Conte 1 - Partie 1/2

15.3K 909 173
                                    



-Alors Gregory? Qu'est ce qu'on a?

Louise passe sous le ruban jaune du FBI, attrape les gants en latex blanc que lui tend l'un des agents de la police scientifique et les enfile en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Elle recouvre ses cheveux noirs tenus en queue de cheval, d'une charlotte en tissu et mets des sur-chaussures en plastique bleu pour qu'en aucun cas elle ne contamine la scène de crime de particules lui appartenant.
Elle recouvre également son nez et sa bouche d'un masque qu'elle accroche derrière ses oreilles dégagées.

L'inspecteur Guarel, déjà équipé, attendait Louise pour lui faire le topo des informations à leur disposition.

Ils avancent dans l'intérieur de l'appartement jusque dans la cuisine.
Là, gisent deux cadavres d'enfants.

En les voyant, elle ne peut s'empêcher de lâcher un jurons dans sa langue, le français:

-Putain*...

{*= Tous les mots des dialogues qui sont en italique, sont en français. Les autres sont censé être en anglais étant donné que l'histoire se passe à New York...}

Gregory hausse un sourcil, n'ayant absolument aucune idée de ce que ce mot peu signifier. Il a l'habitude d'entendre Louise dire des choses dans sa langue d'origine, mais il n'en comprend que très rarement le sens.

-T'as dit quoi?
-Hein?! Oh rien... Vas y explique moi ce qu'on sait.
-Le garçon s'appelait Kevin et la fille Lilia. Ils étaient frère et sœur. Lui était âgé de 8 ans. Elle de 7. Ils ont été tué dans les environ de minuit. Le tueur est entré par effraction.
-Les parents?
-Partis au restaurant pour leur anniversaire de mariage. Ils étaient sur le chemin du retour quand la police les a appelés. Ils ont été emmenés au FBI pour qu'on leur pose des questions.

Tout en écoutant son collègue et en prenant garde à ne rien toucher, elle s'approche du cadavre du garçon.

-Comment peut-il garder cette position?

La position à la quelle Louise fait référence est la suivante: le garçon est agenouillé au sol, dans une cage en acier, ses mains tenant fermement les barreaux comme s'il voulait s'en échapper et sa bouche est grande ouverte comme s'il hurlait de toutes ses forces.

-Ses mains ont été collées aux barreaux de métal avec de la super-glue tout simplement. Ses mâchoires sont maintenues ouvertes avec des bâtonnets en métal coincés entre ses molaires de chaque côté de sa bouche. Et le corps est en parfait équilibre sur lui même. Le tueur savait très bien ce qu'il faisait. C'est d'une main experte qu'il a effectué ce travail. D'après le médecin légiste il l'aurait tué en l'étouffant, mais il ne pourra en être certain qu'après l'autopsie, et il a ensuite positionné le corps ainsi.
-Une... mise en scène...
-En quelques sortes oui.

Ce n'était pas une question, elle se parlait à elle même. Mais elle ne lui fait pas remarquer et continue d'épier encore quelques secondes le corps puis va vers la petite fille.
Son cadavre est complètement calciné. Sa chair est brûlée et même fondue à certains endroits.
Elle s'accroupit pour pouvoir observer de plus près.

-Le tueur a utilisé le four. Nous ne savons pas encore si elle est morte brûlée vive ou si c'est post-mortem.

L'odeur de chair brûlée lui pique les narines malgré le masque.

-Il a attendu qu'elle soit assez calcinée et l'a sorti du four pour la placer sur le sol.

Elle marque une pause.

-Qui a découvert le corps?
-Et bien en fait... personne.
-Comment ça?
-Nous avons reçu un appel provenant du téléphone fixe de l'appartement. C'était le tueur!
-Vous avez des indices?!
-Il a été enregistré par nos équipes. Mais nous n'avons pas grand chose. La voix est masculine mais légèrement étouffé comme si...
-Comme s'il parlait à travers un mouchoir... oui bien sur. Qu'a t'il dit précisément?

Gregory attrape une de ses fiches et lit à haute voix:

-«Grignoti, Grignotons, qui grignote ma maison? C'est le vent, le vent, le céleste enfant »!
-Hein?! C'est tout?! Mais c'est du francais!
-Oui. Les policiers qui ont reçu l'appel ont bien sûr pensé à une blague, mais peut être par instinct ils sont venu inspecté là d'où venait l'appel. Quand ils sont arrivés la porte d'entrée était ouverte, ils sont entrés et ils ont trouvé... les enfants.
-Il veut qu'on trouve ses « œuvres ». Efficace. C'est impossible qu'il en soit à son premier meurtre. Un novice ne serait pas aussi sûr de lui, pas aussi précis. Laisse moi deviner: vous n'avez trouvez ni empreinte digitale ni ADN?
-Pas celle du tueur en tout cas. Pas pour l'instant...

Louise se relève et ce n'est que maintenant qu'elle voit les graffitis sur les murs. Elle avait été tellement hypnotisé par les cadavres qu'elle n'a même pas observé la pièce en elle même.

-C'est quoi ça?

Elle pointe du doigt le carrelage blanc recouvert de peinture représentants des gâteaux, des bonbons, des sucettes et du chocolat.
La pièce en est recouverte.

-La peinture est encore fraîche, donc soit se sont les enfants qui se sont amusés à faire des dessins en l'absence de leurs parents, soit c'est...
-Le tueur. Pourquoi ferait-il ça?
-Aucune idée. Les délires d'un malade mental.
-Non. Ce n'est pas juste un « délire ». Il y a quelque chose de logique dans tout ça. Toutes ces choses sont une pièce du puzzle, ces dessins y compris, et l'appel anonyme également.

Louise se frotte le frond de la paume de sa main en se répétant intérieurement les mots du tueur:
« Grignoti, grignotons, qui grignote ma maison? C'est le vent, le vent, le céleste enfant ».

-Qu'est-ce qu'il y a?
-J'essaye de me rappeler...
-Te rappeler quoi?
-Tout ça. Je l'ai déjà vu.
-Comment ça?!
-Je ne sais pas... J'ai l'impression de connaître déjà cette histoi...

Louise se coupe dans sa phrase et se tourne vers Gregory avec un lueur de génie dans les pupilles.

-UNE HISTOIRE!!! Mais bien sûr!!! Ça ne te dit rien?! Un frère, une sœur, un four, des gâteaux, cette phrase...
-Euh...

L'inspecteur Guarel est complètement perdu. Ne comprenant absolument pas où veut en venir Louise.

-HANSEL ET GRETEL!!!
-Quoi?!

Louise lève les yeux aux ciel.

-Tes parents ne t'ont jamais lu des contes quand tu étais enfant?!
-Si... Mais... euh...
-Alors ça devrait te paraître une évidence! C'est exactement ça! La maison en pain d'épice et en sucreries en tout genre que les enfants grignotent. Le frère dans la cage car la sorcière veut le manger. Le four et la sœur!
-Mais... ce n'est pas la sorcière qui est censé finir cramée dans le four et les enfants qui sont sauvés?!

La logique de Louise se dissipe aussitôt.

-Si... tu as raison.

Elle se tient de nouveau vers la scène de crime.

-Ce tueur ne laisse rien au hasard, la mise en scène est parfaite, c'est l'histoire qu'il a changer. Mais Pourquoi? Et pourquoi du français?!

LouiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant