Une Bouteille À La Mer /Riren/ *terminée*

Chapitre 2 : Seconde chance

/cliquez sur la vidéo pour entendre la musique au moment venu, histoire de vois mettre encore plus dans l'ambiance :) /
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Livaï couche ses derniers mots sur le papier de son carnet, le referme puis cale son dos dans le fauteuil de son bureau tout en soupirant. Il reste un bon moment le regard dans le vide, encore sous le choc de son cauchemar qui a ressassé bien trop de souvenirs douloureux. Une foi de plus...

4h25. Il quitte sa chambre d'un pas lent afin de gagner la cuisine. Il ne se recouchera point, il sait qu'il sera impossible de se rendormir. Le pays des songes ne lui ait accessible que par parcimonie, ne détenant pas le secret pour y demeurer paisiblement. Bien qu'il ne soit pas croyant, il prie chaque soir un dieu imaginaire de le laisser se reposer ne serait-ce qu'une nuit et pouvoir goûter ainsi aux plaisirs oniriques du sommeil. Cauchemarder chaque nuit lui ait devenu inssuportable, ses cernes n'en sont que davantage marquées.
Tout en déposant une tasse fumante de café corsé à côté de lui, il s'assoit au banc de son piano, tout en caressant le bois de la caisse de celui-ci.

Tout en balladant ses doigts avec dextérité sur les touches vieillies du clavier, il se laisse doucement bercer par la mélodie créée par les cordes qui se font taper par les marteaux du mécanisme de frappe. Chaque note couplées en elles, forment des arpèges uniques qui sonnent à ses oreilles comme une poésie magnifique. Le 9ème opus des Nocturnes de Chopin accompagne divinement sa mélancolie de ce bon matin, où le soleil peine encore à émerger de la mer. Il savoure ce moment de communion avec son instrument, qui est comme un véritable miroir de sa personnalité intérieure. Il caresse longuement les touches, avec la même tendresse que lorsqu'il vénère le corps d'une femme. Cette mélodie, sa préférée sans aucun doute, sonne sans aucun silence ni fausse note. Il ferme les yeux tout en continuant de jouer, car il connait par coeur les moindres notes de cette si belle mélodie. Le pouvoir de la musique lui fait oublier ses démons du passé et sa dépression qui lui collent à la peau, le temps d'une partition. Se laissant emporter par cette mélodie qui émeut son coeur mutilé, il laisse s'échapper une larme lourde de chagrin qui dévale sa joue.

Alors que le soleil teint le firmament d'une couleur rosée, il profite des dernieres notes qui resonnent encore sur les cordes, apaisé. Il termine son café devenu froid, puis il enfile ses baskets pour enchaîner quelques foulées précieuses pour aérér son esprit. Afin de ne pas tomber encore plus profondément dans le fin fond de la dépression, son but est d'occuper son esprit, en usant de la musique et de la course à pied comme subterfuge pour duper son inconscient. Cette nuit fût une foi de plus une nuit démesurément longue. Bien que ce scénario se répète inlassablement chaque jour, Livaï n'en est pas moins habitué. Il remercie souvent la caféine et la course de maintenir sa forme physique et intellectuelle à peu près correcte. Mais surtout, cela lui permet de ne point creuser davantage les cernes qui ont lieu domicile sous ses yeux gris depuis quelques années. Bien que les traits de son visage soient tombants à force d'arborer une expression de tristesse perpétuelle, on peut aisément apprécier que cet homme froid et réservé soit d'une beauté sans pareil.
Ce matin, la mer est basse mais remonte peu à peu, ce qui lui laisse le temps de faire un rapide aller-retour d'un ou deux kilomètres le long des falaises. Le soleil, encore à moitié dévoré par l'horizon, reflète magnifiquement ses rayons sur les vagues calmes et paisibles de la Manche et sont semblables à un millier de petits miroirs. Les falaises de craie se teintent d'une couleur ambrée magique. Il court, tout en contemplant la nature s'éveiller, une brise fraiche dans les cheveux, l'esprit concentré par la beauté de ce paysage unique. Enfin arrivé au bout de sa course, il se stoppe un instant devant les rochers où il a trouvé la bouteille la veille, puis il réfléchi un instant.

"Finalement, cette bouteille à la mer ne serait peut être pas une mauvaise idée en y réfléchissant bien. Cela ne me coûte rien d'envoyer un message. Cette nuit, je me disais que j'attendais un signe. Je suis arrivé à un point de non retour psychologique, et je suis prêt à croire n'importe quoi pour rythmer un peu ma vie. C'est peut être ça le signe..."

Sans plus attendre, il regagne sa maison à grandes foulées, laissant derrière lui des centaines de traces de pas dans le sable que la mer lavera dès son retour.
En prenant soin d'enfiler une paire de gants, il foure sa main dans sa poubelle afin d'en ressortir la bouteille qu'il avait jetée la veille. Apres avoir déplié le message, il compose le message puis le numéro. Une réponse ne tarde pas à lui parvenir.

A : 7h48
A : inconnu(e)
Salut à Toi, inconnu(e). J'ai trouvé la bouteille que tu as jeté à la mer.

A : 7h50
De : inconnu(e)
Bonsoir cher(e) inconnu(e) ! Tu l'as trouvée si vite ! Je l'ai jetée il y a quelques jours.

A : 7h52
A : inconnu(e)
C'est assez amusant de balancer une bouteille à la mer et laisser le hasard faire les choses. Je faisais mon footing sur la plage lorsque je l'ai trouvée coincée dans les rochers.

De : inconu(e)
A : 7h54

Oui c'est amusant 😊 Je n'aurai jamais pensé avoir de réponse, c'était inespéré.

A : inconnu(e)
A : 7h55
Pour tout t'avouer, j'avais mis cette bouteille à la poubelle. Mais j'ai eu un remors de conscience et j'ai décidé de te laisser une chance. Pourquoi tu as eu l'idée de jetter cette bouteille?

De : inconnu(e)
A : 7h56
J'ai fait cela car je m'ennuyais...et je m'ennuie toujours d'ailleurs.

A : inconnu(e)
A : 7h55
Pourquoi tu t'ennuies ?

De : inconu(e)
A : 7h56
Je m'ennuie car ma vie n'est pas intéressante.

A : inconnu(e)
A : 7h57

Et moi je trouve que ma vie est d'une tristesse monstrueuse... Alors d'un côté, je pense pouvoir te comprendre sur un certain point.

De : inconnu(e)
A : 7h59
Dis moi inconnu(e), penses tu que le hasard fait bien les choses ? Si tu es tombé sur cette bouteille, il y a peut être une raison non ?

A : inconnu(e)
A : 8h00
C'est une question difficile... dans mon passé, le hasard m'a souvent fait défaut, alors je ne sais pas en quoi croire. Mais je suis arrivé a un tel point de tristesse, que je serai capable d'y croire.

De : inconnu(e)

A : 8h01
Moi j'y crois. La vie nous confronte à des obstacles et à des expériences et souvent ce n'est jamais fait par hasard. Si tu ne sais pas en quoi croire, crois en moi 😊

A : inconnu(e)
A : 8h05
Croire en toi ? Je ne te connais pas et j'ai pas envie de te connaitre. Je suis peut etre déprimé, je n'ai besoin de personne, et encore moi de toi !

De : inconnu(e)
A : 21h07
Dommage... je n'insiste pas dans ce cas. Je ne comprends pas pourquoi tu te fâches... A bientôt. Je l'espère... cher(e) inconnu(e).