeu.
- Un jeu ?
- Oui, un jeu, dit-il en souriant de plus belle.