CHAPITRE DIX-HUIT - La lettre du Captain

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   Bucky me regarde avec une telle intensité que j'ai du mal à continuer de le fixer. Mon cœur saigne, mon ventre se tord et j'ai la gorgé nouée. Mon silence après son ultimatum semble lui donner la réponse : non, je ne viendrais pas avec lui. Pourtant je l'aime de toutes mes forces. Mais je ne peux pas abandonner Stark, allongé piteusement, presque inconscient. C'est au dessus de mes capacités de l'abandonner moi aussi. Tony a toujours été là pour moi et je sais combien je l'ai déçu en me rangeant du côté de Steve lors de l'affrontement.

   – Je suis désolée, soufflai-je piteusement

   Je vois alors toute la peine qui surgit d'un coup dans les pupilles de Bucky. Cette chose là est bien trop difficile à soutenir. Je ne peux que baisser les yeux, laissant ainsi mes larmes s'écouler sans limite. Je me demande bien comment je peux encore pleurer. Lorsque je relève enfin la tête, Steve et Bucky ne sont plus là. Je me mords fort la lèvre inférieure.

   Je tourne la tête vers Tony, aussi piteux que moi. Je rampe légèrement pour aller jusqu'à lui. Je peux lire dans ses yeux qu'il est reconnaissant du fait que je ne sois pas partie. Mon cœur est en morceau mais je ne peux m'empêcher de croire que c'est la bonne décision.

   – Merci, chuchote-t-il

   Je viens me réfugier tout contre lui. Son armure n'est pas très agréable pour faire cela mais j'y fais abstraction. Sa main en métal se dépose sur le haut de mon crâne et il me caresse maladroitement les cheveux pour tenter de calmer les soubresauts qui violentent mon corps affaibli.

   – Rentrons à la maison, m'intime-t-il

   Je hoche doucement la tête et sèche mes larmes. Je me redresse légèrement et essaye de faire passer dans mon regard toute la tendresse que j'éprouve pour lui. Heureusement que je l'ai à mes côtés. Et j'espère sincèrement qu'il ressent la même chose lui aussi.

*****


   – Bon alors, hein, ce n'est qu'une ébauche. Tes impressions ? Qu'est-ce qu'il te manque ? Une meilleure absorption des chocs, plus de fluidité dans les mouvements, un support à canettes... ?

   Tony se tient devant Rhodey qui prend tout juste ses marques avec ses nouvelles prothèses qui lui servent à remplacer ses jambes. À peine de retour à la base des Avengers, Tony s'est lancé dans la réalisation des prothèses pour son meilleur ami. Ça me touche que Tony se mette à fond pour l'aider. Je me tiens en retrait de cette scène, accoudée à la porte.

   – Ouais, avec une petite clim aussi ! ricane Rhodey

   Nos rires se tarissent alors que le blessé trébuche et tombe à terre. J'esquisse un mouvement par pur réflexe mais Tony lève la tête vers moi, signe qu'il s'en occupe.

   – Attends, s'accroupit-il, je t'aide.

   – Non, non, non, laisse-moi.

   Face au refus de son ami, Tony garde le silence. Je déglutis avec peine ; voir War Machine dans cet état me fait quelque chose. Alors qu'il se met sur les fesses, Rhodey lève ses yeux vers son meilleur ami, l'air un peu triste mais déterminé.

   – 138, commence-t-il. J'ai 138 missions de combat à mon actif, Tony. À chaque fois je pensais que ça pouvait être la dernière mais j'y allais. Parce qu'il fallait que quelqu'un le fasse. Et pour les Accords c'est pareil ; je les ai signés parce que j'estimais que c'était juste. Et c'est sûr que le résultat... n'est pas brillant.

   Le milliardaire fait une grimace. Je baisse les yeux.

   – Pourtant je ne regrette pas, reprend-il. Je ne crois pas.

Captain America : Princess of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant