Hermione atterrit à la gare de Londres, étourdie. Elle mit quelques longues secondes à reprendre ses esprits. Aussitôt que son cerveau se remit en route, elle chassa tant bien que mal la nausée et la vision de ses amis morts. Ils n'étaient pas morts. Ils n'étaient même pas encore nés!
Sans se presser, la jeune fille mit ses bagages sur un chariot et se dirigea vers le quai 9 3/4. Il était encore très tôt, pourtant le passage était ouvert et le Poudlard Express déjà présent. Personne n'était visible aux alentours, mais Hermione ne s'en préoccupa pas. Elle devait absolument rentrer dans ce train et se changer. Ses vêtements étaient loin d'être à la mode, se mettre en robe de sorcière lui paraissait être la meilleure idée. Elle choisit le compartiment le plus loin, en queue de train, et se changea avant de s'installer confortablement. Elle remarqua que tout était exactement comme elle s'en souvenait. Et pourtant... Elle était bien en 1942.
C'était McGonagall qui l'avait informée de cette possibilité: retourner dans le temps. Ce n'était pourtant qu'un plan de secours, un plan qu'elles n'auraient jamais dû utiliser, d'autant plus qu'il impliquait l'usage de la magie noire. Mais... Dumbledore était mort. Harry était mort. Ron... Ron était mort. Sa vie l'avait quitté devant ses yeux. Il était tombé, raide, sans qu'elle ne puisse rien faire. Elle n'avait pu les sauver. Ils avaient tous échouer. Harry n'était pas l'élu. Harry n'avait rien pu faire.
Les larmes coulaient sur ses joues sans qu'Hermione puisse s'en empêcher. Elle avait tout perdu. Même si elle pouvait encore les sauver, elle ne les reverrait jamais. Elle était désormais coincée dans le passé. Pour toujours.
Elle ne se calma que lorsqu'elle entendit les premières personnes entrer dans le train. Personne n'entra dans son compartiment. Elle comprenait, elle leur était, après tout, étrangère. Au loin, elle entendit la machine à vapeur se mettre en route. Le paysage commença à défiler devant ses yeux, encore brouillés par les larmes.
— Je peux m'installer ici?
La voix avait claqué, froide et sifflante. Des frissons parcoururent le corps de la lionne, chassant la tristesse qui l'avait happée. Elle se tourna vers le garçon qui avait ouvert le compartiment. Il est grand, brun et pâle. Il aurait pu paraître séduisant s'il n'avait pas le regard aussi glacé. Le cœur d'Hermione s'affola, mais elle calma sa panique.
— Oui, répondit-elle d'une voix dure.
Il s'installa. L'atmosphère s'était nettement alourdie. L'air sentait le danger. Presqu'autant que sur le champ de bataille, quelques heures plus tôt... Ou quelques dizaines d'années plus tard. Hermione n'en comprit l'origine que lorsqu'elle détailla l'élève avec plus d'insistance. Elle en était persuadée. Elle était en présence de Tom Jedusor.
— Qui es-tu?
Il s'était tourné vers elle pour la dévisager à son tour.
— Hermione Martin. Et toi?
— Je ne t'ai jamais vue.
Hermione ne répondit pas, préférant chercher dans ses affaires un livre énorme sur la métamorphose. Mais le regard implacable du sorcier continuait de la fixer. Un instant, elle se demanda s'il ne valait pas mieux qu'elle le tue là, tout de suite. Sa haine était si forte, renforcée par ses souvenirs douloureux! Mais le jeune homme semblait sur ses gardes et elle-même se savait, malgré tout, incapable de prononcer un sort interdit.
— D'où viens-tu? poursuivit Tom, sans paraître remarquer la colère de la lionne.
— Beaux-Bâtons. Changement d'école.
— Ce n'est pas commun.
Elle hocha simplement la tête et se replongea dans sa lecture. Surtout, ne pas s'affoler, ne pas s'exposer, ne pas pleurer. Elle mit toute son énergie à ne plus penser à ses amis, à ne plus penser aux baisers de Ron. Elle devait juste assimiler le contenu de son livre, comme elle l'avait toujours fait. Une fois à Poudlard, elle devrait suivre les premières années pour participer, elle aussi, à la répartition dans les différentes maisons de Poudlard. McGonagall avait, normalement, envoyé une lettre à Armando Dippet, le directeur de Poudlard, lui expliquant qu'une élève de Beaux-Batons les rejoindrait. Hermione devait tout mettre en oeuvre pour rentrer à Serpentard, en apprendre le plus possible sur Jedusor et tenter de désamorcer son obsession pour la magie noire. Ou du moins à l'empêcher de créer ses horcruxes, empêcher son ascension au pouvoir et sa transformation en Lord Voldemort. Sacrée mission, alors qu'elle n'avait que 17 ans.
— Tu parles avec un accent anglais parfait, tu lis des livres de cours et tu sembles préoccupée. Tu m'intrigues.
Tom Jedusor la contemplait, les yeux avides. Sa voix s'était faite suave et chaude, comme s'il cherchait à l'apprivoiser. Hermione ne s'y trompa pas. Elle n'avait, de toute manière, aucune intention de lui parler.
— Tu devrais savoir faire la différence entre préoccupation et réflexion.
Il ne fit aucun autre commentaire, se contentant de la fixer de ses yeux bruns et froids. Hermione, elle, se sentait furieuse. Pour se calmer, elle replongea dans sa lecture.
— Tom Jedusor.
— Quoi?! s'écria-t-elle, en colère qu'il ne la laisse pas tranquille.
— Je m'appelle Tom Jedusor.
Hermione haussa un sourcil, comme pour signifier son indifférence. La colère lui brûlait le creux du ventre, mais elle se contrôla en baissant son regard sur son livre. Si elle se laissait aller, les larmes couleraient à nouveau. Elle ne voulait pas s'effondrer, pas devant son ennemi.
— Tu n'es pas très bavarde.
—Je devrais?
La lionne commençait à s'impatienter. Elle était mal à l'aise dans ce wagon, Tom Jedusor semblait chercher à la mettre hors d'elle. Elle voulait juste... Juste lire son livre de métamorphose et tenter d'oublier, le temps de se retrouver seule pour pleurer sans bruit la perte de ses amis. Mais le visage de Jedusor changea soudain, laissant apparaître un sourire séducteur.
— Tu m'intrigues, Martin. J'espère que tu seras à Serpentard.
VOUS LISEZ
Retour dans le passé [Terminée]
FanfictionHermione courait, ses yeux piqués de larmes. Quelques coupures rougissaient ses habits, mais ce n'est pas cela qui l'obsédait. Elle voulait partir, fuir le champ de bataille, oublier les images. Morts. Leurs corps désarticulés la regardait d'un ai...