Kirina et sa famille dînèrent joyeusement ensemble, puis la petite Elfe annonça qu'elle allait se coucher afin de pouvoir secrètement rejoindre son amie la plus chère, Seileriss.
Elle attendait son arrivée dans leur cabane avec impatience lorsqu'elle apparut en bâillant. Toutes deux discutèrent un moment, avant de se séparer pour, cette fois, réellement se coucher.
Le lendemain, dès lors qu'elle eut avalé son repas du matin, Elle rejoignit la Souveraine Talina dans le Jardin Secret. Elle s'assit sur une branche et attendit que sa mère arrive. Celle-ci parut rapidement, s'asseyant en tailleur sur l'herbe, adossée à un charmant mur de pierre blanc qui entourait l'ensemble de ce jardin habituellement attribué aux Souverains et Souveraines d'Elira. Ce petit coin d'herbe et de fleurs, agrémenté d'un petit banc et d'un joli portail ouvragé dans le mur blanc, suspendu au troisième étage du Palais et attenant à la salle de vie réservée au Princes et Princesses était véritablement charmant, avec son vieil arbre aux basses et confortables branches et sa merveilleuse vue sur la ville de Mennta. Kirina était perdue dans ces pensées quand sa mère lui demanda doucement :
" - Kirina, veux-tu, oui ou non, entendre la suite de l'histoire ?
- Oh, Mère, je vous en prie ! continuez-la ! implora la jeune Elfe.
- Fort bien. Hier, j'ai mentionnée que nos trois héros s'étaient rencontrés dans une des cellules réservées aux parias de la ville. Lorsque Deiann et Ellania furent jetés dans la cellule où se trouvait Keltt, celui-ci fut tout d'abord surpris, puis ricana.
" - Vous aussi, vous avez été chopé par les Défenseurs ? Pas de chances. Vous risquez d'en avoir pour un bon mois à vous sortir de là et...
- Pourquoi est-ce que tu es là alors que tu est un Elfe ? demandèrent Ellania et Deiann d'une seule voix, interloqués. Tous deux n'avaient jamais vraiment été en contact avec les Elfes, quel que soit le peuple auquel il appartenait
- On vous a rien appris, les gamins ? Ch'uis un Elfe Rayé, c't'à dire que j'ai deux parents d'peuples Elfes différents, et tout comme les Sangs-Mêlés, on est mal vus. Fichus parents ! cracha-t-il. Y sont tombés amoureux, y m'ont eu et pis y ont décidé de m'laisser dans la rue. J'ai dû m'débrouiller à dix ans pour trouver d'quoi manger. J'vous jure, les gamins, on devrait pas faire subir ça à des enfants ! La rue ! et pis quoi encore !
- Je te ferais remarquer...l'interrompit Ellania
- Keltt, grommela l'Elfe. Mon nom c'est Keltt. 'Tention à pas mal le dire, hein !
- Ne t'inquiètes pas, reprit Ellania. Je te fais simplement remarquer que tu n'est pas bien plus âgé que nous. Alors tu pourrais ne pas nous appeler des gamins.
- J'approuve ! s'exclama Deiann.
- Ben moi, j'veux ben vous app'ler autrement mais j'connaît pas vos noms.
- Je m'appelle Ellania, se présenta la jeune Sang-Mêlée.
- Pour ma part, je me nomme Deiann
- On fait comment pour s'évader ? demanda Ellania.
- Tu est folle ! s'exclamèrent les deux garçons en même temps.
- Ben quoi ? On peut bien le faire !
- J't'explique un peu, dit Keltt. Les Défenseurs, quand y t'arrêtent, y font déjà pas forcément dans la dentelle. En plus, y aiment pas perdre des prisonniers. Si tu t'évade, y te f'ront la peau et pis y t'amèneront d'vant la Souveraine. Compris ?
- Et comment fait-on pour sortir d'ici, alors ? demanda la jeune aventurière.
- Cela paraît évident, répondit Deiann. On se tient bien, et au bout d'un temps on leur demande si on peut sortir.
- Toi, t'as tout compris ! s'exclama Keltt. Bon, allez, z'êtes pas vache alors j'vais vous montrer deux trois trucs pour être mieux dans c'te fichue cellule."
Ainsi, en peu de temps, nos trois protagonistes sympathisèrent, et, tout le temps qu'ils restèrent dans cette prison pour parias, ils apprirent à mieux se connaître si bien qu'au bout de deux semaines, une amitié naquit entre eux trois. Ces deux semaines passées, ils furent relâchés avec la menace de revenir pour plus longtemps si ils faisaient encore des bêtises.
"- Ils sont hostiles, ici, fit remarquer Ellania. Déjà que dans les villages ils n'étaient pas très commodes...
- Et encore, tu as eu de la chance, répliqua Deiann en s'époussetant la tunique. Moi, on me claquais la porte chaque fois que je pointais le bout du nez.
- Si vous l'saviez, qu'les Elfes nous calculent pas, vous êtes venus pourquoi ?
- Il paraît que c'est une très belle ville. Je voulais la voir, répondit Deiann, l'air indifférent.
- Mais il y a autre chose : quand nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas changer les choses ? Alors on est aussi venus pour ça, ajouta Ellania.
- Z'êtes pas les premiers, leur indiqua Keltt. Y'en a qui veulent lever une armée.
- Nous ne voulons pas de ça , mais si nous pouvions trouver quelqu'un pour nous aider...
- Y'a d'jà moi, mais y faudrait p'têt ben un quatrième larron. J'sais d'jà à qui on pourra demander, répondit l'Elfe Rayé. 'Tendez une seconde.
Keltt siffla alors longuement et dix secondes plus tard, un autre Elfe Rayé se tenait devant eux ; il était assez sale et portait une sorte de tunique que l'on devinait bien usée.
- J'vous présente Letann. C't'un d'mes meilleurs potes.
- Salut tout le monde !
- Dites, vous ne savez pas parler normalement ? Demanda Deiann, intrigué depuis qu'ils s'étaient rencontrés par la manière de parler de Keltt, sans jusque là avoir osé poser la question.
- Ben si mais on préfère parler l'jargon des rues., Répliqua Letann. Si tu l'parles pas, tu t'f'ras jamais d'place, ici. Comment tu t'appelles ?
- Je m'appelle Deiann. se présenta-t-il.
- Et moi c'est Ellania, ajouta la jeune Sang-Mêlée.
- Vous faites tache avec vot' language, fit remarquer Keltt. Z'avez l'air d'êt' des Elfes boutiquiers ou chais pas quoi.
- C'est comme ça qu'on parle ! S'offusqua Ellania. Je n'ai jamais appris le "jargon des rues", comme vous l'appelez.
- Va falloir en tout cas. Si vous voulez vivre ici, ça s'ra dans la rue, répliqua Keltt. Et encore les Défenseurs n'aiment pas qu'on traîne. Vous faites pas d'illusions : ça chang'ra pas du jour au lendemain. Bon, vous m'suivez ?"

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Histoire des Elfes - la Dynastie Noire
FantasyUne Souveraine. Un peuple. Une décision. Et la mort.