Retour dans le passé [Terminée]

Le passé du prince

Hermione arriva juste à temps, essouflée, au bureau du professeur Slughorn. Il avait, comme d'habitude, été ravi de l'accueillir. Son bureau avait été redécoré pour noël, de manière fastueuse. Un sapin trônait près du bureau, décoré des couleurs de serpentards, et de nombreuses bougies flottaient près du plafond. Une fausse neige tombait sans discontinuer, disparaissant dès qu'elle touchait une surface. Cela donnait un côté féerique à la pièce. 

Tom Jedusor était assis dans un fauteuil, une tasse fumante dans la main. S'il était insensible à ce genre de décoration, il observait la jeune fille avec intérêt. Elle n'avait jamais été bien grosse, mais elle avait perdu du poids, ses joues se creusant petit à petit, des cernes tatouant ses yeux à l'arôme chocolat. Sa crinière avait perdu de sa souplesse et de son éclat et sa peau avait prit une couleur pâle maladive. Elle était loin, très loin d'être belle. Mais elle avait une aura. Pas le genre d'aura de son amie Lola, qui cultivait sa naïveté et sa beauté, mais plutôt celle de l'intelligence et du mystère. Une aura auquel le prince des ténèbres était sensible. Ils dégageaient en cet instant, tous deux, le même charme. Un charme sans beauté, mais hypnotisant, inaltérable. 

- Mademoiselle Martin, encore un peu de thé? 

- Non merci professeur. 

Le professeur Slughorn, quant à lui, avait reconnu chez ces deux élèves des personnes d'exceptions. Ils attiraient vers eux beaucoup de personnes, remuaient les passions. 

- Bien! Après avoir partagé ce petit thé de noël, nous allons pouvoir commencer le cours. Sachez que ce sera le dernier. Vous vous êtes mesurés à moi dernièrement, et je n'ai plus grand chose à vous apprendre. Bien sûr, je vous rappelle que ces pouvoirs sont à utiliser avec beaucoup de précautions, mais je suis persuadé que vous aurez cette sagesse. 

Les deux élèves hochèrent la tête. Hermione foudroya Jedusor des yeux lorsque le professeur se détourna pour ranger les tasses. Evidemment, le serpentard n'avait pas la moindre sagesse quand il s'agissait de s'octroyer, et utiliser, un pouvoir. Ils se levèrent tous deux d'un même mouvement. C'était le dernier, et une lueur de défi s'alluma dans leurs regards. 

- Oh, vous semblez prêts! Eh bien, allez-y, déclara le professeur Slughorn avec un sourire. 

Hermione n'eut pas le temps de se concentrer totalement. Jedusor l'attaqua de toute la puissance dont il était capable. Il fournit une telle énergie, un tel désir d'en savoir plus, que la conscience d'Hermione vacilla. Elle plongea, sans le vouloir, dans un souvenir. Elle se vit faire du vélo, dans une forêt, avec ses parents. La scène ne dura pas longtemps, le fait de les voir ainsi la mit dans une profonde détresse, mais aussi dans une immense colère. La haine flamboya en elle, si puissante qu'elle balaya l'esprit de Jedusor. Celui-ci ne s'était pas attendu à la réplique, alors qu'il avait enfin réussis à pénétrer les pensées de son ennemie. Il n'était pas prêt lorsque, à son tour, elle entra dans ses souvenirs. 

Elle le revit petit, avec de la rancœur. Pourquoi sa mère l'avait abandonné? Il n'aimait pas cet endroit moche, lugubre. Les enfants plus grands ne l'aimaient pas. Ils le bousculait, lui qui était trop silencieux, trop observateur. Alors il se vengeait. Il leur volait des objets. Alors, voir leur tristesse était pour lui source de réconfort. Il n'était plus le seul à souffrir.

 Vers ses neufs ans, il découvre qu'il peut faire des choses que les autres ne peuvent pas faire. Il pend un lapin par vengeance. La douleur chez son ennemi est tel qu'il est empli de joie. Non seulement il est exceptionnel, mais en plus il peut s'abreuver de la souffrance des autres. Il emmène également d'autres enfants, alors qu'il n'a que dix ans, dans la grotte de la plage. Il leur fait voir des choses, des choses horribles, pour leur montrer qu'il est plus puissant qu'eux, qu'ils n'ont pas à le brutaliser. Il devient peu à peu maître des enfants de l'orphelinat. Le pouvoir, la satisfaction, son don unique lui font prendre conscience qu'il en veut plus, toujours plus.