CHAPITRE DIX-NEUF - Trop tard

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   L'appareil volant se pose d'une allure trop lente à mon goût sur le sol. Je me trouve déjà à l'arrière, devant les portes. Lorsqu'enfin provient la secousse annonçant l'atterrissage, je hurle pour qu'on ouvre les portes. La température ambiante du Wakanda se fait automatiquement ressentir et s'abat sur moi. Je me sens rapidement moite, mais c'est à cause de l'air et de l'humidité. Tout autour du bâtiment, qui est plutôt un laboratoire, ce ne sont que des arbres.

   J'arrive devant les grandes portes grises qui s'ouvrent automatiquement à moi. Directement dans l'entrée, je fais face à Steve et au maître des lieux, T'Challa. Ils portent tout deux des habits de civils et cela me fait toujours étrange de les voir dans cet accoutrement.

   – Où est-il ? demandai-je tout de suite

   Steve affiche alors une mine triste. Je crains le pire. T'Challa est le premier à faire un pas vers moi tandis que Clint pénètre à l'instant. Clint qui a accepté d'être mon pilote et de bien vouloir m'amener ici. C'est grâce à lui que j'ai pu retrouver mes amis ici. C'est lui que je suis allée voir après la dispute avec Tony. Je suis sans nouvelle de lui depuis.

   Steve me prend tout de suite dans ses bras et je lui rends son étreinte sans hésiter. Nous ne nous sommes pas vus depuis l'affrontement final entre Iron Man, Captain America et le Soldat de l'Hiver. C'est d'ailleurs un évènement que j'aurais bien voulu effacer de ma mémoire.

   – Nous sommes désolés, me dit doucement Black Panther. Tu arrives trop tard.

   Ma mine se décompose.

   – Il...?

   C'est au tour de Steve de réagir. Il fait un bond en avant.

   – Non, il n'est pas mort ! me rassure-t-il. Viens.

   Je fronce les sourcils, totalement perdue et inquiète. Clint rejoint T'Challa et ils nous regardent nous éloigner. Le bâtiment est aux couleurs grises, contenant beaucoup de grandes fenêtres donnant sur la forêt. Le tout donne un air très futuriste. J'ai encore un peu du mal à m'accoutumer à toutes ces technologies mais ça n'en reste pas moins un très bel endroit.

   Steve s'arrête devant une salle. Il se retourne pour me considérer un instant, la mine désolée et confuse. Je le pousse amèrement et ouvre moi-même la porte. J'étouffe un sanglot.

   Bucky est là, devant moi, debout et bien droit. Je m'approche doucement, les larmes aux bords des yeux. La seule chose qui m'empêche de l'atteindre est ce tube de verre, l'enfermant dans une bulle de glace. Mon amant s'est fait cryogéniser. De nouveau.

   – C'est sa décision, m'informe Steve

   Je baisse la tête et serre les poings.

   – Il savait que ça pouvait le reprendre. Tant que l'on n'a pas trouvé de solution pour lui laver le cerveau, il pense que c'est la meilleure chose à faire. Pour tout le monde.

   J'accuse le coup ; Bucky me considère comme ce « tout le monde ». C'est peut être cela qui a le plus du mal à passer. Bien sûr je peux comprendre la frustration extrême de savoir qu'avec dix simples petits mots, n'importe qui peut nous contrôler. Je suis la mieux placée pour le comprendre, parce que c'est la même chose pour moi. Mais je n'ai pas fuis. Bucky est comme ça après tout, il fuit toujours. Aujourd'hui ne fait pas faux bond.

   – Vous auriez dû le retenir jusqu'à ce que j'arrive, soupirai-je. J'aurais réussi à l'empêcher de faire ça.

   Je regarde Bucky, profondément endormi. Son visage est détendu, paisible. Je ne l'ai vu que très peu ainsi mais je sais que je suis l'une des seules. Mes yeux tombent sur son bras manquant. Il y a encore des petits embouts de métal sur son épaule.

Captain America : Princess of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant