Les chemins qui s'entrecroisent ...

Les nuits de folie

Allongé dans mon lit, je regarde ma montre et sa trotteuse. D'ici quelques minutes, je partirais. Seul, oui, mais accompagné par ce que j'aime.
Les lumières épileptiques guideront mes pas, la pénombre me transformera en ombre de mille et une couleurs. Je sauterai en hurlant pour être sûr que je sois toujours conscient. Ces bousculades qui font pour certains rire et d'autres grimacés. Mais avant cela, il me faudra traverser les rues encore illuminées des derniers rayons du soleil, slalomer entre ces passants pressés, être éblouis par l'obscurité de la pièce où à lieu notre cérémonie. Il faudra tout de même entre temps embrasser la foule arrivé avant soi-même et seulement lorsque la populace sera là et prête, on lancera nos corps par rapport aux rythmes qui nous feront onduler comme des serpents.
Certains verres tomberont à terre et d'autres sentimentaux se briseront en éclats sans pour autant salir l'endroit. Des verres remplient de boissons seront levés vers  ciel en signe de victoire, d'espérance, de joie, de bien-être temporel.
Je danserai sur la piste en emportant avec moi tous mes problèmes. Je me collerai à des filles et danserai avec elles. Je les guiderai comme guidera le tempo mon corps. Les danses espagnoles s'enflammeront dans nos veines, je les ferai quitter terre, nos souffles seront courts, nos ombres ne seront plus en mesure de suivre nos pas.
Lorsque la musique s'arrêtera, on se regardera en souriant sans comprendre pourquoi et nous nous séparerons comme si nous n'avions jamais dansé.
J'irais au bar, échanger quelques pièces pour un verre d'alcool, une valse sera lancé et en finissant mon verre d'une traite, je regarderai les couples danser lentement, pendant que moi, je rêverai que j'attrape une fille par les hanches pour la conduire sur la piste de danse. Je la ferais voltiger aussi légère qu'une plume, nos pas ne toucheront plus, la Terre ferme mais l'espace, le vide. Je la regarderais rougir de timidité mais aussi d'effort, nos pas seront rapide et sauvage mais à la fois doux et délicat.
Mon regard s'égarera sur son visage tandis que mon corps guidera le sien. J'espèrerai de pouvoir lui voler quelques baisers sur ses joues, sa nuque et ses lèvres.
Et peut-être sera-t-elle la femme parfaite pour voir couler dans mes veines l'encre de la musique et des nuits sans fin qui me font être un gars banal en soit dans la journée mais la nuit un saltimbanque qui se laisse guider par le rythme et le tempo qui sort de ces immenses enceintes.
Mais pour l'instant, je suis toujours dans mon lit à regarder la trotteuse avancer pour enfin partir en sachant que la fille de mes rêves ne sera pas là et que les filles avec qui je danserai ne seront qu'une danse d'un soir ou deux. En attendant celle avec qui je pourrai danser la valse chaque jour.