Retour dans le passé [Terminée]

Blessure

Tom Jedusor voulut continuer à cracher sa haine et sa colère. Il l'avait si profondément cachée que lorsqu'il l'avait enfin admise devant quelqu'un, il avait eu du mal à s'arrêter de parler. Il aurait d'ailleurs continué si le regard d'Hermione ne l'avait pas fait taire. La répugnance et le ressentiment dans les yeux de la jeune fille le fit frissonner, comme dans le poudlard express. Elle avait levé sa baguette vers lui, la main tremblante, et il sut que s'il continuait, elle le tuerait. Elle n'hésiterait pas un instant. Une promesse de mort était inscrite dans ses pupilles. Le silence entre eux deux s'épaissit, mais aucun ne bougeait. Hermione ne semblait pas décolérer, mais elle était perdue dans ses pensées. Des pensées sombres et douloureuses, écho de son passé. Ses amis, allongés par terre, peignant le sol de leur sang. Ses parents, dont le sort oubliette leur avaient fait oublier leur fille. Des moldus, innocents, si nombreux à être morts à cause de la haine de Voldemort. Comment pouvait-on affirmer, comme il le faisait, que certaines vies étaient inférieures à d'autres? Que les moldus, les sang-de-bourbes, ne méritaient même pas le statut d'être humain? 

Jedusor, devant cette menace et cette attente, ne bougeait pas mais n'en réfléchissait pas moins vite. Pourquoi cette Martin avait aussi mal réagit à ses paroles? Elle qui se complaisait à le traiter d'être hideux et monstrueux? Pourquoi, soudain, la colère avait pris le dessus? Pourtant, au début de sa réponse, elle paraissait juste satisfaite, et d'un coup, dès qu'il avait parlé de la mort de sa famille moldue, son visage avait perdu de sa couleur et la haine avait reprit le dessus, avec violence. D'ailleurs... N'était-ce pas elle qui avait défendu à Malefoy de traiter de sang-de-bourbe les nés-moldu? Certains avaient chuchoté contre elle, lorsqu'elle l'avait fait. Peut-être était-elle une sang-mêlé portant dans son cœur son parent moldu? Surement. Ou bien avait-elle des nés-moldus dans ses amis... Elle ne pouvait, bien entendu, pas être serpentard et sang-de-bourbe. Ça c'était déjà vu, certes, mais personne ne pouvait se résoudre à le penser, pas même Jedusor. Aucun né-moldu ne pouvait être aussi puissant qu'elle. Ils étaient au même niveau que les moldus: des parasites ingrats. Ils volaient le pouvoir aux vrais sorciers. 

Hermione finit par se lever, lui donner un coup de poing monumental dans la mâchoire et le sortir de la tour. Sonné, Jedusor se laissa faire. Cette fille avait une poigne, et une force, monstrueuses, en tout cas lorsqu'elle était en colère. 

- Je... Te pensais encore humain. Je pensais qu'il y avait un espoir de te sauver de ta misère. J'avais tort.

Et Hermione le laissa planté là. Tom se massa la mâchoire, toujours plongé dans ses pensées. Et soudain, cela le frappa. La jeune fille avait perdu des moldus qui lui étaient chers, tués par de gens comme lui. C'était la seule explication plausible. Elle avait certainement dû se battre contre eux juste avant de prendre le Poudlard Express, ce pourquoi elle avait une mine affreuse. Ce pourquoi il avait, aujourd'hui, faillit mourir. Pour la première fois de sa vie, et sûrement la dernière, il eut pitié de quelqu'un. Et le respect qu'il avait commencé à ressentir pour elle se développa plus encore. Elle venait de se battre, de perdre ses proches, et elle avait quand même prit le train pour Poudlard. Cette fille était pleine de surprise. 

Hermione, quant à elle, était furibonde dans les couloirs. En colère de s'être laissée emporter. Elle avait failli le tuer, utiliser un sort interdit pour le faire taire. Un sort interdit! Elle qui se pensait encore gryffondor dans son cœur, se sentait devenir serpentard. Elle qui avait toujours respecté la vie, avait toujours abhorré la magie noire, voilà qu'elle allait à la salle sur demande pour lire des livres affreux, à la bibliothèque pour percer les secrets les plus sombres de la magie. Elle pensa, avec horreur, qu'elle faisait comme Rogue: elle était quelqu'un de bien, mais était obsédée par la magie noire. Rogue s'en était rendu compte en perdant un être cher, mais elle... Elle n'avait plus d'être chers... Dans le passé, ils n'étaient même pas nés! Et dans le présent, ils étaient morts.