Une Bouteille À La Mer /Riren/ *terminée*

Chapitre 9 :

L'orage gronde au loin dans la nuit noire. Livaï observe les nuages s'épaissir encore plus du coin de l'oeil. Sa gorge se noue. Il se souvient avec amertume que sa vie a failli s'éteindre cette fameuse nuit, où le tonnerre faisait rage. Le ciel se fend d'éclairs lumineux, donc les filaments électriques ressemblent à des arbres en fusion. C'est avec beaucoup d'appréhension qu'il se love dans ses draps, au beau milieu de cette triste chambre.
Son téléphone vibre, c'est un appel.

- Allô ?
- Livaï?

Son coeur rate une systole à la seconde où il reconnaît la voix de son interlocuteur. "C'est lui".

- Eren ? Dit-il tendrement.
- Désolé de t'appeler en masqué. J'avais peur que tu ne répondes pas en voyant mon nom s'afficher. Je ne te réveille pas ?
- Tu es ridicule gamin. Je suis content que tu m'appelles. Je ne dors pas encore.
- Je suis soulagé. Je sais que tu avais eu une hallucination à cause de l'orage l'autre jour... Alors je t'appelle pour savoir si tout va bien.
- C'est gentil. En fait, je m'apprêtais à tenter de dormir, mais je suis tellement angoissé à l'idée d'halluciner un nouvelle foi que je ne suis pas sûr de pouvoir fermer l'oeil avant que l'orage ne soit terminé.
- Tu as pris ton traitement ?
- Oui, j'espère que cela sera utile.
- Bien.
- Eren ?
- Mmm ?
- Tu es parti tellement vite tout à l'heure que tu ne m'a pas dit l'heure du rendez-vous de demain...
- Ah... 15h00 ça te va ?
- Oui. De toute façon je ne fais rien de mes journées alors je suis libre n'importe quand.
- Essaies de participer à quelques activités en attendant, il faut éviter de t'ennuyer.
- Pour faire quoi? De la poterie et de la peinture avec les doigts ? Non merci... Je préfère rester dans ma chambre à regarder par la fenêtre...
- Fais un effort. Ni toi ni moi ne savons pour combien de temps tu devras rester ici.
- Tu peux me faire sortir assez vite toi, t'as juste un papier à signer !
- C'est vrai. Mais il en est hors de question ! Tu sortiras lorsque je jugerais que tu es apte à vivre sans mettre ta vie en danger. Fais-moi confiance.
- Pff... Oui je te fais confiance... Je n'ai pas le choix de toute façon. Je te laisse, je vais essayer de dormir.
- Prends soin de toi. A demain.
- A demain. Et...Merci.
- Merci ?
- D'être là pour moi. dit-il soulagé.

Il fait jour depuis quelques heures. Des pas se pressent avec hâte dans le couloir du service en cette matinée ensoleillée. Eren réajuste le col de sa blouse blanche tout en buvant son café bien trop chaud pour ses lèvres délicates. Il s'arrête devant une porte, puis toque timidement avant de l'entre-ouvrir sans en entendre de permission.
Dans la pièce, se trouve Livaï. Il est assis sur son lit en faisant volte face à la porte, le dos rond comme un vieux chat et le regard perdu dans le fin fond de l'horizon.
Le jeune Docteur s'avance doucement vers lui, puis pose sa main sur l'épaule de son patient qui sursaute à ce contact.

- Ne panique pas. C'est moi, Eren. Je peux m'assoir à côté de toi ?

Sans dire un mot, il aquiece d'un petit signe de tête tout en se décalant pour lui laisser une place à ses côtés. Son regard vide est orné de profondes cernes mauves. Ses joues rosées ne sont plus que des muscles lâches dotés de sillons arides tranchés par des flux de larmes qui ont certainement coulé à flots. Il reste inerte, tenant une tartine de pain dont un bon morceau flotte dans son bol de café devenu froid à force d'y avoir trempé trop longtemps. Cette scène, aussi triste qu'un enterrement sans fleurs, lacère le coeur du jeune Jaëger. Il passe une main réconfortante dans son dos.