CHAPITRE HUIT - Les Accords de Sokovie

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   - Ah, il y a cinq ans, j'ai eu une crise cardiaque. Je suis tombé comme une masse au milieu d'un match de golf. Mais ça restera comme un des meilleurs parcours de ma vie, puisqu'à l'issue d'une opération qui a duré près de treize heures et après un triple pontage... j'ai appris une chose élémentaire, que je n'avais pas apprise en quarante ans sous les drapeaux : j'ai appris à relativiser.

   Nous sommes tous assis autour d'une table, dans la salle de réunion de la base des Avengers. Nous avons été réunis par Thaddeus Ross, ce qu'ils appellent à leur époque le Secrétaire d'Etat. Ma place autour de cette table est, pour ma part, non justifiée mais Tony a tenu à ce que je fasse partie de l'équipe. Et personne n'y a apparemment pas vu d'inconvénient. Tony se trouve d'ailleurs, non pas à la table, mais sur un fauteuil plus au fond. Ross se tient droit debout devant la table. Son visage est tiré.

   - Il est indéniable que notre monde a une immense dette envers les Avengers. C'est certain. Vous nous défendez, vous vous battez pour nous au péril de vos vies. Et pourtant, si pour l'opinion publique vous êtes des héros, certains emploient plutôt le mot justicier.

   Natasha le coupe et prend la parole :

   - Et vous, quel mot choisisseriez-vous, monsieur le Secrétaire d'Etat ?

   - L'adjectif « dangereux », répond-il franchement

   Je repère Vision qui lève lentement la tête vers l'homme.

   - Comment qualifier autrement un groupe d'individus optimisés qui, alors qu'ils sont basés aux Etats-Unis s'autorisent à ignorer systématiquement les frontières et à imposer leur volonté quand ils leur plaisent et où bon leur semblent ? Et qui plus est, sans prendre en compte les pertes que cela peut occasionner.

   Ross fait quelques pas pour aller allumer un grand écran en face de nous. Une carte du monde apparaît.

   - New York...

   Une vidéo de New York se projette alors. Nous voyons des populations qui hurlent, des tirs, des cris, des vaisseaux aliens. Je fronce les sourcils en voyant une étrange créature verte énorme qui fait des ravages sur les bâtiments. Qui est-ce ? Je vois Rhodey baisser la tête et se tourner vers Steve.

   - Washington...

   L'image de New York s'efface pour laisser place à une vidéo de Washington. J'y vois des aéronefs qui tombent littéralement du ciel et qui s'écroulent sur la ville. Des cris se font entendre, encore. Wilson baisse la tête à son tour.

   - La Sokovie...

   Après Washington vient donc la vidéo de la Sokovie, avec des gens qui courent dans tous les sens, la ville entière qui décolle sous mon étonnement et des bâtiments qui s'effondrent. Tony a du mal à rester calme sur sa chaise et gigote légèrement. Je lui jette un regard par-dessus mon épaule mais il me fuit des yeux.

   - Lagos...

   Cette ville, j'y ai été. J'ai participé à ça : un bâtiment complètement détruit, les populations terrorisées, des sons d'ambulances, des blessés évacués par civières, des corps et des pleurs. Wanda détourne le regard, se sentant coupable. Je ressens une étrange sensation qui me scie littéralement l'estomac. J'étais sous le contrôle d'HYDRA, j'ai fait du mal à une civilisation sans vraiment le vouloir. Je me sens tellement mal. Steve intervient alors :

   - Bon, ça suffit.

   Le Secrétaire d'Etat appuie donc sur un petit bouton et l'écran redevient noir. Il revient se placer devant nous. Le silence est pesant et je commence à me sentir vraiment mal-à-l'aise.

Captain America : Princess of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant