Une heure plus tard, j'ai la possibilité de m'éloigner des pompiers, avec Sacha. Ayant dit que c'était le troisième étage de mon immeuble, la police m'a posé pas mal de questions. Le gars m'a demandé si ma famille était à l'intérieur, si je connaissais des voisins susceptible d'être à l'intérieur. J'ai répondu que le troisième étage n'était plus habité depuis une inondation, il y a quelques mois. Au rez de chaussé, seul une vieille femme et son chien y habite, mais à cette heure, elle devait être chez sa fille, dans un quartier voisin. Au deuxième étage, un couple y vivait. Seulement on était lundi, et tous les lundis et mercredis soirs, ils allaient au restaurant de dix huit heure à vingt-et-une heure. Au quatrième, c'était ma famille et moi-même. Mon père doit être au boulot et mon frère est avec une amie en ville. Au cinquième étage, un jeune gars bosse de nuit. Il ne devait pas être là, commençant à dix-sept heure. Au sixième, c'était probable qu'il y ait la jeune maman et ses deux filles. Je ne les avais pas vu le matin même, alors je ne pouvais pas dire grand chose. Le flic m'a remercié et m'a demandé comment j'allais. Je n'ai pas souris et je suis restée silencieuse. Il m'a proposé d'aller voir une cellule d'écoute, ce que j'ai refusé. Il m'a ensuite donné sa carte et un rendez-vous au commissariat pour le lendemain, dix-sept heure, après les cours. Il devait me poser des questions et me faire appeler tout un tas de gens, étant donné que mon père ne pouvait prendre aucun appel depuis son boulot, en ce qui concerne les assurances et tout le blabla. Il s'est intéressé au lieu où j'allai dormir, j'ai montré Sacha et j'ai dit que j'irai chez lui quelques temps.
Une semaine est passée. Ma vie commence vraiment à partir, désolée de la vulgarité, en couille complète. Notre appart a été complètement mis sans dessus-dessous mais l'explosion n'a pas atteint son apogée. Selon la police, ce n'était pas une explosion criminelle. Un tuyau de gaz propre à l'appartement s'est démonté et une étincelle a permis une explosion de petite envergure. Lorsque nous sommes à côté, on a l'impression que c'est fort, mais en fait, "ça va". Notre appartement n'a donc pas été fortement touché. Des gens ont dû pénétrer dans l'appart avant l'incident et devait chercher quelques choses de précis étant donné qu'aucun objet de valeur n'a été pris. Sûrement une histoire de gang avec David. Ça n'était pas arrivé depuis que nous avions six ou sept ans. Nous étions chez notre grand mère maternelle lorsque notre appartement s'était fait vandalisé. Nos parents ne s'étaient pas embrouillés, ou alors ils ne l'avaient pas fait devant nous. Notre immeuble n'étant plus du tout habitable, une entreprise en bâtiment nous a approché pour racheter notre appartement. J'ai fait déplacer, à l'aide d'Elaiza, nos meubles dans un grand garage près de la zone industrielle.
Nous sommes passés au hangar, Lukas, Sacha et moi, pour voir David, et non pas pour nous entraîner. Elaiza nous a proposé, deux fois, de venir vivre chez elle. Nous avons, deux fois, refusé sa proposition. Je n'ai pas recroiser Derek et Clarisse semblait toujours là lorsque nous arrivions près du hangar. Nous n'y sommes allés que trois fois, mais ce lieu reste non-accueillant pour moi. Clarisse parle beaucoup, ça peut être parfois gênant, mais ça me permet de me moquer intérieurement de ses histoires. Je sens que je m'attache cependant à elle. Elle est attachante cette femme, il faut le dire. Elle est bavarde mais amicale. Et bien sûr, elle ne parle presque jamais de son organisation. C'est comme si elle plaçait le gang de mon père au dessus de toutes ses priorités. Les fois où elle me parlait de Némésis, elle vantait les points forts de David ou elle me demandait de prendre la direction jusqu'à qu'il ne se réveille. Voyant que je ne répondais pas, elle changeait de sujet. Je ne sais pas quoi répondre. J'ai peur de prononcer un non strict. Si mon père se réveillait, je ne voulais pas le décevoir à refuser. Je ne savais pas ce que lui voulait. Et je ne voulais pas accepter. Je ne suis pas à la hauteur. Et assumer un gang c'est bien trop pour moi. Je n'arrive déjà pas à veiller sur mon frère, alors sur une dizaine de personnes que je ne connaissais même pas... Mon père les avait recueilli, aidé. Moi, je n'étais rien pour eux, et eux rien pour moi.

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30.07
General FictionThaïs Moren et les problèmes sortis de nulle part vont ensembles. Elle est un peu tarée mais ça ne la dérange pas et son entourage arrive à le supporter. Enfin, en gros, c'est ce qu'il se passe quoi. - Le titre n'a pas vraiment de rapport avec l'his...