- Ferme les yeux...
La musique se lance, j'obéis sans savoir où cela va me mener. Les notes se suivent sans percevoir quoique se soit.
- Que vois-tu ?
- Je... Je ne vois rien.
- Regarde plus loin.
Regarder plus loin ? Je ne vois rien, ce n'est pas compliqué... Pourtant j'obéis, je cherche au fond de moi, plus loin dans mon esprit pour me retrouver dans les profondeurs de mon âme.
Je poursuis mes recherches en suivant les notes qui me guident en sautillant. Je les suis et les pas s'accomplissent toute seule, au départ timidement puis tout s'accélère, mon esprit s'éclaircit au fur et à mesure de mon exploration intérieur. Les images et les clichés de ma vie s'enchaînent et défilent sous mes paupières closes, elles guident mes pas sans m'isoler.
Mes sentiments ne font que donner un sens à mes pas et s'accommodent facilement au rythme de la musique qui m'emporte.
- Tu y es, Alice...
Les ralentissements de la musique me remémorent des moments que j'ai tenté de chasser de mon esprit qui d'un coup me reviennent en mémoire comme une vieille cicatrice que j'ai tenté de renier. Mes pas se ralentissent, mon visage s'assombrit, mes cheveux qui volaient sur mon dos redeviennent raides.
Mon professeur n'aime pas lorsque je fais ça, lorsque je m'arrête dans mon élan, pourtant je ne peux m'empêcher de suivre le tempo qui m'enivre pour me balancer ces scènes tant détestées et détestables.
Cependant lorsque le rythme reprend son allure normale les pas accélérés reprennent de plus belle. Les images de moments de bonheur, de joie me permettent de continuer et d'essuyer les larmes qui coulent du passé.
J'avance dans la danse, je pars dans le ciel pour ma balader de nuage ennuage.
On ne me croit pas quand je dis que la danse me procure du bonheur,c'est un bonheur doux qui glisse sur ma peau, sucré qui fait briller mes lèvres et fort car même lorsque je tombe, je me relève.
Mes mouvements fluides s'emboîtent facilement à la musique, je suis les notes qui valsent sans m'épuiser, le rythme m'emporte sans que je puisse m'arrêter, le tempo fait battre mon cœur et l'instrumental m'enlace doucement sans me priver de liberté.
Je continue à suivre la musique sans ralentir, je sais maintenant où je suis, un monde s'exprime à travers mes mouvements, c'est ici où je me sens le mieux.
La musique ralentit, la fin arrive, mes pas deviennent plus saccadé,l'envie de poursuivre m'anime, mais mon corps ne m'obéit pas, il obéit à cette danse qui s'anime sur cette musique qui me fait vibrer. Lorsque la dernière note résonne, mon corps s'immobilise, mes yeux s'ouvrent, tout es déjà fini.
- Tu es prête Alice.
- Je crois bien.
- Révise bien pour le spectacle et tout ira bien.
Je hoche la tête puis ramasse mes affaires. L'avantage ou le désavantage de la danse, c'est que même en apprenant les pas, il y a toujours un risque d'oublie donc l'imagination est mise à l'épreuve pour improviser sur scène.
-Que fais-tu Alice ?
- Je m'entraîne.
- Tu viens de sortir de ton cour et tu remets déjà à danser.
- J'ai tout de même le droit de danser.
- Je ne dis pas le contraire, dit-il en s'approchant de moi, mais tu te mets trop de pression, il faut la relâcher.
Je relâche mes muscles et ouvre les yeux. Lorsque je me retourne, je le vois si près que je peux distinguer toutes les nuances de couleurs qui parsèment ses iris.
- Je n'ai aucune pression.
- Je sais. Tu as juste peur.
Il me prend une de mes mains, ce geste que l'on fait lorsque l'on veut rassurer un enfant, lui promettre que l'armoire ne s'ouvre pas sur un monstre car il est assez courageux pour faire ami-ami avec lui. Il dépose un léger baiser avant que je ne lui retire ma main.
- Et peur de quoi, dis-moi toi qui sait tout.
Il se relève légèrement et prend son air sérieux. Je ne sais pas si j'apprécie quand il fait ça. Il arrive à savoir tout ce que je ressens juste en me regardant, en m'observant. Comment fait-il ?Je n'ai jamais su. Pourtant, parfois, pour mon plaisir, il semble faire semblant de ne rien savoir, il semble désinvolte alors qu'il sait, il voit, il ressent mais surtout il s'inquiète avec un sourire comme facette. J'aimerai parfois arrêter de le faire souffrir, de le torturer avec ce que je suis... Mais si je ne l'ai plus... Où va la vie ?
Je baisse le regard en sachant qu'il va me la remonter avec un sourire éclatant à faire fondre mon pauvre cœur.
- Tu ne dois avoir aucune crainte. Tu as déjà fais des tas de spectacles, pourquoi maintenant tout serait différent ? Tu connais tes pas, tu connais tout ce que tu dois faire, soit toi. Toi et toi seule peut faire tout ce que tu fais. Et puis, tu sais, tu dis que la danse est terminée, mais ce dernier spectacle n'est pas totalement le dernier... Je le sais et tu le sais aussi. (Il fait glisser ses mains sur mes hanches en m'attirant vers lui) La danse n'est jamais terminée, tu t'envoleras toujours autant quand une musique se lancera, tu auras toujours cette confiance en toi quand les lumières éclaireront ta peau blanche. Elle sera toujours présente et je suis persuadé que tu feras d'autres spectacles, peut-être pas comme ceux que tu connais mais d'autre. Tu l'as dit toi-même la vie est une danse infinie, qui prend fin lorsque les lumières s'éteignent. Tu danseras toujours autant jusqu'à ce que tu sortes totalement de la scène. Seulement, tu as peur de cette nouvelle danse. Tu ne l'as connais pas, car tu te l'as toujours caché, c'est pour ça que tu as peur. (Je laisse tomber ma tête contre son torse et ferme les yeux) Mais ta peur peut devenir du courage et de la confiance, mais ça c'est à toi de la transformer.
- Tu ne m'aideras pas ? Demandais-je en relevant la tête pour le fixer.
- Bien sûr que si.
-Alors je veux bien ne plus avoir peur.
- Alors arrête de toujours t'entraîner, tu connais tes pas, en continuant, tu perds ta confiance.
- Peut-être bien...
J'aimerais continuer à m'entraîner, mais je sens ses bras me bloquer contre lui, je me blottis contre son torse et plaque mon oreille sur son cœur, ses battements sont lents et doux, je ferme mes yeux, il me semble qu'il me parle, mais je ne l'entends pas, je ne l'entends plus. J'arrive à deviner quelques mots doux dans le lointain mais rien de plus.
Je me sens en sécurité... Oui, se sera ma dernière chorégraphie mais celle qui m'attend est peut-être compliqué à pratiquer, cependant je sais que j'y arriverai tant que je reste dans ses bras pour continuer la danse entre deux : « Je t'aime mon ange ! »
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Les chemins qui s'entrecroisent ...
AcakC'est ici que vous retrouver mes nouvelles qui me sont venu sans réfléchir et que j'ai écrire (certaines en quelques jours) J'ai fait en sorte que ces nouvelles soient des personnages de la vie de tous les jours, des personnes qui font partis de la...