CHAPITRE SEIZE - Libération non prévue

624 32 10
                                    

   Je ne sais même plus depuis combien de temps nous sommes enfermés ici. Deux minutes, deux heures, deux semaines, deux mois, deux ans ? Je délire un peu. Je reconnais mon état, il est semblable à celui dans lequel je me trouvais, quand j'étais faite prisonnière au QG des Avengers. Je crois que j'ai développé un véritable choc post-traumatique après ma cession dans le tombeau, dans le temple d'Améthys. Être enfermée 4 002 ans, c'est sûr que ça laisse quelques séquelles à mon cerveau.

   Nous avons chacun notre cellule. Une des faces est recouverte d'une vitre qui est impossible à détruire –et croyez-moi que j'ai déjà tout essayé. Au centre de nos cellules, un espace.

  Je sais pertinemment que cela ne fait pas longtemps que nous sommes enfermés ici. Pour la simple et bonne raison que nous n'avons pas été nourris. Or c'est une prison ici, pas un lieu de mise à mort. Je m'inquiète cependant pour Steve et Bucky, rendus seuls en Sibérie. Qui sait ce qui peut leur arriver s'ils se retrouvent face à une armée de Soldats de l'Hiver. Je ne peux m'empêcher  d'imaginer le pire. J'ai toujours été comme ça.

   Je suis allongée sur la chose qu'ils osent appeler une couchette. Les mains sous la tête, je fixe le plafond gris de ma cage. En face de moi se trouve la cellule de Wanda. Ses conditions sont encore plus terribles ; pour ne pas qu'elle utilise ses pouvoirs, ils lui ont enfilé une combinaison qui lui colle ses bras contre elle, croisés sur son ventre. Une combinaison semblable à celles dans les hôpitaux psychiatriques, d'après Sam. Tout ça de quoi nous faire frissonner de dégoût. Nous n'avons rien fait pour mériter ça. Nous œuvrons pour la sécurité de ce monde, et voilà comment nous nous faisons remercier...!

   La porte principale s'ouvre dans un fracas atroce, me faisant sortir de mes pensées noires. Je crois rêver quand j'aperçois Tony s'avancer au centre de nos cellules. Clint se met alors à applaudir sarcastiquement.

   – Le visionnaire, messieurs ! acclame-t-il faussement. Le visionnaire est parmi nous. Il voit tout. Il sait ce qui est bon pour vous... que ça vous convienne ou pas.

   Tony s'approche de sa cellule, que j'aime surnommer une cage. Quoi d'autre sinon ? Nous sommes déjà considérés comme des bêtes de toute façon.

   – Allez, ça va Barton, soupire Iron Man. Je ne savais pas qu'on allait vous interner ici.

   Clint crache à même le sol.

   – Vous vous doutiez bien qu'ils aillaient nous mettre quelque part, Tony.

   – Oui mais pas dans ce... cabanon flottant hyper sécurisé. C'est une prison pour fous dangereux, pas pour de simples—

   – Criminels ? coupe Clint

   Il se lève de sa couchette et s'avance vers l'ingénieur, amer. Il insiste :

   – Criminels, Tony. J'crois que c'est le mot que vous cherchez. Un mot qu'on n'avait encore jamais utilisé pour moi, pour Sam ou Wanda... et pourtant on est là.

   – Vous avez enfreint la loi, renchérit Tony sans sourciller. J'y suis pour rien.

   Clint se détourne du face à face et fait quelques pas dans sa cellule, tel un lion en cage. Tony continue pourtant, ce qui a le don de m'agacer :

   – Vous l'avez lue, vous l'avez enfreinte. Vous êtes majeur, vous êtes marié, vous avez des enfants.

   Clint s'est assis à même le sol.

   – D'ailleurs je ne comprends pas que vous n'ayez pas pensé à eux avant de vous engager dans le mauvais côté.

   L'archer se relève vivement. Je pense qu'il n'apprécie guère le fait que Tony se serve de ses enfants comme d'une arme contre lui, pour lui faire regretter ses choix. L'ingénieur finit par s'éloigner.

Captain America : Princess of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant