Louise

Chapitre 2

Louise reste bouche bée.
Personne n'avait jamais osé lui parler comme il vient de la faire, encore moins un petit connard prétentieux dans son style. Tous les gens présents dans l'immense bureau ne bougent plus d'un cil et tous les regards sont sur Christopher.

Pendant une seconde, en voyant son petit sourire insupportable plaqué sur son visage, elle a une soudaine envie de se jeter sur lui et lui arracher les yeux avec les ongles.

Elle aimerait lui répondre, comme elle fait toujours avec le premier qui ose ne serait ce que hausser le ton. Mais rien. Elle n'y arrive pas. Rien ne sort de sa bouche, aucun son.

Elle se sent humiliée, devant tous ses collègues en plus.
Elle tourne les talons et sort de la pièce le plus dignement possible. Elle fonce dans les toilettes les plus proches et s'appuie contre un lavabo. Elle regarde son reflet dans le miroir.

-Putain Louise! Qu'est ce qui t'as pris de te barrer comme ça?! Pourquoi tu l'a laissé te parler ainsi?! Bordel mais c'est quoi ton problème! T'es qu'une conne! Je te croyais forte! Mais en fait t'es qu'une trouillarde! Quoi? Il te fait peur?! Bordel mais reprends toi!!!

Elle pousse un grognement de rage, ferme son poing et frappe de toutes ses forces contre le mur à sa gauche.
Une douleur aiguë lui saisit tout le bras, ce qui la calme.

Hors de question qu'il s'adresse à elle encore une fois comme ça, et elle va y veiller!

-Putain Christopher! Tu es suicidaire ou quoi?!
-Pourquoi?!
-Comment tu lui as parlé! T'es malade!

Après que Louise soit sortie, tous ont repris leur tâche comme si de rien n'était, sauf l'un des inspecteurs.

-Je crois qu'elle avait juste besoin d'avoir les idées remises en place.
-Ok donc toi t'as pas été mis au courant de certains trucs...

Christopher hausse un sourcil et s'appuie bien contre le dossier de son siège.

-Certains trucs?
-Ici, c'est elle la patronne. Pas officiellement bien sûr. Mais quand elle dit un truc tu le fais et tu ferme ta gueule.
-Et en quel honneur?
-C'est de loin la meilleure enquêtrice et inspectrice qu'il y ait ici. Mais surtout parce que contrairement à ce qu'on pense tous au début: elle n'est pas la petite fille pourrit gâtée qu'on croirait. Elle est française...
-Oh... je me disais qu'elle avait bien un accent... mais.... il faut être de nationalité Américaine pour entrer au FBI normalement.
-Exactement, mais elle a été major de sa promo à Paris, c'est une surdouée. Tellement qu'elle a fait parler d'elle et elle a été engagée par le FBI de New York, ce qui est ultra rare.

Christopher passe sa main dans ses cheveux parfaitement coiffés, pensif.

-Hum... je vois...
-Et ce n'est pas tout...

L'inspecteur Toraless qui lui parle depuis le début, baisse soudainement de volume de voix. Comme si ce qu'il s'apprête à dire est inavouable ou secret.

-Elle ne voulait pas de nouvel équipier.
-Ca j'avais remarqué.
-Son ancien équipier s'appelait Gregory Guarel...

En entendant ce nom, Christopher se redresse précipitamment.

-Mais c'est...
-Le « tuer aux douze coups de minuit » en effet.
-Il faisait parti du FBI?
-Oui. Mais nous avons étouffé l'affaire. Si la population avait appris qu'il y vair un tueur en série parmi nous ça aurait été un scandale national.
-Je vois...
-L'inspectrice Dubois n'a jamais fait confiance à personne, sauf à Gregory. Ils étaient amis même. C'était le seul qui pouvait la calmer et lui parler en face. Mais elle a finit par découvrir que c'était lui. Il l'a kidnappée et a essayé de la tuer. Elle a finit par reprendre le dessus et elle a réussi à lui exploser la cervelle. Pourtant il l'avait bien amochée. Elle est resté plus d'un mois à l'hôpital. Elle avait deux côtes cassées et une hémorragie interne au niveau de l'estomac, sans parler de toutes les blessures superficielles un peu partout sur son corps mais surtout au visage... Alors oui, on la respecte tous, même si elle peut parfois être une véritable connasse: elle mérite sa place ici plus que n'importe qui.

Il pose une main sur son épaule et lui sourit de façon entendue:

-Penses y la prochaine fois avant de lui reparler comme tu l'as fait...