Histoire des Elfes - la Dynastie Noire

Chapitre 2

" - Ainsi nos trois héros grandirent. Je pense qu'à présent nous pouvons aborder leur rencontre en toute connaissance de cause, continua la Souveraine. 

Comme je l'ai mentionné, Lorsque le père de Deiann mourut, celui-ci décida de partir. Il traversa la forêt jusqu'à atteindre les plaines, où il rencontra au bout de quelques jours de marche un petit village. Comme il était fatigué par la longue route qu'il avait entreprise, il s'arrêta dans la bourgeade. A cet endroit, la jalousie avait quelques effets, mais tout le monde acceptait, avec plus ou moins de réticence, la présence de Sangs-Mêlés. Ainsi, lorsque Deiann frappa à la porte de la première maison venu et demanda l'hospitalité, on la lui donna avec la promesse qu'il partirait le lendemain à l'aube. Ce soir-là, dans la chaumière, notre ami apprit beaucoup de choses sur Elira et les gens qui y vivaient, car quand il était dans la forêt avec ses parents, ceux-ci ne s'étaient pas donnés la peine de l'instruire de ce genre de choses. Le lendemain à l'aube, il reprit sa marche. 

En allant vers le nord-est, traversant tour à tour des bois et des champs, Deiann en apprit plus encore ; Il sut, après être entré pour la première fois dans une ville magnifique nommé Aerb, que plus les Elfes étaient nombreux à un endroit, moins les Sangs-Mêlés étaient les bienvenus. Il entendit également parler de Mennta, où la haine envers Elfes Rayés et Sangs-Mêlés était plus forte que jamais, mais, entendit-il dire, la plus belle cité de tout le pays, plus belle encore que les Quatres Tours, qui étaient et sont pourtant, chacune à sa manière, des joyaux de civilisation Elfe et Naine. C'est ainsi qu'il décida de se rendre dans cette ville, quoi qu'il arrive, car une des choses que Deiann appréciait le plus, c'était la beauté des choses. 

Mais laissons-là notre jeune et impétueux voyageur et repartons voir du côté d'Ellania.                     

Celle-ci, lorsqu'elle eut atteint ses quatorze ans, décida de partir, comme tous les enfants du hameau à son âge, à la découverte du reste d'Elira. Elle fit donc son baluchon, et la veille de son départ on fit un grand feu accompagné d'un festin. Ses parents et les autres membres de la communauté lui prodiguèrent mille conseils qu'elle décida de retenir ; après tout cela pouvait lui servir un jour. Elle profita égalment de cette dernière soirée avec tout le monde. Elle partit le lendemain à l'aube, excitée et un peu triste de quitter les lieux de son heureuse enfance.

Elle se dirigea vers l'Occident, désireuse de découvrir d'autres modes de vie que celui de la montagne, qu'elle connaissait déjà. A l'inverse de Deiann, on l'avait prévenue d'éviter les grandes villes et mêmes les gros bourgs, ce qu'elle appliqua à la lettre, et bien que dans les petits villages l'accueil était mitigée, elle avait un caractère si enthousiaste et serviable que certains Elfes ne pouvaient s'empêcher de l'apprécier, malgré une bonne moitié de la population qui finissait par la détester à cause de ce même caractère, dévorés par la jalousie qu'ils étaient. Mais sa malice, insatisfaite de jour en jour, ne cessa de de lutter afin de sortir. En effet, lorsqu'on lui offrait asile, Ellania se retenait de toute farce afin de faire bonne impression aux Elfes qui l'acceuillaient. C'est ainsi qu'un jour, tandis qu'elle s'approchait d'un village, sa malice prit le dessus et elle décida de jouer de mauvais tours aux habitants dudit village. Elle passa donc la journée à élaborer diverses farces de très mauvais goût et la nuit à les mettre en place, signant son méfait de son nom, chose complètement stupide. Le lendemain, elle se cacha dans le village pour écouter et voir les effets de son labeur. Mal lui en prit, car un villageaois la découvrit et la traîna devant tous le village, lui faisant avouer ce qu'elle avait fait. Elle s'excusa, mais rien ne put dissuader les Elfes de l'envoyer dans la bourgeade la plus proche sous protections des Défenseurs, qui, comme tu le sais, représentaient la loi et le pouvoir en place. 

- De nos jours, il ne représentent que la loi, n'est-ce pas ? Fit remarquer Kirina.

- C'est cela. Ellania fut donc confiée à une Défenseuse revêche et un peu brutale dans ses manières, Keinn. Ellania ne l'aimait pas trop, mais elle n'avait d'autres choix que de la suivre. Cependant, un soir, toutes deux se disputèrent assez violemment et Ellania prit la poudre d'escampette. Elle se cacha alors pendant plusieurs jours, recherchée par les Défenseurs qui avaient pris en grippe cette jeune Sang-Mêlée qui avait eu le culot de s'enfuir, car, de mémoire d'Elfe, cela n'était jamais arrivé auparavant. A ce stade de l'histoire, Ellania était proche de Mennte, et elle tomba sur Deiann un jour qu'elle parcourait les sentiers parcourants les plaines du nord. Lui aussi, à vrai dire, avait eu quelques ennuis avec les Défenseurs après qu'il eut démoli une taverne dans un accès de rage après qu'on lui eut refusé une place à ladite auberge qui ne voulait l'héberger pas même dans les écuries. Ils sympathisèrent après avoir échangé leurs déboires et leurs raisons, se disant qu'ils n'étaient pas si différents. Il décidèrent donc de faire route ensemble vers Mennta afin de mieux faire connaissance et d'assurer mutuellement leurs arrières. 

De son côté, Deiann avait commencé à faire parler de lui. En effet, il s'amusait à libérer les Sangs-Mêlés et Elfes Rayés arrêtés sans raison par les Défenseurs, puis faisait ensuite la leçon auxdits captifs, leur expliquant qu'il ne fallait pas suivre aveuglément les Défenseurs, pourris qu'ils étaient par l'opinion commune. Il fit ainsi des ravages dans l'entreprise des Défenseurs et de la Souveraine Tulann, finissant par se faire immanquablement arrêter. 

Il faut savoir qu'en ces temps-là, on enfermait simplement les parias, les relâchant au bout de deux ou trois semaines, plus en cas de récidive. Si ils se comportaient en de sages pouilleux qu'ils étaient et se tassaient devant l'autorité de la Souveraine, ils étaient libérés plus tôt. Ainsi les bâtiments étaient pleins et il ne cessait d'y avoir des allées et venues le long des couloirs ; les cellules, quand à elles, étaient conçues pour abriter et isoler deux ou trois personnes du reste de la civilisation, et c'est ainsi que Keltt connut Deiann et Ellania : en partageant leur cellule.

- Et ils s'évadèrent ? Demanda Kirina, profitant de la pause faite par Talina dans son récit pour poser la question. 

- Nous verrons cela demain matin, jeune Princesse. Il est l'heure de dîner et je ne pourrais conter plus ce soir. 

- Eh bien, j'attendrais !"

Et mère et fille se rendirent au réfectoire du Palais en bavardant gaiement.