CHAPITRE UN - Le réveil

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   Je sens quelque chose de froid qui s’empare de moi. Quelque chose de glacé même. Mon corps réagit instantanément et mes muscles se tendent à l’unisson. Je ressens alors comme une brulure intense sur ma chair. Mes yeux s’ouvrent d’un coup et j’ai l’impression que mes poumons et mon cœur se remettent à fonctionner après un très long moment. Je prends une énorme inspiration et regarde autour de moi mais je ne vois rien. Je n’ai cependant pas assez de force pour bouger, j’ai la sensation que mes membres pèsent des tonnes.

   - Donne-lui quelque chose ! suggère une voix

   Mes yeux tentent de s’habituer à la forte luminosité. Une fois ceci accompli, je remarque deux silhouettes au dessus de moi. Ce sont deux hommes avec de grandes barbes et des chemises larges à carreaux. Voilà des accoutrements plutôt insolites.

   L’un deux retire sa veste à la hâte pour me la tendre avec un air gêné. Ne comprenant pas, je descends mes pupilles sur mon corps. Ma peau blanchâtre n’est que recouverte par quelques bouts de tissu, enroulés autour de mon corps.

   Je regarde tout autour et me rends compte que je suis dans l’eau, mon corps étant échoué contre du sable. On dirait la mer. Comment suis-je arrivée là ?

   - Je ne peux pas bouger, avouai-je. Pouvez-vous... ?

   - Oh bien sûr !

   L’homme dépose ainsi son vêtement sur mon corps et la sensation du froid s’atténue un petit peu. Les deux hommes ont l’air moins gênés.

   - Que s’est-il passé ? demandai-je. Où est père ?

   Les hommes à l’accoutrement étrange se regardent.

   - Il n’y avait personne d’autre quand nous sommes arrivés, mademoiselle.

   Plus je réfléchis, plus la situation me parait improbable. Le temple et mon père n’ont pas pu disparaitre comme ça, d’un coup. Il doit y avoir une explication.

   - Est-ce que tu peux te lever ?

   Je laisse de côté le fait qu’il ose me tutoyer et hausse mollement les épaules. Ces gens ne doivent pas se rendre compte de qui je suis. Ils attrapent chacun un de mes bras et me tirent doucement. Je me retrouve assise dans l’eau, la veste toujours plaquée contre mon corps.

   - Comment tu t’appelles ?

   - Alyana, princesse d’Améthys, fille du roi et de la reine.

   Les deux échangent un regard étonné et presque amusé. Ils marmonnent des choses entre leurs barbes avant de se tourner vers moi.

   - Très bien, princesse. Te souviens-tu d’une chose en particulier ?

   Je me concentre. Je me souviens de cette terrible rébellion le jour où je devais devenir reine d’Améthys. Des hommes habillés tout de noir sont entrés de force dans le temple, m’ont attaqué mon père et moi. Après une course à travers le temple, mon père m’a enfermé dans un étroit sarcophage, m’entourant de rubans épais. Ensuite, tout est flou.

   - Où est père ? répétai-je, ignorant sa question

   Les hommes ont l’air complètement perdu. J’en entends un demander à l’autre s’ils doivent m’emmener à l’hôpital. Je fronce violemment les sourcils. Ce nom ne me dit rien. Je sens la panique s’infiltrer lentement en moi.

   - Quel jour sommes-nous ? continuai-je

   Les deux hommes s’échangent un énième regard inquiet.

   - Le six mai, mademoiselle.

   Je serre les dents.

   - Quelle année ? sifflai-je

   - 2015.

   J’ai l’impression que mon cerveau se vide d’un coup. Mes yeux s’écarquillent et je commence à avoir le tournis. Les hommes témoignent de mon malaise et m’empoignent chacun un bras pour m’aider à me relever. Je sens mon dos se décoller de l’eau glacée mais d’un coup, les hommes me tombent dessus, inertes.

   Je pousse un cri de douleur en sentant des bouts de roche me rentrer dans le dos. J’étouffe sous le poids des inconnus. Ma respiration redouble alors que je me rends compte que du sang commence à s’écouler sur moi. C’est le sang des deux hommes !

   - Au secours ! hurlai-je

   J’entends alors des pas. Je ne peux cependant pas relever la tête afin de regarder, les corps m’en empêchant. Je ne distingue que des jambes, puis, une silhouette me surplombe. C’est un homme, il est grand et plutôt maigre. Son air est intimidant. Il porte des habits serrés et noirs, qui me rappellent indéniablement les intrus du temple. Mes yeux s’écarquillent alors que je vois une arme dans sa main gauche.

   - Ne me tuez pas, suppliai-je lamentablement

   L’homme s’accroupi. Ses cheveux bruns sont plaqués sur son crâne et ses yeux foncés me fixent. Il éclate de rire et range son arme dans son dos. Mais à la place, il sort une seringue.

   - Non, bien sûr que non, me dit-il. Tu es bien trop précieuse pour ça.

   Sous mes yeux paniqués, l’inconnu se penche dangereusement sur moi. Sans que je ne puise rien faire, il m’enfonce la seringue dans le cou. Quelques courtes secondes plus tard seulement, je me sens faible et si lourde... Ma vision se trouble et je retombe dans les tréfonds des Ténèbres, à peine sortit de mon réveil.

Captain America : Princess of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant