Quelques jours se sont écoulés depuis que Livaï se soit décidé à envoyer un message à l'inconnu(e). Il est assis à son bureau, le visage pâle et la gorge serrée.
"Un soir d'août
20h45Cher journal,
Je ne vais pas bien... Dans le voyage de ma descente aux enfers, je pense bientôt arriver au terminus. J'écris actuellement avec le coeur battant à 100 à l'heure et mes larmes luttent pour ne pas couler. Cette journée a été éprouvante pour moi, il faut que ça s'arrête... définitivement...
Ce matin, je me suis réveillé une nouvelle foi en sueur dans mon lit. Encore ces satanées terreurs nocturnes. J'ai une nouvelle foi revécu une mission à laquelle j'ai participé lorsque j'étais soldat. Alors que l'ensemble de mon escouade étions en train de venir en aide à quelques citoyens de la ville en guerre, nous avons vécu en direct un bombardement aérien et assisté à la destruction quasi intégrale de la ville. Je me souviens de cette pluie de bombes qui tombaient en cascades, ce bruit sourd des détonations dans les ruelles. Nous avions dû fuir pour nous protéger. Alors que je courrai du plus vite que je pouvais, mes yeux étaient attirés par tout ces corps sans vie autour de moi. Des femmes, des enfants, des hommes dont l'âme avait quitté leur corps pour un autre monde oû la guerre n'existe pas. Certains n'étaient plus identifiables, trop mutilés par les éclats de métal qui les avaient défigurés ou démembrés. Au moment où j'étais en sécurité dans une grotte dans les montages rougoyantes, j'ai constaté que mon uniforme était couvert de sang. Ce n'était pas le mien, mais celui d'un ou d'une dizaine de citoyens. Ce jour là, nous avions perdu un membre de notre équipe. Nous n'avons jamais retrouvé son corps, mise à part sa plaque d'identification. Ces derniers jours, j'ai remarqué que je ne supporte plus être dans le noir complet. J'ai l'impression d'étouffer sous l'étreinte pesante de l'obscurité. On dirait que mon corps va éclater de l'intérieur. Ça me fais mal. Je ressens réellement des douleurs fantômes m'arracher la peau. Je crois devenir fou. Ces douleurs, il s'agit d'un symptôme du stress post-traumatique... D'ailleurs, en parlant de symptômes, un nouveau est apparu cette après midi. Mon meilleur ami Erwin est venu me rendre visite. Alors que nous étions dans le canapé en train de déguster une tasse de thé, il jouait avec sa petite cuillère en la faisant tinter sur sa sous-tasse. Je n'entendais plus ce qu'il me disait. Mon être restait paralysé dans une sorte de tunnel invisible en écoutant ce bruit que j'ai très vite associé à celui des balles sifflantes de fusils mitrailleurs. J'ai pété un plomb... J'ai essayé de l'étrangler...en le prenant pour mon ennemi de guerre. J'ai eu une hallucination bordel ! Je me suis réellement vu sur le champs de bataille à ce moment précis ! Cette sensation de ne plus faire la différence entre la réalité et cette hallucination qui aveuglait mon esprit était déroutante. Erwin s'est débattu et à réussi à me ramener sur terre au bout de longues minutes. J'étais ingérable et terriblement désolé... Dans le passé, j'était dans la même escouade que la sienne. Par chance, il ne souffre pas de ce syndrome qui me ronge la moelle. Il me comprend tout de même, il prend soin de moi. Lui et Hanji sont ma seule famille.
J'écris en pleurant, tout en jettant de temps en temps un rapide coup d'oeil à cette lame de rasoir qui trône sur mon bureau. J'ai envie de m'ouvrir les veines, pour oublier tout ce que j'ai vécu à la guerre, pour pouvoir dormir en paix et aussi pour me délivrer de mon chagrin que je traîne à longueur de journée. Je me sens terriblement faible et j'ai honte d'être un caporal sans couilles pour remonter la pente. Mon quotidien se résume finalement à des crises d'angoisses interminables que je ne peux plus maîtriser et à une démence qui pénètre ma cervelle pour la bouffer dans son intégralité. Quelle tristesse... Si je meurre, je ne souffrirai plus. Alors, pourquoi ne pas prendre mon courage à deux mains, serrer les dents, et souffrir une dernière foi en sentant ma peau s'ouvrir sous le métal froid et tranchant ? Je serai libre... Peut être que le monde est meilleur là-haut. Une citation dit : "si le drame de la vie était écrit en musique, il ne contiendrait que des soupirs". Moi, je veux que le drame de ma vie s'achève par mon dernier soupir..."Tout en essuyant ses larmes d'un revers de manche, Livaï observe la lame de rasoir. Elle est brillante, neuve, et visiblement très tranchante. Il l'entend l'appeler d'une petite voix fluette, le suppliant de jouer dangereusement avec elle. Il esquisse un léger sourire, en pensant à la délivrance qu'il pourrait vivre s'il l'utilisait. Ses prunelles ne quittent pas cet objet de toute son attention qui pourrait mettre un terme à sa vie. Son regard est fixe depuis de longues minutes maintenant et ses pupilles sont tellement dilatées que l'on ne peut plus distinguer la couleur orage de ses iris. Aveuglé et obstiné par l'envie d'en finir, il déboutonne sa manche de chemise et la retrousse sur elle même. Ses gestes sont saccadés et contrôlés par son inconscient qui n'en peut plus de souffrir. Il contemple son poignet, dont la peau blanche et fine laisse apparaître la naissance de ses veines bleues, semblables à des branches d'arbre. Alors que le coin de la lame n'est plus qu'à quelques millimètres de ses cannaux sanguins, son geste se stoppe net lorsqu'il entend son téléphone sonner. Cette sonnerie le fait directement redescendre sur terre. Il secoue la tête pour se remettre les idées en place. Lorsqu'il prend enfin conscience de ce qu'il s'apprêtait à faire, il jette la lame à l'autre bout de la pièce, horrifié à l'idée de se voir agonier au milieu d'une marre de sang. Ses genoux flanchent et heurtent le sol de plein fouet, puis il se recroqueville sur lui même tout en tenant son visage de ses mains tremblantes. Son minois ne tarde pas à se tremper de larmes salées. Il ne peut contenir ses lourds sanglots bruyants qui étouffent sa gorge. A ce moment précis, il ne sait pas s'il doit haïr ou remercier la personne qui a mis un terme à son geste. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il a perdu pied et que ce geste tire la sonnette d'alarme pour lui prouver qu'il doit se faire aider. Il écrase les dernières larmes qui trônent sur ses joues et prend son téléphone.
De : inconnu(e)
A : 21h07
Bonsoir inconnu(e). J'espère que je ne te dérange pas... et je ne te derangerai pas plus longtemps. Mais en réalité, je me demande dans quel coin du monde a bien pû atterrir ma bouteille. Si tu acceptes de me repondre, je t'en remercie.A : inconnu(e)
A : 21h19
Inconnu(e), je crois que tu es mon ange gardien ...
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Une Bouteille À La Mer /Riren/ *terminée*
FanfictionSur le bord de mer, une bouteille en verre et un message. A l'intérieur, un numéro de téléphone. Il décide un jour d'y répondre. Profondément touché par les horreurs qu'il a vécu durant sa carrière de militaire, un ancien Caporal subit malgré lui le...