Chapitre 6 : L'homme en blouse blanche

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Dès la fin de journée, Livaï est transféré dans un autre service. Le cadre est différent de ce qu'il a connu précédemment. Il fait bon vivre, et le climat qui y règne est rassurant. Les murs ne sont plus d'un blanc déprimant, mais sont teintés d'une couleur bleue pastel apaisante. Ici, l'odeur spécifique aux hôpitaux s'est dissipée pour laisser place à de douces effluves d'huiles essentielles. L'ex-soldat observe le paysage par la fenêtre de sa chambre, confortablement lové dans les draps frais de son lit. Au loin, la mer est calme, belle, mais elle ne ressemble en rien à celle qu'il aime tant, tout près de chez lui. Quelques coureurs font leur footing près de la digue, esquivant les quelques touristes qui patientent au camion de glaces. Il envie les sportifs qui ont la chance de pouvoir déployer leurs jambes pour quelques foulées bénéfiques. Une éternité lui semble s'être écoulée sans qu'il n'ait pût respirer l'air marin, cet oxygène si particulière qui couple parfaitement l'atmosphère salin et purifiant. Une jolie jeune femme toque à la porte, ce qui le fait sortir de ses songes. Elle entre discrètement, en lui parlant d'une voix douce et rassurante.

- Bonjour monsieur, je suis Petra, l'infirmière qui prendra soin de vous le temps de votre hospitalisation. Est-ce que la chambre vous convient ?
- Oui merci. Je vais payer un supplément pour la vue sur la mer?

L'infirmière étouffe son délicat rire de ses mains.

- Non non absolument pas ! Le joli cadre fait parti de votre thérapie. C'est plus agréable que l'autre service n'est ce pas? Ici, vous êtes dans un service de repos et d'aide psychologique. Le nom peut faire peur, mais je vous assure que vous vous y sentirez bien.

Petra approche son chariot de soins débordant de compresses et de produits en tout genre près de son patient.

- Pouvez-vous relever votre manche ? Je vais prendre votre tension.

Elle lui enfile le brassard, puis pompe progressivement la manette et la dégonfle.

- 13.7 ! Une tension de jeune homme ! C'est parfait. On va changer le bandage maintenant.

Alors qu'elle se munie de tout le nécessaire pour le soigner, Livaï cache son bras sous le drap.

- Monsieur Ackerman ?
- J'ai pas envie qu'on me touche. Et vous allez me faire mal en changeant le pansement, dit-il d'un ton menaçant.
- Si je ne le change pas, cela ne pourra pas cicatriser, cela va supurrer et il faudra une nouvelle foi intervenir chirurgicalement.

Il soupire bruyamment tout en sortant son bras des draps, peu enchanté à l'idée que sa blessure pourrisse. L'infirmière se montre délicate en déroulant la bande. Au moment où elle enlève les compresses qui cachent la méchante plaie, elle s'arrête.

- Il serait préférable que vous ne regardiez pas monsieur. Ce n'est jamais beau à voir. Vous avez remarqué que les côtes anglaises sont apparentes aujourd'hui ?

Il regarde par la fenêtre, ébloui par la beauté que lui offre le paysage. En effet, les côtes sont magnifiques. Bien qu'il grimace de douleurs durant le laps de temps de ses soins, il ne peut détacher son regard de la mer qu'il aime tant.

- Voilà c'est terminé. La cicatrice est fraîche mais les chirurgiens ont fait un beau travail. Évitez de bouger votre poignet trop brusquement.
Voilà la suite du programme : vous avez rendez-vous avec le psychiatre dans 5 minutes. Vous allez échanger ensemble sur les motifs de votre prise en charge dans notre service et il va vous créer un programme adapté. Installez-vous dans le fauteuil, je vous conduit jusqu'à son cabinet au bout du couloir.

Il s'installe dans le fauteuil roulant et se laisse pousser le long couloir. L'air frais qui glisse dans ses cheveux ébène lui fait du bien. Sur place, le cabinet du psychiatre est plutôt petit mais il est très reposant. De nombreuses plantes garnissent l'ensemble, donnant un petit côté zen très agréable à l'endroit.

Une Bouteille À La Mer /Riren/ *terminée*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant